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Lutter contre l’insécurité alimentaire en Afghanistan

A baker sorts out freshly baked traditional Afghan naan bread in Arghandab Valley, southern Afghanistan Jason Gutierrez/IRIN
A baker sorts out freshly baked traditional Afghan naan bread in Arghandab Valley, southern Afghanistan
Un réseau de réserves de céréales d’urgence a été mis en place dans tout l’Afghanistan afin d’améliorer la sécurité alimentaire et de renforcer la résilience dans un pays qui peine à produire suffisamment de nourriture pour répondre aux besoins de ses 31 millions d’habitants.

« Les réserves de céréales sont absolument essentielles pour un pays comme l’Afghanistan », a dit à IRIN Gerard Rebello, responsable de la logistique et de l’approvisionnement au Programme alimentaire mondiale (PAM). « L’Afghanistan est un pays enclavé, un mécanisme doit donc être en place pour le cas où l’approvisionnement ne pourrait pas se faire. La production annuelle du pays n’est pas à la hauteur de la consommation annuelle et c’est un pays confronté à des catastrophes naturelles récurrentes. »

La première réserve stratégique de céréales du réseau, un entrepôt d’une capacité de 22 000 tonnes métriques, a ouvert fin 2013 à Kaboul, la capitale, et a coûté 7,7 millions de dollars. 

Dans le cadre de ce projet commun, le PAM et le gouvernement afghan prévoient de construire des entrepôts dans plusieurs localités pour stocker à terme 200 000 tonnes métriques de nourriture au total – suffisamment pour nourrir deux millions de personnes pendant six mois en cas d’urgence. Des réserves stratégiques de céréales devraient être installées dans d’autres villes, dont Mazar-e-Sharif, Herat, Pul-i-Khumri et Kandahar.

« Le volume prévu de 200 000 tonnes n’est pas énorme, a dit M. Rebello, mais c’est suffisant pour gagner du temps. C’est suffisant pour répondre à des catastrophes de faible ampleur en attendant une aide à long terme. »

Mujeed Qarar, porte-parole du ministère de l’Agriculture, de l’Irrigation et de l’Élevage, a signalé que ces dernières années, les organisations humanitaires ont commencé à s’intéresser davantage à des projets d’infrastructure à long terme. Les troupes internationales se retirent peu à peu et les humanitaires craignent que les financements de bailleurs de fonds diminuent à mesure que l’attention se tourne ailleurs.

En 2009-2010, la reconstruction d’un autre réseau de silos pouvant stocker des céréales pendant deux ans avait été entamée.

Production de blé

La production de blé de 2013 a été la plus élevée du pays en 30 ans. Selon le ministère de l’Agriculture, de l’Irrigation et de l’Élevage, environ 6,5 millions de tonnes de blé ont été récoltées.

Cette hausse de la production de céréales est bienvenue, mais la sécurité alimentaire n’est pas la même partout. La piètre qualité des réseaux de transport et de distribution ne cesse de poser problème, surtout pendant l’hiver qui isole complètement certaines régions comme le Badakhchan. D’autant plus que les sécheresses et autres catastrophes naturelles sont récurrentes en Afghanistan.

Le déficit céréalier afghan est principalement comblé par des importations commerciales du Pakistan et du Kazakhstan voisins. Mais les hausses de prix des denrées alimentaires en 2008 ont démontré qu’on ne peut pas toujours se reposer sur les marchés internationaux pour obtenir librement de la nourriture à des prix abordables. Cette année-là, le prix du blé en Afghanistan a doublé. Les réserves devraient apporter une plus grande stabilité aux marchés de céréales locaux. 

Vulnérabilité

Les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDIP) et les anciens réfugiés afghans de retour dans leur pays, qui seraient environ 536 000 au total, sont exposés de manière disproportionnée à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition. Selon le rapport de mi-2013 du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le nombre d’Afghans déplacés par le conflit a augmenté de 7,4 pour cent entre 2011 et 2012. 

À l’hôpital Indira Gandhi de Kaboul, une femme déplacée de 19 ans originaire de la province de Logar, dans l’est de l’Afghanistan, était venue consulter pour son enfant. « Nous ne pouvons pas donner assez de nourriture à ma fille, car mon mari et les autres membres de ma famille sont sans emploi et notre récolte n’a pas été bonne cette année à cause du froid », a-t-elle dit. « Nous ne nous en sortons pas bien économiquement, c’est la raison pour laquelle elle souffre de malnutrition. »

Un rapport du Réseau de systèmes d’alerte précoce contre la famine (FEWS NET) de novembre 2013 soulève des inquiétudes concernant l’insécurité alimentaire croissante parmi les PDIP, notamment ceux qui se trouvent dans la province de Herat, dans l’ouest du pays, à la frontière avec l’Iran. 

De nombreuses familles éprouvent des difficultés en hiver, lorsque les possibilités d’emploi sont limitées et que les prix des produits de première nécessité comme le combustible, le bois et l’huile sont les plus élevés.

Selon le chef du service de malnutrition de l’hôpital Indira Gandhi, M. Saifullah Abasin, près de 70 pour cent des enfants de l’hôpital ont un poids insuffisant et environ 85 pour cent souffrent de malnutrition.

En 2012, selon un rapport de la Banque mondiale, 29 pour cent des Afghans en moyenne ne parvenaient pas à atteindre les 2 100 calories quotidiennes nécessaires pour un adulte. 

Les enfants sont particulièrement vulnérables. Selon un communiqué du PAM publié en octobre 2013, 60 pour cent des enfants afghans souffrent de malnutrition. « Si les questions de sécurité liées à l’insurrection et à l’agression étrangère monopolisent la plupart des discours en Afghanistan, une forme d’insécurité qui attire moins l’attention, à savoir le déficit alimentaire et nutritionnel, menace elle aussi la prospérité du pays », est-il indiqué dans le communiqué. 

Difficultés

Un réseau de réserves stratégiques de céréales en fonctionnement permettra de fournir des ressources aux populations vulnérables, mais la hausse de l’insécurité pose un problème majeur aux humanitaires qui cherchent à apporter une aide alimentaire aux populations.

« La sécurité a des conséquences pour nous du point de vue organisationnel, en ce qui concerne l’accès aux fournitures et les activités de suivi, par exemple », a dit Keiko Izushi, responsable des relations avec les bailleurs de fonds, des rapports et de la communication du PAM. « À l’heure actuelle, nous n’observons aucune complication, mais si la situation empire, cela pourra devenir plus difficile. »

L’insécurité sur les routes inquiète de plus en plus la communauté humanitaire. C’est en effet le principal mode de transport des approvisionnements alimentaires. Au cours des 11 premiers mois de 2013, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) a enregistré 266 incidents dirigés contre du personnel, des installations ou des biens humanitaires.

Corruption

« L’un des problèmes majeurs est que les autorités provinciales distribuent les denrées à leurs proches en priorité. Les plus riches et les plus puissants obtiennent donc de la nourriture en premiers et, souvent, ceux qui en ont besoin, comme les paysans, ne reçoivent rien », a dit un haut fonctionnaire afghan de Kunduz.

Des céréales acheminées en urgence ont parfois disparu avant d’atteindre les paysans affamés du nord de la province. Dans d’autres cas, de hauts fonctionnaires ont été arrêtés alors qu’ils redirigeaient l’aide alimentaire vers les marchés locaux. Ailleurs, des fonctionnaires se sont simplement servis dans les réserves de céréales.

« Nous sommes au courant, a dit Mme Izushi, du PAM. C’est pourquoi nous impliquons le gouvernement. Cela fait partie du développement des capacités et de la formation. Mais le gouvernement doit prendre ses responsabilités. »

bm/jj/he-ld/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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