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La Mauritanie se relève d’inondations sans précédent

Seyinna Gababe, a village 18km from Kaédi, villagers received no aid in 2012. They lost a lot of their animals and many did not harvest at all. They survived by going into debt. These are the only livestock that remain Anna Jefferys/IRIN
Les semaines de fortes pluies qui se sont abattues sur la Mauritanie depuis mi-août ont laissé Nouakchott, la capitale, et six régions alentour sous les eaux, et engendré des dommages « sans précédent », d’après le Département de protection civile.

Certaines régions ont enregistré des précipitations jusqu’à 35 pour cent supérieures à la moyenne, rapporte l’Office national de météorologie.

Selon la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), plus de 5 600 personnes ont été affectées par les inondations. Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) signale que 2 305 personnes ont été déplacées et déplore au moins 8 morts.

Les communautés les plus gravement touchées par la catastrophe sont celles de la commune de Moudjeria, dans la région du Tagant, au centre-sud de la Mauritanie, où 40 pour cent des familles ont perdu leur foyer, d’après le Croissant-Rouge mauritanien (CRM).

On dénombre environ 525 maisons effondrées ou emportées par les eaux, auxquelles il faut ajouter des marchés, des centres de santé et d’autres bâtiments publics également détruits par les inondations. De nombreuses routes sont impraticables et des quartiers entiers restent inaccessibles dans certaines régions.

Les champs ont été inondés dans certaines zones de la région agricole du sud du pays, ce qui pourrait affecter les récoltes, a alerté le Programme alimentaire mondial (PAM).

Dans le nord, les gardiens de troupeaux travaillant en zone inondée ont perdu des troupeaux entiers, et du même coup leur seul moyen de subsistance. La nutrition des jeunes enfants pourrait s’en voir sérieusement détériorée, le lait de chèvre constituant la base de l’alimentation des petits de moins de 5 ans. Ces groupes ont un besoin urgent d’aide alimentaire, alerte la FICR.

Quelque 800 000 Mauritaniens, soit 20 pour cent de la population, souffrent d’insécurité alimentaire, selon les estimations du PAM.

Réponse

Suite à la première vague de fortes pluies, le Commissariat à la sécurité alimentaire (CSA) – l’organisme gouvernemental chargé de gérer les inondations – a organisé le drainage des eaux de crue et la distribution de nourriture et de tentes aux plus affectés. Fin août, le gouvernement a annoncé qu’il allouerait 3,5 millions de dollars US aux efforts de secours continus.

Les organisations humanitaires ont été bien plus lentes à réagir – en partie, selon elles, parce que le gouvernement n’a pas sollicité d’aide extérieure.

« Il faut comprendre qu’en Mauritanie tout est organisé et géré par l’État », a dit Aliou Boly, directeur des opérations en Mauritanie auprès de la FICR. « L’État est donc impliqué dans la réponse, et les acteurs humanitaires délivrent l’aide en fonction des demandes du CSA ».

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dit ne pas encore être intervenu. « Les autorités n’ont pas encore déclaré l’état d’urgence, ou fait appel aux organisations internationales », a dit Rania Machlab, responsable du CICR en Mauritanie.

Un certain nombre d’organisations humanitaires se sont réunies le 29 août pour mettre en place une équipe d’évaluation. Le 19 septembre, l’OCHA a rencontré le gouverneur de Nouakchott pour lui offrir une aide extérieure, et a tenu une réunion intersectorielle pour coordonner les efforts de secours.

Le 28 septembre, le maire de Sebkha, un faubourg de Nouakchott, a lancé la première demande d’aide officielle à la communauté internationale.

Des évaluations rapides ont permis d’établir que les besoins les plus pressants concernaient des abris d’urgence en zones rurales et semi-rurales. Les denrées non alimentaires (savon, kits de cuisine, moustiquaires, matelas d’appoint, couvertures, pastilles de purification d’eau, bidons et autres articles domestiques et d’hygiène) sont une priorité pour ces familles dont les possessions ont été emportées par les eaux. L’OCHA dit que l’accès à de l’eau potable et des services de santé est également essentiel.

Si certaines organisations - comme la FICR et Médecins sans frontières (MSF) - ont lancé les efforts de secours, beaucoup sont encore en phase d’évaluation et de développement de leur plan d’intervention.

Le CRM, qui a distribué des tentes, des ustensiles et des kits de cuisine à Tagant et Brakna dans le sud-ouest, poursuivra son intervention durant trois mois. Il prévoit notamment de former les victimes de la catastrophe à une bonne hygiène dans des conditions sanitaires et d’accès à l’eau difficiles.

Le PAM a annoncé travailler avec des partenaires à l’évaluation de l’impact des inondations sur les récoltes à venir, et organisera l’aide alimentaire en conséquence.

Drainage de l’eau

À Nouakchott –située en dessous du niveau de la mer et dépourvue d’un système de drainage fonctionnel – World Vision et le Département de protection civile ont commencé à drainer l’eau.

Le Premier ministre a également déployé une force d’intervention spéciale chargée de drainer l’eau dans les régions les plus touchées, selon l’OCHA.

Mais les eaux de crue ne font pas mine de descendre, disent les organisations humanitaires. « Non seulement l’eau ne bouge pas, mais elle devient franchement sale », a dit M. Boly de la FICR. « C’est vrai que l’eau a été pompée à de nombreux endroits, mais pas assez vite pour faire la différence avec l’eau qui continue de tomber. L’eau stagnante pose des problèmes d’accès, mais constitue surtout une grave menace pour la santé ».
MSF, qui dispose d’une équipe sur le terrain venue épauler un centre de santé de la capitale, a œuvré à l’évacuation des eaux usées et stagnantes pour réduire les risques de maladies liées à l’eau. L’organisation prévoit de collaborer avec le ministère de la Santé pour recueillir des données relatives à la prévalence de la malaria et du choléra.

De nombreux centres de santé ne sont toujours pas en mesure de reprendre le travail. Avec l’approche de la rentrée scolaire, les autorités disent qu’il est hautement improbable que les écoles endommagées puissent rouvrir à temps.

L’activité économique, particulièrement à Nouakchott, est également ébranlée, car de nombreux commerces restent fermés et les acheteurs manquent d’argent, disent les commerçants.

L’OCHA rapporte que de nombreux Mauritaniens se plaignent de ce qu’ils ressentent comme un manque de réactivité de la part du gouvernement. De violentes manifestations ont été signalées dans les zones touchées par la catastrophe, notamment à Sebkha, en banlieue de Nouakchott, où des jeunes sont descendus dans la rue le 16 septembre et ont assiégé la maison du sénateur local.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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