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Samer Fanari, « Nous devons utiliser des moyens illégaux »

Samer Fanari defected from the Syrian army in 2012 and fled to Turkey, where he now lives without any official documentation. He hopes to reach Europe but it has been notoriously hard for Syrian refugees to make it. In the meantime, he is working with the Heba Aly/IRIN
Samer Fanari, 27 ans, a fait défection de l’armée syrienne il y a un an et demi ; il a passé la frontière turque avec ses seules plaques militaires. Son objectif était de rejoindre la Suède, où vit sa mère, et de déposer une demande d’asile, mais il n’a pas pu aller plus loin que la Grèce. Il a partagé son expérience avec les journalistes d’IRIN.

« À Istanbul [la plus grande ville de Turquie], il y a un endroit qui s’appelle Aksaray ; on y trouve des milliers de personnes prêtes à faire passer les gens en Europe. J’ai payé quelqu’un 400 euros [540 dollars] pour qu’il m’emmène jusqu’à la frontière grecque, mais maintenant ça coûte 3 000 euros [4 051 dollars], car il y a tellement de personnes qui veulent partir.

« Il y a deux manières d’y arriver : la première à pied et la deuxième en bateau. J’ai choisi la première, parce que c’est moins cher et plus sûr, mais c’est tellement difficile.

« Pour commencer, ils nous ont fait monter à 20 dans une petite voiture pour un trajet de trois heures, ensuite ils nous ont emmenés dans les bois et nous avons marché pendant deux ou trois heures. Après, nous sommes arrivés au bord d’une grande rivière et puis la police turque nous a arrêtés, a relevé nos empreintes et nous a gardés en détention pendant cinq jours. Ensuite, ils nous ont ramenés en Syrie. Après une heure sur place, je suis reparti en Turquie et j’ai recommencé, et cette fois j’ai pu passer la frontière [avec la Grèce].

« C’est tellement difficile en Grèce ; ils ne nous donnent ni papiers ni rien d’autre. Il n’y a pas de travail, pas d’espoir, rien. Je voulais prendre l’avion à Athènes pour aller en Suède.

« Il y a un endroit là-bas [à Athènes] qui s’appelle Omonia, où on peut acheter de faux passeports, de fausses cartes d’identité, tout ce que l’on veut. Ensuite, vous allez à l’aéroport. Mais vous devez le faire plusieurs fois, car ils repèrent toujours les faux passeports. J’ai essayé peut-être dix fois et ils m’ont attrapé dix fois. Chaque fois, ils se sont contentés de me confisquer mon passeport ou ma carte d’identité et m’ont dit, ‘va-t’en’.

« Finalement, je me suis retrouvé sans argent et je suis reparti en Turquie ; je vis encore là-bas. Aujourd’hui, je veux repartir, mais depuis l’aéroport d’Istanbul cette fois. J’ai beaucoup d’amis qui l’ont fait, mais c’est tellement cher – il faut payer quelque chose comme 9 000 euros [12 155 dollars] pour avoir des faux papiers. La plupart des gens n’en ont pas les moyens.

« Il y a des gens qui rejoignent l’Italie depuis l’Égypte en bateau. C’est tellement dangereux – trois jours en mer – certains meurent. Ils payent [les passeurs] 400 ou 500 dollars.

« Certains quittent la Turquie pour aller en Bulgarie. Personne ne veut rester en Bulgarie, mais c’est un trajet qui ne coûte pas cher. De là, ils essayent tous d’aller en Suède ou en Allemagne, car ils peuvent rapidement obtenir des papiers là-bas.

« Il est impossible d’aller dans une ambassade et de déposer une demande de visa si vous êtes syrien. Avant, c’était possible, mais maintenant les ambassades ne nous aident plus du tout. Elles savent que nous devons utiliser des moyens illégaux.

« Je partirai pour la Suède dans un mois environ, quand j’aurai suffisamment d’argent. Là-bas, j’obtiendrai des papiers et après je pourrai aller où je veux ».

ks/he-mg/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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