1. Accueil
  2. West Africa
  3. Liberia

Aller de l'avant au Liberia

A busy market in central Monrovia. Liberia's import dependent economy is vulnerable to price rises (June 2013) Tommy Trenchard/IRIN
A busy market in central Monrovia. Liberia's import dependent economy is vulnerable to price rises (June 2013)
Le Liberia se remet lentement d'une guerre civile prolongée qui a fait plus de 200 000 victimes, déplacé plus d'un million de personnes et détruit la majeure partie des infrastructures et des institutions. Après une décennie de paix, l'Office d'aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO) a décidé de se retirer du pays, estimant qu'il était temps de passer de l'aide humanitaire à l'aide au développement.

Le Liberia a effectivement fait des progrès. Le pays a notamment réussi à attirer suffisamment d'investissements internationaux pour permettre une croissance stable du PIB et, surtout, à assurer le maintien de la paix. Mais les taux de pauvreté et de chômage demeurent élevés, la corruption est généralisée et le processus de réconciliation et de justice post-guerre semble stagner. Bref, il reste encore des obstacles importants à surmonter.

Pour souligner la Journée mondiale de l'aide humanitaire, les journalistes d'IRIN se sont entretenus avec quelques personnes clés qui ont travaillé sur des projets financés par l'ECHO - des projets liés à la santé, pour la plupart - pendant et après la guerre. Ils souhaitaient ainsi en apprendre davantage sur les progrès réalisés par le Liberia.

Moses Massaquoi, médecin :

Moses Massaquoi a commencé à travailler pour Médecins Sans Frontières (MSF) après avoir fui une attaque rebelle en juillet 1990. L'organisation non gouvernementale (ONG) l'a envoyé dans divers pays africains avant qu'il ne décide de retourner au Liberia avec l'Initiative Clinton pour l'accès à la santé (CHAI, selon son sigle anglais).

« Le principal défi de l'ère post-guerre, c'est de trouver les ressources humaines nécessaires pour rebâtir le système », a-t-il dit à IRIN. « Je dirais que la priorité est de développer les capacités, mais comment développer les capacités lorsque tous les systèmes sont démantelés - la santé, l'éducation, tout ? »

M. Massaquoi s'est engagé à tout mettre en oeuvre pour rebâtir un système de santé laissé en ruines par le conflit. Il aimerait surtout que le Liberia parvienne à former ses propres spécialistes médicaux.

Il souhaite tout d'abord que le pays « remette en place le système de spécialisation qui prévalait auparavant dans la profession médicale. [Au cours des dernières années,] nous n'avions aucun contrôle sur la formation de nos spécialistes. Le gouvernement envoyait des étudiants à l'étranger, mais ceux qui s'en allaient ne revenaient pas », a-t-il expliqué.

Il a cependant fait remarquer qu'il y avait des signes de progrès dans ce secteur, notamment la création, par le gouvernement, d'un programme de formation de troisième cycle qui accueillera ses premiers étudiants en septembre 2013.

Barbara Brillant, infirmière :

Barbara Brillant est une autre ancienne employée de MSF qui s'intéresse à la formation médicale locale. Elle gère une école d'infirmiers à Monrovia, la capitale libérienne.

Mme Brillant est arrivée en Sierra Leone comme missionnaire en 1977. « Quand je suis arrivée ici [en Afrique], je n'étais encore qu'une jeune fille. J'étais très enthousiaste, j'allais guérir le monde et montrer à tout le monde ce qu'il fallait faire. Je suis encore ici, 38 ans plus tard, et j'ai beaucoup appris », a-t-elle dit à IRIN.

« [Le conflit] était très très triste. Pour moi, c'était terrorisant, il n'y a aucun doute. Ce qui me faisait le plus de peine toutefois, c'était de voir les Libériens dans les conditions dans lesquelles ils se trouvaient. Après tout, je les avais côtoyés de près en tant que missionnaire », a ajouté Mme Brillant.

Elle a dit qu'elle avait vu beaucoup de résilience et de fierté, mais aussi « les pires horreurs qu'il est possible de voir » pendant le conflit.

Sour Barbara, comme l'appellent les 450 étudiants de l'école d'infirmiers, craint qu'il n'y ait pas de véritable réconciliation derrière la paix actuelle qui règne au Liberia. Elle constate peu d'améliorations dans la qualité de vie de la plupart des Libériens.

« C'est dommage, parce que... la blessure est encore là, la colère est encore là. On peut seulement prier et espérer que le temps permettra de panser la plupart des blessures. Ils ne vont jamais oublier, ça, c'est sûr... Ce n'est vraiment pas facile. »

En dépit de la paix, « il est difficile de vivre ici », estime Mme Brillant, notamment en raison du coût de la vie, qui a augmenté de manière constante au fil des ans. « Louer une maison coûte maintenant les yeux de la tête », a-t-elle ajouté.

Nyan Zikeh, gestionnaire de programme :

Comme M. Massaquoi, Nyan Zikeh a commencé à travailler pour MSF alors qu'il était lui-même un réfugié. Il est retourné au Liberia en 1998 et a travaillé depuis pour les ONG Save the Children et Oxfam. Il est actuellement gestionnaire de programme chez Oxfam. Il dit qu'il ressent maintenant les effets de la paix durable qui règne au Liberia. « Je suis reconnaissant qu'on ait la paix et qu'on puisse aujourd'hui élever une famille dans un environnement stable », a-t-il expliqué.

Il prévoit, dans le futur, d'abandonner son emploi pour devenir entrepreneur agricole. Il souhaite ainsi permettre à d'autres de travailler, de gagner leur vie et d'apprendre. « Je continuerai à travailler dans le développement, mais pas dans la charité », a dit M. Zikeh, qui est préoccupé par la dépendance créée par la culture humanitaire qui prévaut actuellement au Liberia.

« C'est aussi une façon de montrer aux autorités que nous pouvons donner l'exemple, que nous ne sommes pas obligés de vendre toutes nos terres à de grandes entreprises », a-t-il dit. Les acquisitions de grande envergure réalisées récemment par des entreprises étrangères ont été critiquées, car elles impliquent l'exploitation des communautés locales et la corruption dans l'allocation des concessions.

Selon une vérification récente, seules deux des 68 concessions foncières allouées depuis 2009 respectent pleinement les dispositions de la législation libérienne.

Nathaniel Bartee, médecin :

Quand la guerre a éclaté en 1989, Nathaniel Bartee venait tout juste de rentrer du Royaume-Uni, où il avait obtenu son diplôme de maîtrise. Pour répondre à la situation humanitaire qui prévalait à Monrovia, il a créé une organisation appelée Merci, qui a rapidement étendu ses services aux provinces.

Pendant le conflit, M. Bartee était parfois séparé de sa famille. « Je ne voulais pas quitter le Liberia à cause de toute la souffrance qu'il y avait et du manque de personnel de santé. Je suis donc resté pour orienter une nouvelle génération de médecins. » À la fin du conflit, il était l'un des 50 médecins qui restaient dans le pays.

M. Bartee dit qu'il y a eu des améliorations importantes dans la fourniture des services de santé depuis cette époque. « Je crois que le système de santé est bien mieux qu'avant. La plupart des travailleurs de la santé sont rentrés au pays et il y a plus de diplômés », a-t-il expliqué.

Il craint cependant que le gouvernement libérien n'accorde pas suffisamment d'importance aux soins de santé. Pour cette raison, il a l'intention de devenir sénateur pour militer en faveur d'une augmentation du budget de la santé au parlement.

Ma Annie Mushan, militante du mouvement des femmes pour la paix :

À la fin 1989, Ma Annie Mushan était, comme elle le dit elle-même, « une femme dont personne ne parlait ». « Je n'étais qu'une femme au foyer », a-t-elle dit à IRIN. Pendant la guerre, Mme Mushan a dû quitter son village. Elle s'est retrouvée dans la ville de Totota, où elle a été approchée par le mouvement des femmes pour la paix, né à Monrovia.

Avec le temps, Mme Mushan est devenue chef de la branche de Totota, qui a joué un rôle significatif dans la fin du conflit.

Comme de nombreux autres Libériens, elle déplore la lenteur du développement post-guerre. « Même s'il y a des progrès, les gens au Liberia cherchent encore désespérément du boulot. Il y a tellement de gens qui ne travaillent pas au Liberia - pas un jour dans l'année. C'est l'un des principaux problèmes auxquels nous sommes confrontés. »

Mme Mushan travaille maintenant pour le projet Peace Hut, qui est né du mouvement des femmes, et cherche à mettre un frein à la violence liée au genre, qu'elle considère comme l'un des principaux problèmes du Liberia. Mme Mushan a l'impression que le système judiciaire libérien est incapable de gérer efficacement les cas liés aux enjeux des femmes.

« Je vais continuer de me concentrer sur les femmes, sur le développement de leurs capacités. Je veux continuer de travailler pour Peace House [Hut], parce que c'est Peace House [Hut] qui m'a permis d'arriver là où je suis aujourd'hui », a-t-elle conclu.

tt/aj/rz-gd/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join