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Inquiétudes à l’approche de la saison sèche dans l’État de Rakhine

A young Rohingya girl at the Thea Chaung IDP camp outside Sittwe, western Rakhine State. Access to potable water for the camps 10,000 residents remains a challenge more than a year after sectarian violence left more than 140,000 people displaced David Swanson/IRIN
A young Rohingya girl at the Thea Chaung IDP camp outside Sittwe, western Rakhine State. (Sep 2013)
Après le début de la saison sèche, en novembre, les difficultés d’accès à l’eau pourraient s’aggraver pour les dizaines de milliers de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDIP) qui vivent dans l’État de Rakhine, dans l’ouest du Myanmar. Selon les organisations d’aide humanitaire, les pénuries d’eau pourraient avoir de graves conséquences sanitaires.

« [Les sources d’eau] se tariront progressivement et la population déplacée qui dépend de l’eau des bassins sera [affectée]. À d’autres endroits, les puits creusés à la main et les puits de forage s’assécheront aussi », a dit à IRIN Olivier Le Guillon, coordonnateur du groupe de responsabilité sectoriel WASH (eau, assainissement, hygiène) auprès du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) à Yangon.

Myint Oo, coordonnateur de programmes principal de Relief International, a dit que les pénuries d’eau pourraient entraîner des cas de diarrhée hydrique aiguë et de dysenterie amibienne et bacillaire.

La consommation d’eau contaminée peut causer des infections de la peau et des maladies infectieuses du système alimentaire transmises par la voie fécale-orale, comme l’hépatite A, a-t-il averti.

« Les infections du système alimentaire causées par les pénuries d’eau aiguës pendant la saison sèche sont aussi un problème pour les populations non déplacées de l’État de Rakhine, en particulier pour celles qui vivent dans les régions rurales et isolées », a expliqué Myint Oo.

« De graves flambées de maladies comme le choléra doivent aussi être considérées comme des conséquences potentielles. »

La prévalence des infections de la peau et des maladies diarrhéiques est plus élevée pendant la saison des pluies, mais les pénuries d’eau potable s’aggraveront pendant la saison sèche, a dit Vickie Hawkins, directrice pays adjointe pour l’organisation médicale humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF) au Myanmar. « Dans ce contexte, le recours à l’eau non traitée entraîne un risque accru de maladies hydriques. »

Selon le Plan d’intervention pour l’État de Rakhine, les données WASH récoltées au mois de juin indiquent que 40 pour cent des PDIP qui vivent dans les camps utilisent l’eau des bassins ; 28 pour cent ont recours à de l’eau traitée ; et 7 pour cent ont un accès insuffisant à l’eau.

Qui sera le plus durement touché ?

La plupart des PDIP sont des musulmans de l’ethnie rohingya qui vivent dans la capitale de l’État de Rakhine, Sittwe, ou aux alentours. À l’extérieur de Sittwe, les camps sont situés dans des zones côtières de faible altitude qui sont seulement accessibles par bateau.

Pendant la saison sèche, qui s’étend de novembre à mai, l’accès à l’eau sera particulièrement difficile pour les personnes déplacées qui vivent dans des communautés et des villages isolés ayant un accès limité, voire inexistant aux services essentiels, comme celles des communes de Pauktaw et de Myebon.

« La mise en oeuvre de la réponse WASH dans les camps les plus isolés des communes de Pauktaw et de Myebon est une entreprise ambitieuse. Par ailleurs, plus les PDIP restent longtemps dans les camps, dont plusieurs sont situés sur des sites qui ne faits pour accueillir un grand nombre de personnes, plus le maintien des normes sera difficile », a dit Mme Hawkins.


Relief International travaille actuellement en collaboration avec l’UNICEF pour améliorer l’aménagement des bassins de la commune de Myebon. L’objectif est notamment d’en surélever les bords pour empêcher que l’eau sale s’y déverse. Pendant la saison sèche, ces bassins constituent la seule source d’eau utilisée pour les usages domestiques, car l’eau de pluie accumulée dans les réservoirs de captage est rapidement épuisée.

Selon M. Le Guillon, les travailleurs humanitaires doivent intensifier les efforts de distribution d’eau dans les régions difficilement accessibles. « L’eau peut être acheminée par bateau dans les zones qui ne sont pas accessibles par voie terrestre », a-t-il précisé.

Il a cependant reconnu que le transport par bateau et l’acheminement par camion aux populations des camps qui bénéficient d’un accès routier étaient coûteux et non viables à long terme. « Ces méthodes devraient uniquement être utilisées en dernier ressort pour faire face à des situations d’urgence. »

Intensification des efforts

L’UNICEF prévoit de lancer, en 2014, une étude dirigée par le groupe de responsabilité sectoriel national WASH afin de mieux évaluer le potentiel des installations de captage de sources.

Des discussions sont également en cours au sujet de la réalisation éventuelle d’un levé géophysique, a dit M. Le Guillon.

« Nous devrions tenter de développer une meilleure compréhension de l’environnement hydrogéologique afin d’étudier la possibilité de creuser des puits de forage », a dit M. Le Guillon.

En cartographiant la position des sources d’eau, des « maisons longues » (des bâtiments faits de bambou pouvant accueillir jusqu’à huit familles dans huit pièces), des latrines et des cabines de douche (un réservoir d’eau et un seau dans une sorte de cabine faite d’une bâche de plastique), les travailleurs humanitaires pourront mieux répondre à l’ensemble des préoccupations en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène, a dit Mme Hawkins.

« Toutes les organisations d’aide humanitaire et tous les partenaires du gouvernement qui travaillent dans l’État de Rakhine doivent intensifier leurs efforts et améliorer de manière significative les activités liées à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène », a-t-elle ajouté.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), plus de 176 000 personnes ont besoin d’aide depuis les flambées de violences intercommunautaires survenues en juin et octobre 2012 entre des [bouddhistes de l’ethnie rakhine] et des musulmans rohingyas. Les affrontements ont fait 167 victimes et entraîné la destruction de plus de 10 000 maisons et édifices.

Cent quarante mille PDIP, des musulmans de l’ethnie rohingya, pour la plupart, vivent dans plus de 70 camps et camps de fortune et 36 000 autres personnes vulnérables sont réparties dans 113 communautés d’accueil isolées [des communes] de Minbya, Myebon, Pauktaw, Mrauk-U, Kyauktaw et Sittwe, dans l’État de Rakhine.

L’an dernier, les organisations d’aide humanitaire ont mis du chlore dans l’eau des bassins [pour la purifier]. Dans certains cas toutefois, le niveau de qualité de l’eau était trop faible et les travailleurs humanitaires ont dû acheminer de l’eau potable par camion et même, dans certains cas, distribuer de l’eau embouteillée.

jm/ds/cb –gd/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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