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Éviter le réchauffement des océans

Ngara is a fishing village on Lake Malawi, about 30km south of the town of Karonga Guy Oliver/IRIN
Ngara is a fishing village on Lake Malawi, about 30km south of the town of Karonga.
Selon un nouveau rapport présenté hier à l’intention des décideurs lors de la conférence des Nations Unies sur le changement climatique de Varsovie, les océans de la planète sont obligés d’absorber de plus en plus d’émissions de dioxyde de carbone (CO2), responsable du réchauffement climatique. Cela augmente leur acidification à une vitesse jamais atteinte en 300 millions d’années.

Les océans émettent la moitié de l’oxygène que nous respirons et absorbent au moins 33 pour cent du CO2 produit par les êtres humains. Leur acidification limite non seulement leur capacité à absorber le CO2, mais pourrait également affecter la sécurité alimentaire. D’ici quelques dizaines d’années, une grande partie des océans polaires deviendra corrosive, mettant particulièrement en péril les organismes marins non protégés par des coquilles, tels que les calamars.

Le rapport est une synthèse des connaissances scientifiques actuelles concernant l’acidification des océans. Il se base sur les dernières études présentées lors du Troisième symposium international sur l’océan dans un monde surchargé en CO2, organisé à Monterrey, en Californie, en septembre 2012. Les scientifiques du monde entier participant à ces recherches ont exhorté les pays présents à Varsovie à agir de manière à limiter la hausse de la température mondiale à moins de deux degrés Celsius d’ici la fin de ce siècle.

Stefan Rahmstorf, directeur de l’unité de recherche « Analyse du système Terre » de l’université de Potsdam, en Allemagne, a écrit dans un récent article Web que « la hausse de la quantité de chaleur dans les océans s’élève à 17 x 1022 joules en 30 ans. Cette quantité d’énergie équivaut à l’explosion d’une bombe similaire à celle d’Hiroshima dans l’océan toutes les secondes pendant 30 ans ».

Les océans deviennent également plus acides. L’acidité ou l’alcalinité des solutions aqueuses se mesure en pH, une échelle dont la valeur la plus basse correspond à l’acidité la plus élevée. Lorsque le CO2 se dissout dans l’eau de mer, le pH de cette dernière diminue. C’est ce qu’on appelle l’acidification.

Ce processus peut réduire la présence de calcium, un minéral alcalin nécessaire au plancton et aux coquillages, mettant en péril leur survie. La chaîne alimentaire marine dépend en large partie de ces organismes et c’est donc l’écosystème dans son ensemble qui serait affecté.

Selon Wendy Broadgate, directrice adjointe du département de sciences naturelles du Programme international géosphère-biosphère, l’un des commanditaires du rapport, 540 millions de personnes vivent de la pêche, soit huit pour cent de la population mondiale. « On sait pourtant peu de choses sur les effets directs de l’acidification des océans sur les poissons concernés par la pêche commerciale et de subsistance, ce qui laisse de grandes incertitudes dans la prévision des changements futurs dans l’industrie de la pêche. » Les scientifiques poursuivent donc leurs recherches en la matière, a-t-elle ajouté.

Ces derniers en savent cependant plus sur l’impact de ces changements sur les mollusques tels que les calamars, les huîtres et les seiches, qui « semblent être l’un des groupes les plus sensibles parmi les organismes étudiés en situation d’acidification des océans », a dit Mme Broadgate. Les scientifiques estiment qu’à l’horizon 2100, la baisse de la production de mollusques pourrait entraîner des pertes économiques mondiales de plus de 130 milliards de dollars par an (aux prix de 2010), si les émissions anthropiques ne changent pas d’ici là.

« Les larves d’huître des écloseries du nord-est de l’océan pacifique sont très sensibles à l’acidification de l’océan et sont déjà affectées par le faible pH des eaux, et elles cessent d’aspirer de l’eau de mer quand [son] pH baisse. »

« Il reste un espoir si les pays tentent de diminuer leurs émissions de manière à ce que la hausse des températures mondiales ne dépasse pas les deux degrés Celsius d’ici la fin du siècle. »
La préoccupation principale est de savoir si les océans ont atteint une limite au-delà de laquelle ils ne pourront pas absorber plus de chaleur. Selon Richard Feely, scientifique chevronné de l’Administration océanique et atmosphérique nationale des États-Unis (NOAA), les modélisations climatiques par ordinateur « indiquent une tendance à la baisse de la part d’émissions de CO2 anthropiques absorbées par les océans au cours de ce siècle, mais les observations n’ont pas encore permis de confirmer cette tendance en raison d’incertitudes concernant les mesures et de l’incapacité de ces dernières à couvrir la totalité des océans. La question doit donc faire l’objet de plus amples recherches ».

Il reste un espoir si les pays tentent de diminuer leurs émissions de manière à ce que la hausse des températures mondiales ne dépasse pas les deux degrés Celsius d’ici la fin du siècle.

« Une réduction substantielle des émissions pourrait garantir que 50 pour cent des eaux de surface restent favorables à la croissance des récifs coralliens et les conditions corrosives de la majeure partie de l’océan austral pourraient être évitées. »

Les pêcheurs et les éleveurs de mollusques et de crustacés pourraient dans certaines régions s’en sortir en adaptant leurs pratiques afin d’éviter les impacts de l’acidification des océans, a-t-elle ajouté. « Par exemple, le contrôle de l’eau de mer autour des écloseries de mollusques et crustacés peut permettre d’identifier quand il faut limiter l’entrée d’eau de mer avec un faible pH, les écloseries peuvent être délocalisées ou les éleveurs peuvent sélectionner les stades larvaires ou les souches qui résistent le mieux à l’acidification des océans. »

À l’échelle locale, le rapport suggère peu de mesures d’atténuation autres que le développement de pratiques halieutiques durables comme la réglementation des prises pour réduire la surpêche. Les auteurs exhortent les gouvernements à protéger leurs côtes et les habitats marins en maintenant des zones protégées qui favorisent leur résilience. Les scientifiques appellent également au contrôle et à la réglementation des « sources localisées d’acidification » telles que le ruissellement des engrais, ainsi qu’à la réduction des émissions de dioxyde de soufre et d’oxyde d’azote par les usines à charbon et les navires.

jk/he-ld


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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