Les Nations Unies se sont engagées à élaborer un ensemble d’objectifs de développement durable (ODD) basés sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), dont la réalisation est fixée à la date butoir de 2015. Cependant, la réunion du groupe de travail des Nations Unies sur la définition des ODD vient de s’achever à New York et aucun consensus n’a pu se dégager sur la voie à suivre.
« Il ne suffira pas de prolonger les OMD, comme certains le suggèrent, car les activités humaines transforment la planète et pourraient compromettre les avancées réalisées en matière de développement », écrivent les dix scientifiques dans l’article intitulé « Policy: Sustainable development goals for people and planet ». Le groupe est dirigé par David Griggs, directeur du Monash Sustainability Institute en Australie et ancien directeur de l’unité d’évaluation scientifique du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).
Johan Rockström, co-auteur de l’article et directeur du Stockholm Resilience Centre, a déclaré, « De plus en plus de recherches montrent que nous sommes arrivés à un point où nous savons que le fonctionnement stable du système terrestre est une condition nécessaire du développement d’une société planétaire prospère et du développement futur ».
Un nouveau modèle
Selon les auteurs de la tribune, le modèle classique de développement durable, terme utilisé pour la première fois en 1987 – un équilibre en trois piliers : économique, social et environnemental – est imparfait, car il ne reflète pas la réalité.
« Alors que la population mondiale atteindra bientôt neuf milliards d’habitants, le développement durable devrait être considéré comme une économie qui sert la société dans le système de survie de la planète », a dit Priya Shyamsundar, co-auteur de la tribune et employé du Réseau sud-asiatique pour le développement et de l’économie environnementale au Népal.
Les scientifiques ont proposé de redéfinir le développement durable comme « le développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre le système de survie de la planète, dont dépend le bien-être des générations présentes et futures ».
Mais plusieurs OMD n’ont pas été réalisés et certains pays en développement craignent que le fait de se focaliser sur les ODD ne détourne l’attention de l’aide humanitaire et ne leur impose des responsabilités supplémentaires qu’ils ne pourront pas assumer.
Lors de la réunion organisée à New York la semaine dernière, un représentant du Botswana a dit que tous les objectifs possibles devraient être de valeur égale, selon les services d’information de l’Institut international du développement durable (IISD). Il a ajouté que si le sommet sur les OMD organisé en septembre 2013 « montre qu’il reste encore des questions à régler, alors il faudra traiter ces questions non résolues en priorité ».
Mais les auteurs soulignent que les OMD sont un moteur des ODD proposés. Par exemple, l’objectif relatif aux vies et aux moyens de subsistance prospères vise à « mettre fin à la pauvreté et à améliorer le bien-être par l’accès à l’éducation, à l’emploi et à l’information, de meilleures conditions de santé et de logement, et à réduire les inégalités tout en s’orientant vers une consommation et une production durables ».
« Cela permet d’étendre plusieurs cibles » des OMD, disent-ils, tout en travaillant à la réalisation des objectifs à long terme de réduction des vulnérabilités des générations futures.
« Les objectifs liés à la sécurité alimentaire, à la sécurité hydrique et à la sécurité énergétique seraient déterminés pour assurer une couverture à long terme – durable – de ces besoins élémentaires », a dit à IRIN Owen Gaffney, co-auteur de la tribune et chercheur à l’International Geosphere-Biosphere Programme. « Ils doivent permettre de réduire la vulnérabilité et d’améliorer la résilience ».
Augmentation des efforts de durabilité
La prise de conscience de la nécessité du développement durable est plus forte qu’il y a dix ans, notamment en raison des chocs climatiques, qui sont plus intenses et fréquents. De plus en plus souvent, les réunions internationales – tels que la récente réunion internationale sur la sécheresse – prennent en compte le développement durable pour trouver une réponse à ces chocs.
« Il devient de plus en plus évident que l’adaptation va faire partie intégrante du développement », a dit M. Gaffney. « Il faudrait initier une réflexion commune. Les impacts du changement climatique vont se faire davantage sentir, les pays développés et les pays en développement seront touchés ».
Plusieurs initiatives scientifiques ont été lancées pour l’élaboration des ODD, y compris des projets menés par le Programme des Nations Unies pour l’environnement et l’International Human Dimensions Programme on Global Environmental Change (IHDP). Les auteurs de la tribune publiée dans Nature participent à Future Earth, un programme de recherche international de 10 ans qui rassemble des scientifiques et des décideurs politiques pour produire des solutions de développement durable.
La semaine dernière, l’Independent Research Forum, une nouvelle alliance internationale des instituts de recherche, a identifié huit changements de cap qui permettront d’atteindre le développement durable. Voici ces changements de cap :
- Des relations entre les pays donateurs et les pays bénéficiaires aux partenariats internationaux solides
- D’une prise de décision descendante à un processus inclusif
- Des modèles économiques qui n’ont pas d’effet sur la réduction des inégalités aux modèles économiques qui permettent la réduction des inégalités
- Des modèles de gestion basés sur l’enrichissement des actionnaires aux modèles qui bénéficient également à la société à et l’environnement
- De la réalisation d’objectifs de développement relativement simples – comme l’amélioration de l’accès aux services financiers – à la réduction de la pauvreté
- De la mise en œuvre d’une réponse d’urgence en cas de crise au renforcement de la résilience des pays et des populations avant l’arrivée d’une crise
- De la mise en œuvre de programmes pilotes à l’extension des programmes efficaces
- De l’approche uni-sectorielle, comme la prise en charge d’une pénurie d’eau par le ministère responsable de la question de l’eau, à l’implication de plusieurs secteurs, comme ceux de l’agriculture et de l’énergie, qui dépendent également de l’eau
L’abondance d’initiatives fait craindre un manque de coordination des processus, ce qui pourrait se traduire par des doubles emplois. M. Gaffney a indiqué que l’International Council for Science et d’autres organisations tenaient des discussions à New York cette semaine pour mieux synchroniser les processus parallèles.
« Il faut davantage de coordination », a-t-il dit, « mais la situation évolue très vite ».
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