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Les enfants sont les premiers touchés par la crise en RCA

Children continue to be recruited into the ranks of armed groups in the Central African Republic, like these new members of the Séléka alliance in Bossembélé (April 9, 2013) Crispin Dembassa-Kette
À la suite du coup d’État par les rebelles de la Séléka le 24 mars dernier, les affrontements armés sporadiques, les pillages d’orphelinats, le recrutement par des groupes armés et la fermeture généralisée des écoles ont rendu la vie dangereuse pour les enfants de la République centrafricaine (RCA). 

D’après le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), environ 2,3 millions d’enfants sont directement touchés par le non-respect des lois et l’atteinte à l’ordre public, ainsi que par l’interruption des services de base.

Le 12 avril dernier, 14 enfants ont été blessés dans la capitale, Bangui, lorsqu’une grenade propulsée par roquette est tombée sur un terrain de jeu. Deux jours plus tard, une roquette a atterri sur une église, tuant sept personnes, dont trois enfants, et blessant 11 autres, dont trois qui ont dû être amputés des jambes.

« Il est scandaleux que des enfants soient victimes de tirs croisés dans leur vie quotidienne, alors qu’ils jouent au football ou vont à l’église », a déclaré Souleymane Diabaté, représentant du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) en RCA.

« Les enfants souffrant de maladies courantes, telles que le paludisme, ont également besoin de soins médicaux », a déclaré Ellen Van Der Velden, chef de mission de Médecins Sans Frontières (MSF) en RCA.

Or l’assistance médicale en dehors des principaux hôpitaux n’est pas toujours assurée. « Dans certaines zones [de Bangui], les centres de santé sont opérationnels, dans d’autres ils sont fermés ou bien ne dispensent que des soins élémentaires. La situation peut changer très rapidement. Un jour, un centre [de santé] est opérationnel, le lendemain il est fermé », a affirmé Mme Van Der Velden.

Des maisons d’enfants pour cible

Le centre pour enfants des rues à Bangui, géré par la Fondation la Voix du Cœur « a beaucoup souffert au cours des récents événements », d’après son directeur, Ange Ngassenemo.

« Deux enfants sont morts et plusieurs ont été blessés lors du pillage. Les hommes de la Séléka sont venus dans le centre prétextant être à la recherche de jeunes voleurs, et ils ont aussi pillé les affaires des tout petits », a ajouté M. Ngassenemo.

« Nous n’avons malheureusement pas les moyens nécessaires. Cette situation devient chaque jour plus difficile, car de plus en plus d’enfants arrivent ici, et prendre soin d’eux devient un véritable fardeau pour notre petite organisation », a-t-il déclaré.

« Nous demandons à l’État de nous venir en aide. Nous aurions besoin d’eau courante pour les enfants qui ont besoin de se laver, de laver leurs vêtements... Nous estimons qu’à Bangui, il y a environ 6 000 enfants des rues. Si nous les refusons quand ils viennent à nous, cela devient dangereux et ce n’est pas une solution viable. Il vaudrait mieux nous aider à les aider », a-t-il ajouté.

Le 13 avril dernier, des hommes armés, censés faire partie de la Séléka, ont pillé un orphelinat de Bangui dirigé par SOS Villages d’enfants, en faisant usage de leurs armes pour intimider les membres du personnel.

« Les enfants étaient cachés sous leur lit. Les membres du personnel étaient en larmes quand ils m’ont raconté la scène », a déclaré l’archevêque de la ville, Dieudonné Nzapalainga.

« Il n’y a pas d’armes dans ces maisons, il n’y a que des enfants. Ils ne cherchaient pas d’armes, ils venaient piller. Tirant en l’air, terrorisant les gens... Je suis révolté par cette situation », a-t-il déclaré sur Radio France Internationale.

Des recrutements de tous bords

L’UNICEF affirme que plusieurs groupes armés continuent de recruter des enfants et prévient dans un communiqué du 12 avril que ces pratiques constituent une violation du droit international. 

Plus de 2 000 enfants, garçons et filles, faisaient partie de groupes armés et de groupes d’autodéfense avant la reprise des hostilités en décembre 2012, a indiqué l’UNICEF, en ajoutant que ces pratiques ont continué après la chute de Bangui.

« Le recrutement d’enfants est à la fois moralement inacceptable et interdit par le droit international », a déclaré M. Diabaté, représentant de l’UNICEF en RCA.

« Nous avons demandé aux nouvelles autorités de la RCA [Séléka] de garantir la libération immédiate de tous les enfants associés aux groupes armés, ainsi que leur protection contre de nouvelles violations [du droit] », a-t-il déclaré, en ajoutant que les nouvelles autorités en place étaient déterminées à le faire.

« L’UNICEF s’est engagé à coopérer avec elles pour s’assurer de l’arrêt immédiat de nouveaux recrutements et soutenir les processus d’identification, de vérification et de réinsertion des enfants. »

Selon Amy Martin, qui dirige la branche de l’OCHA à Bangui, « la présence d’enfants soldats dans les rangs des rebelles de la Séléka est évidente ».

« Le recrutement dans l’armée nationale se faisait encore il y a quelques semaines mais il est moins flagrant maintenant », a ajouté Mme Martin.

Des enfants déscolarisés

L’insécurité a contraint des milliers d’enfants et les enseignants des écoles de Bangui et des régions à l’est et au nord du pays à interrompre leurs activités scolaires.

« Les écoles sont fermées à Bangui et ailleurs depuis le mois de mars. Ce sont bientôt les vacances, donc les familles qui en ont les moyens pourront engager des précepteurs pour des cours de rattrapage pendant cette période. [Mais] tout le monde ne peut pas se le permettre », a déclaré Mme Martin.

Le ministère de l’Éducation reste sceptique quant à la réouverture des écoles au vu de l’insécurité qui sévit toujours. « Les enfants restent à la maison, ce qui est compréhensible, parce que les conditions de sécurité l’exigent », a déclaré le ministre de l’Éducation, Marcel Loudegue.

Les écoles figurent également parmi les lieux pillés depuis la prise de contrôle par les rebelles. Les enseignants, tout comme les fonctionnaires, n’ont toujours pas été payés.

Dans un communiqué du 23 avril dernier, l’UNICEF met en garde contre le fait que des centaines de milliers d’étudiants risquent de perdre toute leur année scolaire, car « la moitié des écoles du pays sont fermées ».

Selon M. Diabaté de l’UNICEF, « le nouveau gouvernement doit privilégier la protection et les investissements dans le système éducatif du pays, afin de respecter le droit fondamental des enfants à l’éducation et d’offrir à cette génération l’espoir d’un avenir serein ».

Le taux d’alphabétisation est faible en RCA, avec plus d’un million d’enfants non scolarisés, d’après l’UNICEF.

cd-k/am-aw/rz-fc/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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