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Hausse du nombre de victimes de mines antipersonnel dans le Kachin

A landmine victim at a hospital in Laiza in Myanmar's northern Kachin State. Health workers say the number of casualties is rising Steve Sandford/IRIN
Lahpai Hkam, ancien combattant rebelle, n’a pas cessé de souffrir depuis qu’une mine antipersonnel lui a arraché la jambe droite lors d’un affrontement avec des soldats du gouvernement, il y a 18 mois, dans l’État Kachin, au nord du Myanmar.

« La jambe artificielle que l’on m’a donnée l’année dernière ne s’ajuste pas correctement. Elle frotte mon moignon et me fait très mal », a-t-il dit dans un hôpital de Laiza, la capitale de facto de l’Organisation pour l’indépendance kachin (KIO), branche politique de l’Armée pour l’indépendance kachin (KIA) qui se bat depuis une soixantaine d’années pour une plus grande autonomie vis-à-vis du gouvernement birman.

Selon le chirurgien rebelle kachin Brang Sawng, il ne s’agit pas d’un cas isolé et le nombre de victimes de mines antipersonnel est en hausse.

« Plus de 45 soldats qui ont dû être amputés parce qu’ils avaient marché sur une mine antipersonnel au cours des deux dernières années ont urgemment besoin d’une prothèse », a dit M. Sawng. « La majorité des blessures sont causées par des mines antipersonnel et les troupes birmanes comme les soldats kachin marchent par erreur sur leurs propres mines. »

Si aucun des deux camps n’a publié de chiffres officiels concernant le nombre de victimes civiles de mines antipersonnel, les médias et les organisations non gouvernementales (ONG) comptaient au moins 381 victimes en 2011, dont 84 sont mortes de leurs blessures. Les experts internationaux estiment cependant que le nombre réel de victimes pourrait être bien plus élevé.

« Aucun groupe armé — que ce soit l’armée ou un mouvement issu d’une minorité ethnique [du Myanamar] — ne fournit d’informations sur les victimes, notamment civiles. C’est un fait courant », a dit à IRIN Yeshua Moser-Puangsuwan, chercheur pour la Campagne internationale pour interdire les mines (ICBL).

De nombreux observateurs craignent une augmentation du nombre de victimes civiles. Or ce ne sont pas seulement les prothèses qui manquent.

« De nombreuses opérations nécessitent des transfusions sanguines, mais nous n’avons pas de banque de sang d’urgence ni de réserve et nous sommes donc obligés d’opérer sans transfusion », a expliqué le docteur Brang Sawng devant la salle de réveil de l’hôpital militaire principal de Laiza.

Selon un récent rapport de Human Rights Watch (HRW), l’armée gouvernementale et la KIA ont encore toutes deux recours aux mines antipersonnel.


« Ces armes vont continuer à mutiler et tuer pendant les années à venir et je serais surpris que les deux camps soient capables de cartographier et faire un suivi des mines qu’ils ont posées », a dit Phil Robertson, directeur adjoint de la division Asie à HRW. « La seule solution, c’est que les deux camps cessent d’utiliser des mines antipersonnel. »

Interdiction

La rupture en juin 2011 du cessez-le-feu qui avait été maintenu pendant 17 ans entre le gouvernement birman et la KIA a fait plus de 80 000 déplacés.

Pour les paysans kachin comme Naw Tarong, qui a abandonné sa maison il y a plus d’un an avec sa femme et ses trois enfants, laissant derrière lui cultures et bétail, les chances d’un retour prochain semblent minces.

« Nous ne pouvons pas rentrer chez nous, car les soldats de la KIA ont semé des mines autour de notre village pour bloquer l’accès aux Birmans et ils nous ont dit de ne pas rentrer pour l’instant », a dit Naw Tarong avant d’ajouter que plusieurs de ses bêtes avaient été tuées par des mines.

Selon M. Moser-Puangsuwan, de l’ICBL, de nombreux civils (notamment des agriculteurs de subsistance) ont déclenché des mines en retournant dans leurs champs ou en allant chercher du bois dans la forêt. « Au Myanmar, ou Birmanie, les combattants ne signalent généralement pas les zones minées [...] Il y a un réel danger de mort. »

Actuellement, le Myanmar ne dispose d’aucune politique spécifique d’aide aux victimes de mines antipersonnel pendant les soins et la rééducation et, selon un rapport publié en 2012 par l’Observatoire des mines et armes à sous-munitions, les services d’urgence sont « extrêmement limités » dans les zones de conflit.

Au premier octobre 2012, 160 pays (soit plus de 80 pour cent des gouvernements du monde) avaient ratifié ou adhéré à la Convention d’Ottawa sur l’interdiction des mines et 111 avaient signé ou ratifié la Convention sur les armes à sous-munitions. Le Myanmar n’a adhéré à aucun de ces deux accords.

ss/ds/cb – ld/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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