Le programme était produit par l’organisation non gouvernementale (ONG) ActionAid, en collaboration avec le Réseau africain des personnes vivant avec le VIH/SIDA. Selon Carlos Rui Ribeiro, le coordinateur d’ActionAid en Guinée-Bissau, les femmes avaient été prévenues de l’impact que leur témoignage pourrait avoir sur leur propre vie.
« C’est une première dans ce pays et bien entendu, c’est ce qui explique les conséquences de cet événement. Même si elles étaient préparées psychologiquement, elles n’étaient pas prêtes à affronter leur environnement social. Plus précisément, lorsqu’elles sont rentrées chez elles, les maris n’étaient pas préparés à ce genre de déclaration publique et auraient pu réagir de manière totalement imprévisible », a-t-il indiqué.
Selon les trois femmes - qui préfèrent taire leur nom - les conséquences de l’intervention télévisée au cours de laquelle elles révélaient leur statut sérologique, étaient totalement inattendues, et elles doivent encore aujourd’hui apprendre les gérer. Les exemples de discrimination de la part de leurs voisins, amis et même de certains membres de leur famille sont devenus leur lot quotidien.
« Mon aîné qui joue au foot se bat maintenant presque tous les jours sur le terrain de football ; ses camarades de jeu lui font des réflexions à propos de moi et ils lui disent qu’il a le sida, ce qui n’est pas vrai : mes enfant sont en bonne santé », a dit l’une d’entre elles.
Une de ces femmes a été abandonnée par son mari alors qu’une autre a dû quitter le domicile conjugal ; elle vit maintenant avec ses trois enfants dans une petite chambre dont les murs menacent de s’écrouler à tout moment.
Pour l’instant, les trois femmes travaillent pour ActionAid dans le cadre du projet ‘No Casa’ (Pas de maison), en tant qu’éducatrice sur le VIH/SIDA auprès de leur communauté. Elles auront la garantie de toucher un salaire durant les deux mois que durera le projet.
Pénurie de médicaments |
« Il faut que quelqu’un se lance et se montre », a-t-il dit.
Des regards suspicieux
Tout ceci n’a pas été facile. Même les membres actifs de l’Association Nova Vida (Vie Nouvelle), une organisation qui soutient les personnes vivant avec le VIH dans le district d’Andalai à Bissau, préfèrent ne pas parler ouvertement de leur maladie.
Nova Vida est l’une des huit associations de ce genre dans le pays.
Depuis sa création, elle a enregistrée 1 293 personnes infectées par le VIH et revendique 403 membres ; cependant, ceux qui rentrent dans le bâtiment rudimentaire qui leur sert de siège ne sont pas à l’abri des regards suspicieux des voisins.
Ali Hizazi, une psychologue auprès du projet Céu e Terra (Ciel et Terre), une ONG qui travaille avec des femmes enceintes séropositives, a estimé que préparer une personne à révéler publiquement son statut sérologique était un long processus.
Il faut s'assurer que cette personne connaisse suffisamment la maladie ainsi que les différentes manières dont elle se transmet ; elle doit avoir fait un travail sur elle-même pour accepter sa maladie et elle doit aussi impliquer et informer sa famille.
Bissif’nde Blata, une gardienne d’immeuble séropositive à Nova Vida, a constaté que le fait d’admettre son statut sérologique rendait ceux qui voulaient rester anonymes mal à l’aise.
« En Guinée-Bissau, il y a des gens qui passent le test et savent qu’ils sont infectés ; mais ils ne disent rien et préfèrent montrer du doigt ceux qui ont le courage de s’exposer », a-t-elle dit. « Les gens disaient que j’étais une sorcière parce j’avais été malade pendant un long moment et qu’ils ne savaient pas ce que j’avais. Maintenant, je ne les vois plus ».
Avec une population de 1,4 million d’habitants, la Guinée-Bissau a un taux de séroprévalence de 3,8 pour cent, selon le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA.
Selon le Programme national de lutte contre le VIH/SIDA, en juin 2007, 554 personnes étaient sous traitement antirétroviral.
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