Prasada Rao, Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le SIDA dans la région Asie-Pacifique, a dit à IRIN que les pays ont, en général, accompli des progrès intéressants dans la réalisation de l’objectif 6 du Millénaire pour le développement (OMD), qui vise à enrayer la propagation du VIH d’ici 2015.
Vingt-deux des 33 pays qui ont constaté une baisse de l’incidence du VIH entre 2001 et 2010 se trouvent en Afrique sub-saharienne, région la plus touchée par la maladie. Le nombre de nouvelles infections par le VIH a été réduit de 50 pour cent par rapport aux niveaux de la décennie précédente, mais il faut faire avancer ces objectifs, a dit M. Rao. « Nous ne pouvons pas arrêter maintenant. Nous devons aller jusqu’au bout ».
Lors de l’adoption des objectifs des OMD en 2000 – et de la date butoir de réalisation fixée à 2015 – l’idée d’un monde sans SIDA suscitait un certain scepticisme, selon M. Rao. Cependant, les progrès accomplis dans la prévention et le traitement au cours de ces dernières années ont fait évoluer les perceptions, a-t-il ajouté. « Ce n’est plus [seulement] une aspiration, mais un [objectif] accessible … Le temps est venu d’examiner ce concept d’éradication du SIDA et de l’intégrer dans l’agenda post-2015 ».
Depuis août 2012, les Nations Unies ont organisé 83 consultations nationales afin de fixer les objectifs pour la période 2015-2030. En ce qui concerne les objectifs relatifs à la santé, un projet de rapport a été préparé pour les 27 membres du Panel de haut niveau. L’élaboration de ce projet de rapport s’est appuyée sur plusieurs mois de débats modérés, de consultations, d’enquêtes et de discussions en ligne, de réunions avec des groupes de la société civile, des gouvernements et des chercheurs, ainsi que sur une centaine d’exposés de principes.
Le VIH relégué à l’arrière-plan ?
Le projet de rapport du 28 février appelle à inclure le VIH dans les nouveaux objectifs et suggère de résoudre les questions relatives à l’équité en santé, aux maladies non transmissibles et aux systèmes de santé fragiles plutôt que de promouvoir des objectifs de lutte contre les maladies (une « approche trop étroite, axée sur les objectifs », selon l’organisation non gouvernementale britannique Health Poverty Action).
Au cours des consultations, il est apparu que le VIH risquait d’être relégué à l’arrière-plan, a indiqué le Conseil international des ONG de lutte contre le sida (ICASO) dans un communiqué publié en décembre 2012 : « Selon certaines rumeurs, le programme de santé post-2015 accordera une plus grande priorité au cancer, au diabète, aux maladies du cœur et à d’autres maladies moins connues. Le VIH n’est plus une crise ; paradoxalement, la réponse au SIDA est victime de son propre succès ».
L’ICASO, Stop AIDS Alliance et l’International Civil Society Support ont organisé une enquête et des séminaires en ligne, ainsi qu’une rencontre à Amsterdam qui a rassemblé des militants de la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme en janvier.
Le projet de rapport sur la santé indique : « Abandonner ces objectifs aujourd’hui reviendrait à perdre les investissements fructueux qui ont été réalisés jusqu’à présent. L’éradication de la mortalité infantile et maternelle évitable et l’éradication du VIH, de la tuberculose et du paludisme devraient être réaffirmés comme des priorités globales ».
La Fondation Bill & Melinda Gates a mis en garde contre « un objectif de santé global qui couvre une liste de problèmes tellement longue qu’il est impossible de fixer une priorité », alors que Stop AIDS Alliance a demandé des « approches qui mettent les droits de l’homme et l’équité au centre [et] qui s’éloignent de l’approche descendante qui caractérise les OMD ».
Besoin de clarté
Lors d’une réunion sur la place de la santé dans l’agenda post-2015, organisée au Botswana au début du mois de mars, les participants ont loué les succès remportés par les OMD – accroissement des financements et de l’attention pour la santé mondiale, pour commencer – mais ont également noté que ces objectifs conduisaient à « des approches fragmentées du développement ».
Selon l’Envoyé spécial pour le VIH/SIDA dans la région Asie-Pacifique, M. Rao, il faut démystifier les objectifs pour obtenir des soutiens, y compris celui des parlementaires, et lutter contre le VIH. « Autrement, cela semble très exotique. Qu’entend-on par génération sans sida ? Un des [slogans] que nous utilisions à UNAIDS était "End AIDS" [éradiquer le SIDA], mais qu’entend-on par "End AIDS" ? Ce slogan doit se traduire par des stratégies et des programmes très concrets. Que devons-nous faire pour éradiquer le SIDA au cours des dix prochaines années ? ».
Pour lui, ces étapes sont : la réduction des infections par le VIH à un niveau très faible, avec des objectifs d’éradication ; la distribution de traitements antirétroviraux (ARV) à au moins 80 pour cent des personnes qui en ont besoin ; et la modification des lois - ou de leur mise en application - qui ont entravé l’accès aux services de prévention et de traitement du VIH.
L’un des objectifs de l’OMD 6 était de fournir des ARV à toutes les personnes qui en ont besoin d’ici à 2010 ; cet objectif n’a toujours pas été atteint. Selon l’édition 2012 du rapport de progrès sur les OMD, environ 1,3 million de nouvelles personnes se sont inscrites et ont suivi une thérapie antirétrovirale entre 2008 et 2010. À ce rythme, moins de 14 millions de personnes recevront une thérapie antirétrovirale à la fin de 2015, soit un peu plus d’un million de personnes de moins que la cible de 15 millions de personnes, selon le rapport.
Le panel post-2015 devrait présenter ses recommandations au Secrétaire général des Nations Unies en juin.
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