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« Un vent semblable au nez de l’éléphant »

À peine un an après que le cyclone Nargis a anéanti le village de Khit San, dans le delta de l’Ayeyarwady, au Myanmar, une tornade a de nouveau frappé le village le mois dernier, causant encore plus de dommages et réveillant les vieilles peurs.

« C’était effrayant, nous étions vraiment apeurés – Déjà avant, les enfants n’arrivaient pas à dormir dès qu’il y avait un peu de vent », a dit Daw Thin Wain, l’épouse du fondateur du village, U Hla Han, 70 ans.

La tornade a détruit l’unique école du village, qui avait été construite à côté des ruines d’un monastère – un puissant rappel des ravages qu’avait faits le cyclone Nargis en mai 2008.

Avec ses 140 000 victimes, Nargis est l’un des cyclones les plus mortels de tous les temps. U Hla Han a perdu 18 membres de sa famille, notamment sa femme et certains de ses enfants et de ses petits-enfants. Il a épousé Daw Thin Wai un an plus tard. « Je devais passer à autre chose, je devais être fort pour continuer à diriger mon peuple », a-t-il dit.

Lorsque la tornade a frappé le village, le 10 août dernier, le vieux chef s’est dit que la population serait encore mise à l’épreuve.

Pour décrire le tourbillon destructeur, les Birmans utilisent le terme de « Ley Sin Hna Moung », qui signifie « vent semblable au nez de l’éléphant ». En juillet 2009, sept de ces tourbillons ont frappé un groupe de villages dans la même zone du delta ; le plus gros d’entre eux a détruit 30 foyers à Kyein Chaung Gyi. Les maisons sont presque toutes faites du feuillage persistant des palmiers de Dani et ne peuvent résister aux tempêtes et aux vents puissants.

« Après le cyclone Nargis, nous avons commencé à subir plus fréquemment des tornades », a indiqué un habitant de Kyein Chaung Gyi. Certains des habitants les plus éduqués ont fait le lien entre le réchauffement de la planète et l’augmentation de l’incidence des tornades, mais Robert Stefanski, un scientifique de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), a indiqué qu’il n’était pas au courant de l’existence d’études prouvant un tel lien.

Les tornades sont des colonnes rotatives de petit diamètre faites de vents violents et qui surviennent lors d’un orage intense. « Elles se produisent également pendant et immédiatement après [dans les heures qui suivent] le passage d’un cyclone tropical. Il est possible que, depuis le passage du cyclone Nargis, les habitants soient plus conscients des perturbations météorologiques », a indiqué M. Stefanski.

D’après un expert local des catastrophes [naturelles], « les tornades sont un phénomène relativement nouveau pour le Myanmar. Elles sont extrêmement localisées, c’est pourquoi nous n’avons pas encore beaucoup d’informations, mais il est vrai qu’elles ont été plus fréquentes qu’à l’habitude depuis quelques temps. »

Most houses built from the fronds of the Dani palm cannot withstand storms and strong winds
Photo: IRIN Photo
La plupart des maisons sont faites des feuilles des palmiers de Dani et ne peuvent résister aux tempêtes et aux vents puissants
Plus de tornades...et plus de cyclones

D’après le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), un organisme international, le réchauffement climatique risque d’entraîner un plus grand nombre de cyclones tropicaux intenses dans la région. Avant 2000, ceux-ci se produisaient environ une fois tous les trois ans sur la côte du Myanmar. 

Depuis, selon le profil de risque [Hazard Profile] du Myanmar, un rapport préparé conjointement par le département de météorologie et d’hydrologie du gouvernement [birman], le Centre asiatique de préparation aux catastrophes (ACDP), situé en Thaïlande, et d’autres organismes, on enregistre un cyclone tous les ans.

Selon le rapport, le trajet des cyclones dans la région a évolué, et ils changent souvent de direction en quelques heures seulement, rendant ainsi plus difficile de prédire précisément où ils frapperont.

Les conséquences du réchauffement climatique au Myanmar n’ont été que peu étudiées. Selon plusieurs modèles climatiques, [les sources d’eau que représentent] les glaciers de l’Himalaya et la mousson asiatique, qui alimentent les cours d’eau de la région, se tariront peu à peu. Selon le GIEC, le delta de l’Ayeyarwady, la principale zone de riziculture, risque d’en être affecté à long terme.

Depuis 1950, la durée de la mousson est passée de 145-150 jours à 115-120 jours. Shrinking Monsoon, un rapport de la Commission nationale pour les affaires environnementales du Myanmar, appelle à des changements dans la répartition des cultures et à l’utilisation de variétés de semences à rendement élevé.

Selon des fermiers de la région, la salinité croissante des sols affecte la production de riz et les sources d’eau potable. Le cyclone Nargis a provoqué une énorme onde de tempête, faisant déferler de l’eau salée de la mer d’Andaman loin à l’intérieur des terres, mais les fermiers disent avoir remarqué une augmentation progressive de la salinité [des sols] au fil des ans. War War Khaing, un fermier du village de Thai Kone, a indiqué que sa production avait diminué de 70 pour cent.

jk/he/oa/gd

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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