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Soulagement après la reconquête des villes au Mali

Members of Islamist group Movement for Unity and Jihad in West Africa (MUJAO), which is in control of much of northern Mali and has imposed Sharia law Brahima Ouedraogo/IRIN
Members of Islamist group Movement for Unity and Jihad in West Africa (MUJAO), which is in control of much of northern Mali (Oct 2012)
Les habitants de Gao et Tombouctou, situées au nord du Mali, ont fait part de leur soulagement après la reconquête par les forces françaises et maliennes des villes contrôlées par les milices islamistes ; ils ont indiqué qu’ils allaient désormais s’atteler à la lourde tâche de reconstruire leurs villes.

Les forces armées ont repris Tombouctou le 28 janvier, trois jours après la reconquête de Gao, ville située à l’est de Tombouctou.

À Tombouctou, les forces maliennes indiquent qu’elles n’ont rencontré aucune résistance de la part des groupes islamistes, qui ont, pour la plupart, fui la ville avant leur arrivée. Tombouctou était contrôlée par Ansar Dine, qui avait détruit des mausolées et des objets anciens classés au patrimoine de l’UNESCO.

« On était comme prisonniers dans notre ville. Tombouctou a toujours été une ville islamique, personne ne peut nous dicter de préceptes religieux. Je me suis toujours demandé au nom de quelle religion ces gens intervenaient », a indiqué le maire de Tombouctou, Ousmane Hallé Maïga, avant de remercier les troupes françaises et maliennes d’avoir libéré sa ville.

« Imposer la charia à des citoyens paisibles, des croyants, des musulmans pieux – comment cela a-t-il pu arriver ? », a-t-il ajouté.

« On peut enfin respirer », a dit Aboubacar Maïga, président du Conseil des jeunes de Tombouctou. « On peut fumer dans les rues si on en a envie, les femmes peuvent s’habiller comme elles veulent. On espère que nos parents, qui ont fui et sont maintenant des réfugiés, vont revenir aussi vite que possible pour reprendre leur vie et reconstruire cette ville magnifique ».

Les groupes islamistes avaient strictement imposé la charia (ou loi islamique) dans les régions placées sous leur contrôle ; ils ont amputé ou flagellé les personnes accusées de bafouer les règles.

Reconstruire

L’année dernière, un nombre important de bâtiments publics de la ville ont été détruits, y compris des écoles, des cliniques de santé, des monuments anciens, des hôtels et des restaurants.

« Il faudra des années pour tout reconstruire », a dit Mouna Cissé, qui travaille au marché de Tombouctou. « Autrefois, Tombouctou était une ville moderne – une ville ouverte au monde », a-t-il dit à IRIN. « Aujourd’hui, nous pouvons sortir dans les rues sans être arrêté par les djihadistes ».

Les militants islamistes ont coupé l’eau et l’électricité il y a plusieurs jours, et certains ont brûlé des manuscrits anciens dans les bibliothèques avant de prendre la fuite.

« Beaucoup à faire »

À Gao, une ville qui avait été coupée du monde pendant une semaine après la destruction du réseau téléphonique, une foule nombreuse a salué l’arrivée de l’armée malienne. Le maire de Gao, Sadou Diallo, qui s’était réfugié à Bamako, a dit aux journalistes : « Je suis un homme heureux. Je suis très heureux de voir la terre de mes ancêtres. J’appelle la population à rester vigilante, à dénoncer les islamistes qui se cachent encore dans notre ville ».

« Nous avons beaucoup à faire », a dit Oumar Touré, un ancien respecté de Gao. « Le gouvernorat a été détruit, les locaux de la police et de la police militaire ont été bombardés. Nous allons devoir reconstruire les infrastructures de A à Z pour que l’économie reparte », a-t-il dit.

« La priorité est de réparer les écoles détruites pour que les enfants soient instruits et de rétablir les centres de soins de santé endommagés ainsi que l’hôpital », a-t-il dit à IRIN par téléphone depuis Gao.

Des jeunes hommes ont dit aux journalistes d’IRIN qu’ils avaient d’autres priorités : « Bientôt on rouvrira les bars où l’on peut boire de la bière et danser », a dit à IRIN Modibo Ongoinba, un jeune de Gao.

Une situation humanitaire fragile

Dans le Nord, les conditions humanitaires sont fragiles, ont prévenu les agences d’aide. Oxfam a indiqué que l’accès des habitants aux produits alimentaires s’était considérablement dégradé et que la population avait du mal à s’en sortir, car les axes de ravitaillement ont été coupés et les marchés fermés, les fonds disponibles sont bloqués, les prix des produits alimentaires ont enregistré une augmentation et les stocks s’amenuisent.

L’offensive militaire a perturbé un peu plus l’approvisionnement en produits alimentaires de Gao, qui avait déjà été touchée par des pénuries lors de la crise alimentaire de 2011-2012. Les principaux commerçants auraient fui la ville et les prix des produits alimentaires sont en hausse, a indiqué l’organisme humanitaire Oxfam dans une déclaration.

« Les prix des produits alimentaires ont augmenté de près de 20 pour cent depuis le début de l’intervention militaire au mois de janvier. Avant l’intervention, un sac de 50 kg de riz coûtait 34 dollars. En seulement deux semaines, le prix est passé à 41 dollars et le riz est une denrée de plus en plus rare », a dit Oxfam.

Comme d’autres organismes, l’organisation humanitaire Action contre la faim (ACF) avait continué à travailler dans le Nord, mais avait restreint ses programmes d’aide aux villes principales, comme Ansongo, Bourem, Gao et Ménaka, selon une déclaration en date du 25 janvier.

Environ 15 pour cent des enfants de Gao souffrent de malnutrition aigüe.

Le colonel Didier Dacko, chef des opérations de l’armée malienne, a indiqué que l’armée organisait un pont aérien pour transporter des médicaments destinés à l’hôpital et du carburant pour faire fonctionner les générateurs de la ville de Gao.

Les forces maliennes continueront à traquer et à déloger tous les militants encore présents dans la ville, a-t-il dit.

sd/aj/ob-mg/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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