Les agences d’aide indiquent qu’elles n’ont pas été en mesure de réaliser une évaluation globale des besoins humanitaires, ce qui est indispensable pour fournir une aide d’urgence aux populations de certaines des zones les plus instables du district.
Au cours des deux journées d’affrontements entre des membres des clans Gabra, Burji et Borana, des maisons ont été incendiées et des coups de feu ont été échangés. Dans les zones de Somare et Teti, les entreprises ont été paralysées. Depuis, les violences se sont calmées, mais la tension reste vive dans la zone.
Les responsables de l’éducation indiquent que les 32 écoles primaires et secondaires de Moyale sont restées fermées le 2 septembre, car les enseignants et les élèves étaient toujours déplacés. Craignant la reprise des affrontements, ils avaient décidé de ne pas rentrer chez eux.
Ces violences s’inscriraient dans le cadre d’une série de représailles ayant commencé lors d’affrontements entre les Borana et les Gabra, qui ont fait une victime et trois blessés le 15 juillet.
Déplacés
« Plus de 38 000 personnes, soit 6 381 ménages, ont été obligées de quitter leur domicile », a dit Stephen Bonaya, coordonnateur de la Société de la Croix-Rouge kenyane (SCRK) à Moyale. Il a noté qu’une majorité de déplacés avait franchi la frontière avec l’Éthiopie, tandis que d’autres s’étaient installés chez des parents à Moyale et dans les comtés de Marsabit et de Wajir.
Il a indiqué que bon nombre d’enfants, de femmes et d’hommes étaient encore séparés de leurs familles, et que d’autres personnes avaient disparu. « Une équipe aide des familles à retrouver les proches dont ils ont perdu la trace et à les réunir. Pour l’instant, 60 familles ont été réunies », a-t-il ajouté.
Selon M. Bonaya, les familles déplacées ont un besoin urgent d’aide alimentaire, d’abris, de médicaments, d’ustensiles de cuisine, de vêtements et de moustiquaires, entre autres choses.
Les commerçants de Moyale indiquent que la suspension des activités de transport des marchandises a entraîné une flambée des prix des produits alimentaires dans la région.
« Cela fait une semaine que mon camion n’a pas bougé. J’ai peur que quelqu’un le brûle ou le vole, et je suis censé servir des intérêts », a dit M. Golicha, propriétaire d’un camion.
Ismail Adan, vendeur de bétail et transporteur, a indiqué que les prix de la location de camions et du transport du bétail avaient doublé en raison des affrontements. « On ne peut pas tirer des bénéfices de la vente du bétail. Il y a trop peu d’animaux sur le marché et ils coûtent très chers », a-t-il dit.
Trouver une solution
Traditionnellement, les communautés de la région – qui vivent à cheval entre le Kenya et l’Éthiopie – luttent pour les ressources, comme les pâturages et l’eau pour leur bétail, mais les recherches menées par l’université Tufts et la SCRK montrent que les violences sont récemment devenues plus meurtrières et que les communautés et leurs leaders essayent désormais de prendre le contrôle de ces ressources sur le terrain politique.
« Le gouvernement est désormais aux commandes. Les milices des communautés en conflit ont été éradiquées [par la police et l’armée] », a dit à IRIN Isaiah Nakoru, commissaire du comté de Marsabit. « Certains ont pris la fuite et ont traversé la frontière. Nous avons arrêté huit Éthiopiens et deux Kenyans. L’État est déterminé ; personne ne restera impuni ... Les représentants politiques qui portent des responsabilités ne seront pas épargnés ».
Il a ajouté que les enquêtes préliminaires avaient montré que des « milices étrangères » armées de mortiers et de bombes avaient participé aux combats.
Selon les personnes affectées par le conflit, les violences se poursuivront si le gouvernement ne s’attaque pas aux causes profondes du problème en impliquant les communautés en guerre et leurs leaders.
« Il s’agit d’un problème politique. Ni l’armée, ni la police du Kenya ne peuvent maîtriser ce conflit ou y mettre fin. Arrêter les représentants politiques, impliquer les communautés dans le processus politique et partager les ressources équitablement », a dit un habitant de Moyale, qui a préféré garder l’anonymat.
L’ancien président de l’assemblée nationale, Francis Ole Kaparo, a dit qu’il fallait trouver une solution pacifique au conflit. « Ces communautés doivent mettre fin aux conflits en évitant les bains de sang et les partager [les ressources] ou perdre tous les bénéfices escomptés », a-t-il dit à IRIN.
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