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Résultats inférieurs en matière de santé pour les minorités

A Black H'mong woman and her child smile to the camera in Sapa, northwestern Vietnam. The French called these ethnic minorities Montagnards ('highlanders' or 'mountain people') Contributor/IRIN
Selon un nouveau rapport publié par Minority Rights Group International (MRG), les minorités présentent des résultats en matière de santé inférieurs au reste de la population. Le rapport, intitulé State of the World’s Minorities and Indigenous Peoples 2013 (La situation des minorités et des populations indigènes dans le monde en 2013) et publié à l’occasion d’une réunion de l’Assemblée générale des Nations Unies sur l’agenda pour le développement post-2015, appelle entre autres à l’instauration de mesures plus énergiques pour combattre les disparités en matière de santé entre les minorités et les communautés majoritaires dans le monde.  

« Les OMD [Objectifs du Millénaire pour le développement] ont eu des résultats majoritairement bénéfiques. Mais l’une des principales lacunes a été de ne pas prendre suffisamment en compte le droit et l’équité », a dit Carl Soderbergh, directeur de la politique et des communications de MRG. « Les minorités et les communautés indigènes sont souvent marginalisées dans leur pays, et ce, dans tous les aspects de la vie. »

Ainsi, le rapport relève une mortalité infantile de 7,8 pour cent chez les indigènes de la province chinoise du Yunnan, contre 5,4 pour cent pour les groupes non indigènes de cette même région et 2,6 pour cent à l’échelle nationale.

Dans la province indonésienne de Papouasie, le taux d’infection au VIH chez les groupes minoritaires est 15 fois supérieur à la moyenne nationale. Le gouvernement ne ventile pas ces données par ethnicité, mais en 2008, l’ONUSIDA estimait que le taux d’infection au VIH était de 2,4 pour cent pour la population dans son ensemble, contre 3,4 pour cent dans les montagnes habitées par les indigènes papous.

« Dans le monde, les minorités et les populations indigènes présentent des résultats en matière de santé bien inférieurs à ceux de la majorité de la population », a dit M. Soderbergh. « Au Guatémala, par exemple, les enfants indigènes sont 20 pour cent plus nombreux à souffrir de malnutrition que les enfants des communautés majoritaires. En Europe, les communautés roms [...] ont bien moins accès aux vaccins que les populations majoritaires. »

Selon M. Soderbergh, les domaines de la santé maternelle, infantile et mentale sont particulièrement vulnérables aux disparités.

Discrimination et accès insuffisant

Selon le rapport, ces chiffres sont largement dus au manque d’accès aux soins de santé et à des formes systémiques de discrimination.

« Les minorités et les communautés indigènes ont moins accès à la santé en partie parce qu’elles ne vivent pas en villes, mais dans des zones reculées », a dit Farah Mihlar, co-auteure du chapitre du rapport concernant l’Asie du Sud.

En Éthiopie, où l’OMD relatif à la mortalité infantile a été en grande partie atteint, le taux de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans dans la région de Gambela, habitée principalement par des minorités, reste obstinément élevé. Selon le rapport, celui-ci atteint 15,7 pour cent, un chiffre deux fois supérieur à celui de la capitale, Addis Abeba.

Dans des régions de certains pays comme l’Inde, certains groupes minoritaires n’ont accès à aucun soin de santé. « En Inde, par exemple, la discrimination est parfois manifeste. Une étude a révélé que [dans] 21 pour cent des villages, les personnes de caste inférieure n’avaient aucun accès [aux soins de santé] », a dit Mme Mihlar. « On ne parle pas ici d’un accès moindre, mais d’un accès totalement inexistant aux services de santé. »

Lien entre l’accès à la terre et à la santé

Pour les groupes indigènes minoritaires, la lutte pour la propriété et l’accès aux territoires ancestraux et le droit à la santé sont étroitement liés.

« Le tissu social traditionnel a été déchiré par la colonisation », ont écrit Michael Gracey et Malcolm King dans une importante étude publiée en 2009. « De nombreux groupes indigènes doivent vivre sur des terres stériles ou dans des villes ou leur périphérie, dans des bidonvilles ou des camps sauvages contaminés par des métaux lourds et des déchets industriels qui dégradent l’environnement et posent des risques pour la santé. »

« On peut dire qu’en obtenant la reconnaissance de leurs droits sur leurs terres ancestrales, ils obtiennent également la reconnaissance des principaux éléments sous-jacents déterminant leur droit à la santé », a écrit Carla Clarke dans le rapport de MRG. « Car, lorsqu’il est reconnu que la terre leur appartient, ils peuvent lutter pour que des services de santé y soient mis en place. »

Plusieurs affaires relatives à la santé ont été portées en justice par des indigènes, mais la plupart sont liées à des effets nocifs sur leur santé de l’utilisation de leurs terres ancestrales. Au Nigéria, par exemple, les Ogoni ont accusé la prospection pétrolière sur leur territoire d’avoir des conséquences négatives graves sur l’environnement et la santé.

« Les recours en justice ne sont peut-être pas une panacée, mais la tendance actuelle veut que, sans intervention juridique, il soit difficile d’être témoins de progrès substantiels dans la défense du droit à la santé des communautés indigènes », a dit Mme Clarke, de MRG.

Solutions

Les Nations Unies reconnaissent la nécessité de prendre davantage en compte l’ensemble de la population dans l’agenda pour le développement post-2015. Dans le document final de l’évènement spécial sur le suivi des OMD de l’Assemblée générale des Nations Unies, publié il y a quelques jours, les États membres ont déclaré qu’ils allaient « mettre l’accent sur l’intégration et l’accessibilité pour tous et plus particulièrement pour les plus vulnérables et les plus défavorisés ».

M. Soderbergh est convaincu que des solutions simples existent pour améliorer les services de santé pour les minorités. « Les gouvernements doivent s’assurer que les éventuels frais pris en charge par la population restent minimes afin que les soins de santé soient accessibles à tous. »

Mme Mihlar estime par ailleurs qu’il est essentiel de disposer de données périodiques ventilées selon l’origine ethnique. « L’une des plus grandes difficultés que nous avons rencontrées dans la rédaction de ce rapport et la réalisation de cette étude a été le manque de données sur la question », a-t-elle dit. « Il est donc difficile de brosser un tableau clair et d’aborder les politiques et les pratiques de manière ciblée afin d’améliorer la situation pour les minorités. »

Le rapport signale également la nécessité d’investir dans des infrastructures afin que les personnes qui vivent dans des milieux reculés aient elles aussi accès à la santé. Les coûts que cela implique sont souvent considérés comme trop élevés. Pourtant, selon le rapport sur le programme de développement pour l’après-2015 publié en mai par le Groupe de personnalités de haut niveau des Nations Unies, la mise en place de telles infrastructures n’augmenterait les dépenses « que de 15 à 20 pour cent ».

Des innovations simples, comme les dispensaires mobiles, pourraient aider des États comme ceux d’Asie du Sud, qui n’ont pas les capacités suffisantes pour atteindre les zones les plus reculées, où vivent les membres de communautés minoritaires et marginalisées.

Enfin, un meilleur accès aux informations concernant la santé pourrait également aider les plus défavorisés. En Tanzanie, selon le rapport, les communautés pastorales ne peuvent pas comprendre les campagnes de prévention contre le VIH, qui sont toutes menées en swahili. « Les informations concernant la santé publique doivent être diffusées dans des langues et des médias adaptés aux minorités et aux communautés indigènes », a dit M. Soderbergh.  

aps/ko/rz-ld/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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