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Le gouvernement afghan promet de repenser la situation des PDIP

An internally displaced person (IDP) shows his living conditions on the outskirts of Jalalabad, Afghanistan (Jan 2013) Sefat Sana/IRIN

Le défi majeur pour le gouvernement afghan et les organisations internationales est de trouver le moyen d’aider l’immense population de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDIP) à se réintégrer dans leurs communautés d’origine ou, si cela n’est pas possible, à s’installer là où elles se trouvent.

En Afghanistan, les PDIP déplacées à cause d’un conflit sont plus de 460 000 et des milliers d’autres ont fui leurs maisons à cause des catastrophes naturelles.

Un rapport récent du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) indique que les trois quarts des PDIP veulent s’installer à l’endroit où elles se trouvent actuellement.

Dans un contexte de conflit qui s’étend depuis 12 derniers mois entre des combattants opposés au gouvernement tels que les talibans et les forces gouvernementales soutenues par la Force internationale d’assistance et de sécurité (FIAS), le déplacement est un problème croissant.

Malgré près de quatre décennies de conflit, selon le Plan d’action humanitaire commun de 2013, environ un tiers des PDIP recensées sont récentes ; déplacées au cours des 12 derniers mois.

« Le problème à ce stade est que le gouvernement parle de retours tandis que les PDIP parlent de s’installer, donc il y a un décalage dans les attentes », a déclaré Nassim Majidi de Samuel Hall Consulting (une organisation de recherche et de conseil basée à Kaboul), auteur du rapport du NRC.

« Parmi les suppositions encore admises, il y a celle qui considère le déplacement comme une situation temporaire », a-t-elle déclaré à IRIN alors qu’en réalité, a-t-elle dit, « nous avons découvert que la vulnérabilité ne diminuait pas lorsque les personnes étaient déplacées depuis plusieurs années et que la vulnérabilité des personnes pouvait s’aggraver ».

Dans le même temps, les analystes prédisent que le retrait des forces internationales au cours des deux prochaines années pourrait aggraver le conflit, ce qui risquerait de provoquer davantage de déplacement et rendrait encore plus difficile un retour rapide pour les PDIP.

Selon Mme Majidi, ceci indique qu’il est grand temps de mettre en place des politiques visant à faciliter l’intégration : « nous essayons de changer le discours sur le déplacement interne, car les chiffres ne feront qu’augmenter au cours des prochaines années ».

Retour, réinstallation ou intégration ?

Ce sont généralement les trois options qui s’offrent aux PDIP : retour, réinstallation ou intégration.

La dernière option implique d’accepter l’idée que leur statut n’est pas temporaire et de passer de solutions d’aide humanitaire à court terme à un effort à plus long terme pour leur apporter services de base, perspectives économiques et logements.

« Pour ce qui est d’une solution à long terme, nous parlons de personnes dans leur propre pays qui ont le droit de choisir où elles veulent vivre », a déclaré à IRIN Bo Schack, représentant du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) en Afghanistan.

Ceux qui souhaitent s’installer sont confrontés à des obstacles tels que des droits fonciers limités, l’absence de documents juridiques et des conditions de vie difficiles qui font d’eux les plus vulnérables du pays.

Beaucoup vivent dans des tentes ou dans de simples abris en terre. Un tiers des enfants issus de familles de PDIP ne vont pas à l’école et le taux de chômage chez les PDIP est élevé.

« Nous vivons dans de mauvaises conditions ici. Dix enfants sont morts de maladies respiratoires durant l’hiver dernier dans notre quartier. L’hiver est de nouveau là et la plupart de nos enfants sont malades », a déclaré à IRIN Mustafa, un PDIP à Jalalabad.

Mustafa ne compte pas rentrer dans sa région d’origine, le district de Musa Qala dans la province de Helmand qu’il a fui il y a deux ans à cause des combats entre les forces internationales et les talibans.

Les jours où Mustafa trouve du travail, sa famille peut manger ; quand il n’en trouve pas, ils ne mangent rien. Il dit qu’il n’a reçu aucune aide du gouvernement ou des organisations d’aide humanitaire. L’année dernière, sa famille composée de 10 membres vivait dans une gare routière à Kaboul, mais lorsque les travaux de reconstruction ont repris, ils ont dû partir pour finalement s’installer à Jalalabad dans la province de Nangarhar qui compte 68 432 PDIP, deuxième plus importante après la province de Hérat.

Opposition

Mais l’intégration ne se fait pas sans rencontrer d’opposition. « Nous avons parlé aux maires et aux autorités municipales, mais personne ne veut intégrer de PDIP. Ils disent qu’elles sont un mal pour la communauté ou la terre et qu’elles doivent partir », a déclaré à IRIN Abdul Samad Hami, vice-ministre du ministère afghan des Réfugiés et des Rapatriements (MoRR).
Dans le passé, le gouvernement était réticent à autoriser des améliorations structurelles dans les zones urbaines des bidonvilles, où vivent de nombreuses PDIP, par crainte d’encourager une installation permanente dans des endroits où, souvent, elles vivent illégalement.

« Il y a encore beaucoup de débats en cours avec parfois des mentalités, des suppositions et des stéréotypes qui sont difficiles à changer », a déclaré Mme Majidi.

Les municipalités craignent que des mesures publiques prises par une province pour améliorer l’intégration des PDIP n’attirent encore plus de PDIP et de migrants des zones rurales.

« Cela va être l’une des parties les plus difficiles de la politique et c’est réellement le nœud du problème pour tous les plans visant à offrir une meilleure solution au problème des PDIP », a déclaré M. Hami.

L’immigration urbaine a vu des villes comme Kaboul s’étendre rapidement, passant d’une population estimée à 1,5 million en 2001 à environ cinq millions aujourd’hui, ce qui met à rude épreuve les autorités locales.

« Nous essayons de changer le discours sur le déplacement interne, car les chiffres ne feront qu’augmenter au cours des prochaines années »

« Comme beaucoup de gouvernements dans les pays développés, à cause de l’ampleur du problème, le gouvernement afghan hésite à s’attaquer à la question du développement urbain », a déclaré M. Schack.

« C’est un énorme défi auquel s’attaquer. Il s’agit de problèmes de développement majeurs et cela devrait aussi être une plus grande priorité pour la communauté internationale, afin de financer des améliorations grandement nécessaires ».

Une nouvelle stratégie nationale pour les PDIP

Même si les PDIP arrivent à atteindre une sorte d’intégration de facto, le gouvernement afghan n’a pas de services spécifiques en place pour faciliter ce processus et aucune dépense n’a été allouée pour les PDIP cette année ou en 2012.

Cependant, grâce au soutien du HCR et d’autres organismes, une stratégie gouvernementale nationale sur les PDIP, conçue par le MoRR, prévoit de créer une approche plus structurée cette année.

Une première ébauche de la stratégie a été écrite et envoyée aux ministères du gouvernement concernés pour consultation, sans qu’il n’y ait eu aucun retour de ces derniers en janvier, date limite du délai de réponse, et les fonctionnaires du MoRR s’inquiètent du manque d’enthousiasme des autres ministères.

La stratégie veut notamment éliminer la confusion qui règne dans les rapports entre les différentes entités gouvernantes (le MoRR, l’Autorité nationale afghane de gestion des catastrophes d’Afghanistan (ANDMA) et les gouvernements de province) sur la question des PDIP.

« Il y a de gros écarts de coordination du côté du gouvernement. Au fil des ans, le nombre de PDIP n’a pas cessé d’augmenter, tout comme leurs besoins, et le gouvernement et la communauté humanitaire internationale n’ont pas été capables de répondre à ces besoins », a déclaré M. Hami du MoRR.

Le projet politique concernant les PDIP a accru la pression sur les municipalités qui doivent s’engager davantage pour favoriser l’intégration.

« Une politique nationale rendra officielle l’existence d’une population de PDIP démunie et indiquera la manière dont les responsabilités doivent être partagées. C’est un pas en avant important, car il rend le gouvernement responsable du problème », a déclaré Mme Majidi.

Ce type de document définira également les responsabilités de la communauté humanitaire. « La politique nationale aidera à établir un cadre compréhensible par tous ; plus de clarté est définitivement une bonne chose », a affirmé M. Schack du HCR.

Même entre les organisations humanitaires, la coordination peut être problématique, d’après le rapport du NRC qui critique un manque de partage d’informations, ce qui crée des obstacles pour établir un profil, aider ou assurer le suivi des PDIP : « Une fois le premier stade de l’aide d’urgence franchi, la coordination entre les organisations devient floue et les orientations de suivi et de soutien sont minimes ».

Si le HCR est responsable des PDIP déplacées à cause d’un conflit, les personnes déplacées par des catastrophes naturelles sont du ressort de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Insuffisance de l’aide humanitaire

Indépendamment des stratégies, les PDIP vont continuer à dépendre de l’aide humanitaire.

Mais les projets des organisations humanitaires dans le cadre du processus d’appels consolidés (CAP) de 2012, ont reçu seulement 45 pour cent des 448 millions de dollars demandés, en termes de pourcentages, il s’agit de la quatrième crise humanitaire la moins financée au monde.

Les organisations affirment que le déficit menace les projets de financement pour les PDIP bien que ces derniers soient l’une des priorités de l’appel de 2012.

En 2012, selon le Plan d’action humanitaire commun 2013, quelque 244 000 PDIP et réfugiés rapatriés ont reçu des kits de denrées non alimentaires (NFI). Le HCR fournit des couvertures, des réchauds et du bois de chauffe, et conduit également, dans les zones où se trouvent des PDIP, des projets à petite échelle de protection contre les inondations et de construction de routes d’accès secondaires, par exemple.

Un programme d’aide suffisamment financé et de bonnes réformes et politiques pour permettre aux PDIP d’atteindre un certain degré de sécurité, de stabilité et d’emploi, pourrait grandement diminuer leur vulnérabilité. Cela enverrait également un message positif aux 2,7 millions d’Afghans à l’extérieur du pays, la plus grande population de réfugiés au monde : ceux qui reviennent dans le pays se retrouvent souvent incapables de retourner dans leurs régions d’origine pour des raisons de sécurité et risquent de se retrouver dans des conditions semblables à celles des PDIP.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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