Diffusée la semaine dernière, la directive fait suite au témoignage de 30 femmes juives d’Éthiopie immigrées en Israël qui ont affirmé avoir été contraintes de recevoir l’injection du contraceptif pour entrer dans le pays.
Selon un rapport publié en 2010 par Isha le’Isha, une organisation de défense des droits des femmes, le contraceptif a été administré majoritairement à des juives d’Éthiopie ; 57 pour cent des femmes qui ont reçu l’injection du contraceptif en Israël sont des juives d’Éthiopie alors qu’elles représentent moins de 2 pour cent de l’ensemble de la population israélienne.
« Nous pensons qu’il s’agit d’une méthode pour réduire le nombre de naissances dans une communauté noire généralement pauvre », a déclaré à IRIN Hedva Eyal, auteur du rapport. « En fait, c’est la première fois que l’État reconnaît que cette pratique d’administrer à des immigrantes un médicament alors qu’elles n’en connaissent pas les effets secondaires, est immoral ».
La directive a été rendue publique moins de deux semaines après l’envoi par un collectif d’organisations représentant la communauté éthiopienne juive, ainsi que l’Association pour les droits civils en Israël (ACRI), d’une lettre adressée à M. Gamzo pour demander que cette pratique soit immédiatement arrêtée et qu’une enquête soit ouverte à la fois en Israël et dans les camps de transit en Éthiopie.
Le porte-parole adjoint du ministère de la Santé, Smadar Shazo, a déclaré à IRIN que si la directive a été émise après la lettre des organisations, le ministère avait déjà commencé à enquêter quelques mois plus tôt afin de déterminer qui était responsable de cette pratique à la fois en Israël et dans les camps de transit en Éthiopie.
« Nous avons commencé les recherches [pour le rapport de 2010] à la suite de l’article d’un quotidien signalant une baisse considérable du nombre de naissances au sein de la communauté éthiopienne qui est une communauté jeune et en principe fertile », a affirmé Mme Eyal.
Plus de 120 000 juifs d’origine éthiopienne vivent aujourd’hui en Israël ; 83 000 d’entre eux sont nés en Éthiopie.
De 1985 à 1991, plus de 300 000 juifs d’Éthiopie ont été évacués par avion dans le cadre de trois opérations de sauvetage après des années de guerre civile et de famine qui ont conduit des centaines de milliers d’Éthiopiens vers la capitale Addis Abeba et vers les camps de réfugiés au Soudan.
Mais leur intégration au sein de la société israélienne est difficile ; environ 52 pour cent des familles juives éthiopiennes vivent en dessous du seuil de pauvreté, ce qui ne concerne que 16 pour cent de la population juive israélienne dans son ensemble.
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