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Le who’s who des combattants de Gaza

Ruins of Al Dalou family house, where at least 10 people were killed in an Israeli airstrike on Sunday evening Ahmed Dalloul/IRIN
Les tensions ont monté d’un cran ce mois-ci à Gaza à la suite des premières frappes aériennes menées par Israël depuis la signature d’un cessez-le-feu en novembre 2012.

Malgré le cessez-le-feu de novembre – qui a mis fin à huit jours de conflit soutenu –, des roquettes ont été tirées sur Israël par des groupes armés de Gaza et des tanks israéliens ont fait des incursions dans la bande de Gaza au cours du dernier mois.

Gaza, qui est soumis à un blocus maritime et terrestre depuis 2007, a vu ces restrictions assouplies après la signature du cessez-le-feu. Or, au cours des dernières semaines, Israël a fermé à quatre reprises et pendant plusieurs jours d’affilée le poste frontalier de Kerem Shalom – le seul point de passage entre Israël et Gaza pour les denrées commerciales et humanitaires – en réponse aux tirs de roquettes. À la mi-avril, le poste frontalier avait été fermé sept jours sur treize. Israël a également réduit de moitié la zone de pêche autorisée aux Palestiniens de la bande de Gaza.

La semaine dernière, James Rawley, le coordonnateur humanitaire [des Nations Unies pour les Territoires palestiniens occupés], a dit que les mesures de restriction se traduisaient par l’épuisement des produits de première nécessité, y compris les denrées alimentaires de base et le gaz domestique, et qu’elles affectaient les moyens de subsistance et les droits de nombreuses familles vulnérables de Gaza.

« Si ces restrictions sont maintenues, les impacts sur la population de Gaza seront graves », a-t-il dit dans une déclaration.

En outre, plus de 2 400 personnes demeurent déplacées par le conflit survenu en novembre 2012, et plus de 10 000 autres qui avaient fui leur foyer lors d’affrontements précédents ne sont pas toujours retournées chez elles.

Une paix durable est-elle possible dans ce contexte ? Cela dépend surtout des divers acteurs qui manipulent les armes, les roquettes et les bombes.

Israël et les groupes de défense des droits de l’homme considèrent que le Hamas est responsable de tous les tirs de roquettes effectués depuis son territoire. Or, si le Hamas a réussi à parvenir à un consensus avec certains des principaux groupes, plus modérés, il a cependant parfois de la difficulté à contrôler les autres, qui ont lancé des roquettes à trois reprises depuis le cessez-le-feu de novembre. Plusieurs de ces groupes considèrent la volonté du Hamas de signer un accord de cessez-le-feu avec Israël comme un signe de faiblesse et un manque d’engagement dans la cause de la résistance. Selon certaines informations, la police du Hamas aurait, ce mois-ci, arrêté des membres d’un groupe armé qui tentaient de lancer des roquettes sur Israël.

IRIN s’intéresse ci-après aux différents acteurs qui décideront du succès ou de l’échec de l’accord de cessez-le-feu.

Forces de défense israéliennes

Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont été créées peu après la formation de l’État d’Israël en 1948. Elles rassemblaient, au départ, les membres des groupes armés juifs qui existaient avant la création de l’État hébreu, comme la Haganah, le Palmach, l’Irgoun et le Lehi.

D’après le Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), l’armée israélienne comptait, en 2010, 176 500 militaires actifs, 633 000 réservistes, 3 501 tanks, 6 852 véhicules blindés APC et autres véhicules blindés de combat, 461 avions de combat, 81 hélicoptères de combats et armés et 67 navires de guerre importants.

La plus récente opération de grande envergure menée par l’armée israélienne à Gaza avait commencé en décembre 2008 et duré 23 jours. Selon le Centre palestinien pour les droits de l’homme, l’opération avait fait plus de 1 400 victimes et 5 000 blessés chez les Palestiniens – des civils, pour la plupart – et neuf victimes, dont trois civils, dans le camp israélien.  

L’armée israélienne a dit avoir attaqué plus de 1 500 cibles à Gaza, incluant des militants, des cellules de lanceurs de roquettes et des lance-roquettes multiples, des tunnels et des centres gouvernementaux, pendant les huit jours qu’ont duré les hostilités de novembre dernier.

L’armée a ajouté que le système « Dôme de fer » [Iron Dome, système de défense aérienne], conçu pour protéger les zones densément peuplées, avait permis d’intercepter, pendant cette période, 421 roquettes sur les 1 506 lancées sur Israël. En outre, selon le site internet de l’armée, plus de 800 roquettes auraient frappé Israël et 152 auraient atterri à Gaza.

À l’époque, le chef d’état-major de l’armée, le lieutenant-colonel Benny Gantz, avait dit que l’objectif de l’opération avait été atteint avec l’assassinat du chef des brigades militaires du Hamas et de plusieurs hauts fonctionnaires et les dommages infligés aux « capacités de lancement de roquettes » de Gaza.

Il avait ajouté que l’armée israélienne continuerait, en dépit du cessez-le-feu, de bloquer les tentatives de faire entrer des armes dans la bande de Gaza depuis l’Iran ou la Libye.

Brigades Izz al-Din al-Qassam


La création des Brigades Izz al-Din al-Qassam, la branche armée du Hamas, remonte au début des années 1980. Ce n’est cependant qu’en 1987, après l’établissement du Hamas comme mouvement politique et militaire, qu’elles ont été officiellement organisées. Sur son site internet, le groupe déclare que sont objectif est de « contribuer à l’effort de libération de la Palestine et de rétablir les droits du peuple palestinien ».

Selon les estimations, les Brigades compteraient entre 10 000 et 20 000 membres. Le site anglais du groupe indique par ailleurs que les détails concernant l’organisation et le recrutement sont gardés secrets.

Pendant les hostilités de novembre dernier, les Brigades ont dit avoir effectué 1 573 tirs de mortiers, de roquettes artisanales M75 et de roquettes longue portée Fajr-5 et Grad, avec lesquelles elles ont ciblé les agglomérations de Tel-Aviv (pour la première fois depuis la guerre du Golfe) et de Jérusalem (pour la première fois de l’histoire). Ses membres ont également utilisé des projectiles artisanaux, des mines terrestres et des armes antichars contre les gardes-frontières israéliens.

Le Hamas a significativement augmenté le nombre de tirs de roquettes sur Israël après l’assassinat de son commandant militaire en novembre.

Peu après l’annonce du cessez-le-feu, le groupe a déclaré : « Les hostilités ont cessé pour cette fois-ci, mais le combat contre l’ennemi [Israël] n’est pas terminé, car l’occupation se poursuit et l’ennemi continue de nous menacer. » Il ajouté que la « résistance palestinienne » était toujours prête.

Brigades Al-Qods

Les Brigades Al-Qods, la branche militaire du Jihad islamique, sont nées au début des années 1980. L’aile politique du Jihad islamique avait quant à elle été créée à la fin des années 1970. Le mouvement du Jihad islamique est une ramification plus radicale des Frères musulmans ; il a utilisé la violence à plusieurs occasions alors que le Hamas s’en était abstenu et rompu des accords de cessez-le-feu signés par le Hamas.

Comme l’indique son site internet, le second groupe militant le plus puissant de la bande de Gaza a pour objectif déclaré d’amener les islamistes à retrouver leur « rôle de pionnier dans la lutte palestinienne » contre « l’occupation de la Palestine » par Israël. Le groupe a revendiqué la responsabilité de plusieurs attaques de grande envergure depuis la fin des années 1980, notamment des attentats à la bombe dans des bus israéliens et des restaurants et des attaques à l’encontre de touristes israéliens.

Pendant le conflit de novembre dernier, le groupe a annoncé avoir lancé 620 roquettes sur des cibles israéliennes, incluant des missiles antinavires, des roquettes Grad, des roquettes artisanales, des missiles C8K et des mortiers.

Dans une déclaration rendue publique à la suite du cessez-le-feu, le Jihad islamique a indiqué : « Le combat se poursuivra jusqu’à ce que toute la Palestine soit libérée ». Le groupe a par ailleurs précisé que la fin de l’agression ne signifiait pas la fin du combat et répété que la résistance était le seul moyen de faire face à l’occupation.

En dépit de leurs différences politiques, le Hamas et le Jihad islamique ont étroitement coordonné leurs efforts militaires pendant le conflit du mois de novembre. Il s’agit là d’une nouvelle tendance. Le Jihad islamique a par ailleurs accepté les conditions du cessez-le-feu négocié par Israël et le Hamas.

Brigades des martyrs d’Al-Aqsa

Les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa forment la branche militaire du Fatah, la plus importante faction de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), une coalition de plusieurs organisations officiellement créée en 1965.

Dirigés par l’ancien leader palestinien Yasser Arafat, le Fatah et sa branche militaire, anciennement connue sous le nom d’Al-Asifa, ont mené des opérations contre Israël jusqu’au début des années 1990. L’OLP, contrôlée par le Fatah, a ensuite engagé des négociations de paix avec l’État juif. Ces pourparlers ont abouti à la création de l’Autorité palestinienne en 1994.

Le groupe a repris la lutte armée pendant la seconde Intifada, en 2000, et adopté le nom de Brigades des martyrs Al-Aqsa. Les Brigades incluent plusieurs groupes qui travaillent parfois séparément.

Les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa ont été moins actives à Gaza depuis la scission entre le Hamas et le Fatah en 2007, mais certains de ses groupes ont dit avoir lancé des dizaines de roquettes sur des cibles israéliennes pendant les hostilités de novembre 2012.

Les Brigades Ayman Jouda, l’un des groupes les plus actifs des Brigades d’Al-Aqsa, ont déclaré avoir lancé 81 roquettes sur Israël. Le groupe a dit qu’il continuerait de « lutter » contre l’occupation israélienne jusqu’à la « libération de la Palestine ».

Faris Al-Lil, un autre groupe armé affilié aux Brigades Al-Aqsa, a revendiqué la responsabilité de la roquette lancée le 26 février sur la ville israélienne d’Ashkelon. Le groupe a dit vouloir venger la mort d’un détenu palestinien survenue en février dans une prison israélienne.

Brigades Al-Nasser Salaheddine


Les Comités de résistance populaire (CRP) ont été créés dans les premiers jours de la seconde Intifada. Il s’agissait alors d’une coalition de groupes palestiniens armés appartenant à différentes factions. Le groupe est par la suite devenu une faction séparée dotée d’un leadership politique et d’un bras armé : les Brigades Al-Nasser Salaheddine.

Comme d’autres groupes, les Brigades Al-Nasser Salaheddine ont lancé des dizaines de roquettes sur des zones et des bases militaires israéliennes en novembre. Selon le site internet du groupe, ces attaques avaient pour objectif de lutter contre l’occupation.

Après le cessez-le-feu, le groupe a répété : « la résistance est notre seule option jusqu’à ce que la Palestine soit libérée. C’est le choix de notre peuple ». Il a ajouté que la possession d’armes est un « droit de protection » qui ne peut être limité par un cessez-le-feu.

Brigades d’Abou Ali Moustapha

Les Brigades d’Abou Ali Moustapha appartiennent à la deuxième faction la plus forte de l’OLP : le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), qui s’inscrit dans la mouvance socialiste. Le FPLP a été créé après la guerre de 1967 et a mené des opérations militaires contre Israël au cours des deux décennies suivantes, notamment pendant la première Intifada, qui a commencé en 1987.

Le groupe s’est engagé plus activement dans la lutte armée pendant la seconde Intifada – qui a d’ailleurs donné à plusieurs groupes armés l’occasion de se réorganiser –, en particulier après l’assassinat du secrétaire général du FPLP Abou Ali Moustapha en 2001. Les Brigades, nommées en son honneur, se sont vengées en assassinant, la même année, le ministre du Tourisme israélien Rechavam Ze’evi, connu pour ses positions de droite.

Les Brigades d’Abou Ali Moustapha ont participé au conflit de 2008-2009. Ses membres ont dit avoir lancé des dizaines de roquettes et d’obus de mortier sur des cibles israéliennes.

Le groupe a dit avoir lancé 245 roquettes et obus sur Israël pendant le conflit de novembre dernier. Dans une déclaration rendue publique pendant cette période, les Brigades ont indiqué : « Nous continuerons la résistance et la lutte sous toutes ses formes et nous protégerons notre peuple jusqu’à ce que nous parvenions à mettre un terme à l’occupation. Le combat contre l’ennemi n’est pas terminé. »

Brigades de résistance nationale

Le Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP), qui défend des idéaux socialistes, a été créé en 1969. Sa branche armée, qui a porté plusieurs noms, a été active au cours des trois décennies suivantes. Pendant la seconde Intifada, le groupe s’est réorganisé sous le nom de Brigades de résistance nationale et a procédé à des tirs de roquettes et de mortiers sur des zones israéliennes au-delà des frontières de Gaza et sur les colonies israéliennes qui existaient dans la bande de Gaza avant le retrait de 2005.

Le groupe a poursuivi ses activités et lancé des dizaines de roquettes de fabrication artisanale, de roquettes Grad et de mortiers sur des zones israéliennes pendant le conflit de 2008-2009.

Après l’annonce du cessez-le-feu de novembre, les Brigades ont annoncé, dans une déclaration, qu’elles avaient lancé 150 roquettes et mortiers sur Israël pendant les huit jours qu’avait duré le conflit et qu’elles avaient travaillé en collaboration avec d’autres groupes armés pendant cette période. La déclaration soulignait par ailleurs le rôle important qu’avaient joué la coordination et la coopération entre les groupes au cours du récent conflit.

Groupes salafistes

La bande de Gaza compte également une poignée de groupes salafistes armés, notamment Jaish al-Islam (Armée de l’islam). Ces groupes rassembleraient, au total, quelques centaines de membres. En 2001, des éléments du groupe salafiste Tawhid wal Jihad (Monothéisme et jihad), lié à Al-Qaida, ont tué l’activiste italien pro-palestinien Vittorio Arrigoni lorsque le Hamas a refusé de libérer leur leader.

On suppose généralement que les groupes salafistes ont joué un rôle mineur dans le conflit du mois de novembre dernier, mais on ignore ce qui en est réellement. Ils ont cependant semblé plus présents au cours des derniers mois. Par exemple, un groupe salafiste, Maglis Shura al-Mujahideen (Conseil consultatif des combattants), a revendiqué à deux reprises la responsabilité de tirs de roquettes en dépit du cessez-le-feu signé par le Hamas en novembre.

Des organisations de défense des droits de l’homme, notamment Human Rights Watch (HRW), ont dénoncé les violations commises à l’encontre des civils au cours du récent conflit. HRW a dit que de nombreux groupes militants de Gaza – notamment les Brigades Al-Qassam, les Brigades Al-Qods et les Brigades Al-Nasser Salaheddine – avaient ciblé des civils ou « cherchaient à justifier leurs attaques en les présentant comme des représailles aux attaques israéliennes ayant fait des victimes parmi les civils gazaouis ». HRW a appelé le Hamas, qui est au pouvoir à Gaza, à punir les groupes qui enfreignent le droit humanitaire international.

Dans un autre rapport, HRW a dénoncé les frappes aériennes et les opérations menées par Israël en novembre dernier.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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