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Face à l'insécurité, les Nations Unies réduisent leurs effectifs et leurs déplacements

The remnants of a mortar shell that fell in a public park in a posh neighbourhood of Damascus, Abu Rumaneh, in November 2012 Heba Aly/IRIN
The remnants of a mortar shell that fell in a public park in the Abu Rumaneh neighbourhood of Damascus. (Nov 2012)

En raison de l'insécurité qui se rapproche de la capitale, les agences des Nations Unies en Syrie délocalisent leur personnel et limitent leurs déplacements.

Les Nations Unies ont décidé de transférer à l'extérieur du pays tout le personnel dont la présence en Syrie n'est pas essentielle et de suspendre toutes les visites de terrain en dehors de la capitale.

« La situation sécuritaire est devenue extrêmement difficile, même à Damas », a dit à IRIN Radhouane Nouicer, coordinateur humanitaire régional en Syrie. « Tant que le droit humanitaire international n'est pas complètement respecté par toutes les parties au conflit et tant que la sécurité des travailleurs humanitaires n'est pas totalement assurée, les agences des Nations Unies doivent revoir l'ampleur de leur présence dans le pays ainsi que leur façon d'acheminer l'aide humanitaire. »

Huit membres du personnel des Nations Unies ont été tués depuis le début du conflit, pour la plupart en raison de l'insécurité générale. Dix-huit bénévoles du Croissant-Rouge arabe syrien ont connu le même sort, dont sept pendant l'exercice de leurs fonctions.

Alors que le conflit fait rage depuis près de deux ans dans d'autres régions du pays, Damas, la capitale, était jusqu'à récemment relativement épargnée.

Pourtant, la semaine dernière, l'aéroport principal a été fermé à plusieurs reprises et les vols internationaux vers la Syrie ont été annulés après plusieurs attentats menés par des rebelles. Des membres du personnel des Nations Unies qui venaient d'atterrir ont ainsi été bloqués dans l'aéroport tandis que des affrontements avaient lieu à l'extérieur. Un autre jour, deux membres du personnel ont été blessés lorsqu'un convoi des Nations Unies a été pris dans des tirs croisés près de l'aéroport. La semaine dernière, plusieurs bombes ont explosé à Jaramana, un quartier proche du centre de Damas.

« La situation a nettement changé », a dit Sabir Mughal, conseiller principal des Nations Unies en matière de sécurité en Syrie. « Les tirs aveugles et les affrontements entre les parties ont multiplié les risques pour les travailleurs humanitaires. »

Internet a par ailleurs été coupé ce week-end dans tout le pays pendant plus de 48 heures et les communications par téléphonie mobile ont également été brièvement interrompues.

De nouvelles mesures de sécurité

Chaque agence des Nations Unies a mené une évaluation des différentes fonctions de son personnel, pour savoir lesquelles devaient impérativement être exercées en Syrie et lesquelles pouvaient être réalisées de l'étranger, au moins temporairement. Les Nations Unies n'ont imposé aucune limite maximum concernant le nombre de membres du personnel international pouvant rester en Syrie, mais 25 d'entre eux - sur un total d'environ 100 employés - pourraient quitter le pays cette semaine. Les Nations Unies ont également décidé d'annuler temporairement tous les séjours prévus en Syrie par leur personnel, à l'exception des employés des programmes d'urgence.

Certaines agences des Nations Unies délocalisent également leur personnel présent à Alep, une ville au nord du pays dont les rebelles cherchent à prendre le contrôle. En dehors de Damas, il reste au moins une agence des Nations Unies, fonctionnant grâce au personnel syrien, à Hassakeh, Qamichli, al-Raqqah, Tartous, Lattaquié, Homs, Hama, Deraa, Alep et dans les faubourgs ruraux de Damas. Un bureau du Programme alimentaire mondial (PAM) de Deir-ez-Zor a été délocalisé il y a plusieurs mois.

« Le problème est que, souvent, les employés semblent enfermés dans un bureau et ne peuvent pas sortir et se déplacer comme nous le voudrions », a dit Ruben Stewart, du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA).

Incidence sur l'accès

L'accès aux régions touchées et aux habitants dans le besoin était déjà difficile pour le personnel des Nations Unies en raison de l'insécurité, du manque d'information et de toutes les autorisations exigées à la fois par le gouvernement et par les procédures internes à l'organisation.

Pendant les deux tiers du mois de novembre, les Nations Unies ont considéré comme trop dangereuses une grande partie des principales routes du pays - entre Damas et Homs, Homs et Alep, Hama et Tartous, et Alep et Lattaquié - ou n'étaient pas suffisamment informées pour envoyer du personnel en mission en toute confiance.

Selon l'OCHA, sur les 156 missions terrestres officielles des Nations Unies en novembre, 97 avaient donc pour objectif d'amener du personnel à l'aéroport ou aux frontières avec le Liban ou la Jordanie, et seulement 59 étaient des visites de terrain.

« La situation sécuritaire empirant, les employés ne peuvent plus planifier des missions en toute sérénité », a dit M. Stewart.

Selon M. Mughal, les Nations Unies ont besoin de davantage de véhicules blindés, qui sont « essentiels à la sécurité des travailleurs humanitaires lorsqu'ils acheminent l'aide dans une situation d'insécurité accrue. »

Les règles de sécurité des Nations Unies imposent que les employés de l'organisation se déplacent dans des convois composés d'au moins deux véhicules lorsqu'ils quittent Damas. Les Nations Unies disposent de 48 véhicules blindés pour plus de 1 000 employés nationaux et étrangers. Une grande partie d'entre eux est hors service et, lorsqu'ils tombent en panne, les pièces détachées peuvent mettre des mois à arriver de l'étranger.

L'insécurité a également limité les capacités du Comité international de la Croix-Rouge et des organisations non gouvernementales (ONG) internationales, qui ne se déplacent pas dans des véhicules blindés pour se rendre sur le terrain. Une grande partie de l'aide est distribuée par les bénévoles du Croissant-Rouge arabe syrien, des ONG et des ouvres de bienfaisance locales et des associations et des militants des communautés.

Menace croissante

Les rebelles qui s'opposent au gouvernement syrien ont progressé ces dernières semaines. Ils ont abattu pour la première fois deux avions avec des missiles sol-air et pris le contrôle de bases militaires à la frontière est. Selon les analystes, les groupes armés sont plus nombreux, mieux organisés, mieux armés et ont un accès facilité.

« La situation n'est pas la même qu'il y a six mois », a dit M. Mughal.

« Les tirs aveugles et les affrontements entre les parties ont multiplié les risques pour les travailleurs humanitaires »

Les convois d'aide humanitaire se font de plus en plus souvent attaquer depuis quelques semaines. Ils sont parfois pris entre des tirs croisés, mais également interceptés spécifiquement pour les biens qu'ils transportent ou pour le véhicule lui-même. Des obus de mortier se sont abattus et des fusillades ont eu lieu à quelques pas des bureaux des Nations Unies. Les employés entendent des bombardements toutes les heures depuis leur bureau et leur résidence.

Les Nations Unies prévoient de déménager certains bureaux qui se trouvent dans les quartiers les plus dangereux de la capitale. Les employés font des réserves d'eau et de denrées non périssables et revoient leurs itinéraires d'évacuation.

Planification d'urgence

Selon les travailleurs humanitaires, le personnel national n'est pas assez bien préparé pour prendre la tête des opérations si le personnel international devait être évacué.

« Nous devrions nous concentrer sur le renforcement des capacités pour le cas où tout [le système d'aide international en Syrie] se désintègrerait », a dit un travailleur humanitaire.

Les bailleurs de fonds ont eux aussi cela à l'esprit.

« Comment allez-vous mener vos opérations si la sécurité se détériore ? » a demandé Edouard Rodier, de l'office humanitaire de la Communauté européenne (ECHO), aux agences des Nations Unies. « Les bailleurs de fonds sont manifestement préoccupés par cette question », a-t-il dit à IRIN.

De nombreuses agences ont tenté d'accélérer le recrutement d'employés locaux au cours des derniers mois afin de faire face à l'augmentation de l'ampleur des opérations « en prévision d'une détérioration probable de la situation », a dit à IRIN Elizabeth Hoff, directrice de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en Syrie. « Nous les formons tant que nous sommes ici et préparons au mieux la réponse humanitaire. »

Le PAM augmente le nombre de véhicules blindés pour chacune de ses antennes afin que les opérations de suivi puissent se poursuivre en toute sécurité. Le soutien apporté par les bureaux régionaux est également renforcé.

« Dans le cas où le personnel international des Nations Unies devait évacuer le pays, même brièvement, nous voulons nous assurer que les opérations puissent continuer à être menées le mieux possible, sans perturbation majeure de l'aide apportée aux personnes dans le besoin », a dit à IRIN Kate Newton, directrice de pays adjointe du PAM.

L'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a dû fermer certaines écoles et certains dispensaires qui avaient été ouverts pour les réfugiés palestiniens en Syrie. L'UNRWA distribue désormais des médicaments en gros, met au point des trousses d'éducation à la maison et prépare les communautés à travailler plus localement pour éviter que les habitants se déplacent loin de leur domicile pour avoir accès à des services ou pour en dispenser, a expliqué à IRIN Michael Sadleir, du bureau de l'UNRWA en Syrie.

« Nous avons des obligations envers nos bénéficiaires, mais nous ne voulons pas mettre notre personnel en danger pour remplir ces obligations. C'est pourquoi nous devons réfléchir à d'autres modes de fonctionnement. »

ha/rz-ld/amz
 


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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