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Acquérir des compétences pour la vie

Women attend an adult learning programme at a primary school in Yei, near South Sudan's border with Uganda. Only 16 percent of the country's women are literate Hannah McNeish/IRIN
Women attend an adult learning programme at a primary school in Yei, near South Sudan's border with Uganda
Un nombre croissant d’enfants non scolarisés en Afrique subsaharienne, un nombre significatif d’enfants incapables de lire une phrase complète après six ans de scolarité primaire : le dernier rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) dresse un tableau morose de l’état de l’éducation dans le monde.

Les progrès accomplis pour atteindre les objectifs fixés à Dakar il y a douze ans ont été inégaux. Selon l’UNESCO, le principal échec concerne la promesse qui y avait été faite de donner aux adolescents et aux jeunes adultes les compétences nécessaires à la vie courante.

Le Rapport mondial de suivi pour 2012, publié cette semaine, souligne qu’il est essentiel d’éduquer les jeunes de manière à ce qu’ils soient prêts pour le monde du travail. Ils devraient être capables de lire, d’écrire et de faire des additions et disposer du bon sens, de la confiance et des compétences interpersonnelles nécessaires à tout type d’emploi.

Avec la modernisation de la société, les emplois non qualifiés tendent à disparaître. Les ouvriers d’usine ou les employés domestiques doivent être capables de suivre des instructions écrites, les petits commerçants doivent savoir accomplir des formalités bureaucratiques et gérer leurs finances et les agriculteurs ne peuvent profiter des nouvelles idées s’ils n’ont pas l’éducation nécessaire pour s’en informer et les comprendre.

« L’éducation ne se limite pas à faire en sorte que tous les enfants puissent aller à l’école : elle doit aussi préparer les jeunes à la vie, en leur donnant la possibilité de trouver un emploi décent, de gagner leur vie et de contribuer à celle de la communauté et de la société auxquelles ils appartiennent. Plus largement, elle doit aider les pays à se doter de la main-d’œuvre dont ils ont besoin pour assurer leur croissance dans l’économie mondiale », a écrit Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO, dans la préface du rapport.

Pour les bailleurs de fonds internationaux, l’enseignement professionnel est le parent pauvre du secteur de l’éducation. Les donateurs ont contribué de bon cœur au deuxième objectif de Dakar, à savoir réaliser l’enseignement primaire universel gratuit et obligatoire. En revanche, selon le dernier rapport de l’UNESCO, les investissements dans l’enseignement secondaire et professionnel sont souvent restreints au profit de l’enseignement supérieur.

Bourses d’études dans les pays donateurs

Le rapport observe également que l’aide à l’enseignement supérieur prend souvent la forme de bourses permettant à des jeunes d’aller étudier dans les pays donateurs. En 2012, les trois quarts environ de l’aide directe à l’enseignement post-secondaire – quelque 3,1 milliards de dollars – étaient alloués à de telles bourses et dépensés dans le pays donateur.

En 2010, toujours selon le rapport, « près de 40 % de l’aide directe du Japon à l’éducation ont servi à financer des bourses d’études dans ce pays. Le coût d’une bourse attribuée à un étudiant népalais pour qu’il vienne étudier au Japon pourrait permettre à 229 jeunes d’avoir accès à l’enseignement secondaire au Népal. » Si une partie des fonds actuellement dépensés par les donateurs pour financer ces bourses d’études très onéreuses était utilisée pour financer l’enseignement secondaire général et professionnel, suggère le rapport, cela contribuerait à combler l’énorme déficit de compétences fondamentales.

Les auteurs du rapport ont également invité les « donateurs émergents » comme le Brésil, la Chine et l’Inde à jouer un rôle plus important. Ces pays ont en effet peu investi dans l’éducation par le passé. Ainsi, deux pour cent seulement des engagements de l’Inde – environ 950 millions de dollars annuels – en faveur d’autres pays en développement sont destinés à l’éducation. Selon les auteurs, ces donateurs pourraient avoir davantage de poids dans l’aide au développement des compétences s’ils ciblaient leur financement sur les jeunes défavorisés, tirant ainsi les leçons de leur propre expérience, qui consistait à conjuguer les investissements dans le développement des compétences, les réformes du marché de l’emploi et la réduction de la pauvreté.

Essoufflement

En ce qui concerne les mesures à prendre, la première étape est sans aucun doute de s’assurer que tous les enfants achèvent le cycle primaire. L’élan en faveur de la scolarisation des enfants imprimé par la réunion de Dakar s’est essoufflé au cours des dernières années. Le nombre d’enfants non scolarisés en Afrique subsaharienne a même augmenté entre 2008 et 2010.

Les enfants scolarisés doivent acquérir les éléments fondamentaux. Certains des faits les plus choquants révélés par cette étude concernent la qualité de l’éducation primaire dans certains pays. Le rapport observe par exemple qu’en 2008, au Ghana, plus de la moitié des femmes et plus du tiers des hommes de 15 à 29 ans ayant achevé six années de scolarité étaient absolument incapables de lire une phrase et 28 % des jeunes femmes et 33 % des jeunes hommes ne pouvaient en lire qu’une partie. Un jeune sur cinq dans les États arabes et près d’un jeune sur trois en Afrique subsaharienne ne dispose pas des compétences les plus fondamentales.

Pour ceux qui ont déjà quitté l’école, la solution pourrait résider dans les programmes de deuxième chance. L’UNESCO vante les mérites de certains de ces programmes qui existent déjà et qui sont souvent offerts par des organisations non gouvernementales (ONG), mais rappelle que seule une fraction de ceux qui en ont besoin en bénéficie.

En ce qui concerne l’enseignement professionnel, le rapport suggère que les gouvernements, les bailleurs de fonds internationaux et les fondations privées mettent leurs ressources en commun dans un fonds de formation. Ce fonds pourrait éventuellement être complété par des taxes et des prélèvements sur les entreprises qui, après tout, bénéficieront d’employés plus qualifiés. Le rapport propose également que le secteur privé participe à cet enseignement. Selon les auteurs, ce genre d’initiative a été un succès en Tunisie et au Népal. En Tunisie, un quart des chômeurs a ainsi pu bénéficier d’un programme de développement des compétences.

« L’éducation ne se limite pas à faire en sorte que tous les enfants puissent aller à l’école : elle doit aussi préparer les jeunes à la vie, en leur donnant la possibilité de trouver un emploi décent, de gagner leur vie et de contribuer à celle de la communauté et de la société auxquelles ils appartiennent »
L’Afrique du Sud a adopté une stratégie similaire. Selon le ministre de l’Éducation et de la Formation professionnelle, Emmanuel « Blade » Nzimande, tous les projets d’infrastructure en Afrique du Sud doivent désormais intégrer une composante de formation. « Si nous construisons un stade, nous devons non seulement compter le nombre de briques utilisées, mais aussi le nombre de programmes d’apprentissages liés au projet. »

« Aujourd’hui, en Afrique du Sud comme dans de nombreux pays en développement, on assiste à une situation contradictoire : le taux de chômage est élevé, mais il y a une pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Cela montre bien qu’il est essentiel d’ajuster le développement des compétences aux besoins des employeurs », a-t-il ajouté.

Exploitation des apprentis

Dans la plupart des sociétés, le secteur informel comprend une forme traditionnelle d’enseignement qui permet aux jeunes d’apprendre un métier, ce qui est en général très bénéfique et débouche souvent sur un emploi. Toutefois, en l’absence de réglementation, l’apprentissage peut donner lieu à une certaine forme d’exploitation, les jeunes étant parfois utilisés comme main-d’œuvre gratuite. Les auteurs avertissent également que les programmes d’apprentissage ne viennent pas toujours en aide aux jeunes les plus défavorisés, car les « maîtres » sont souvent réticents à l’idée de former des filles, des membres d’autres tribus ou des candidats issus de familles pauvres.

La formalisation de l’apprentissage pourrait être une solution. La création d’un diplôme national certifiant les compétences et les expériences acquises pourrait par ailleurs permettre de valoriser les formations et favoriser l’embauche des apprentis.

Les jeunes ruraux sont les plus difficiles à atteindre, mais des fermes-écoles innovantes en Afrique de l’Est offrent un exemple de ce qui peut être fait. Pour les jeunes ayant participé à de tels programmes, la valeur des cultures à l’acre a augmenté de 32 % en moyenne et de 253 % chez les exploitants dénués d’éducation formelle. La progression des revenus s’est établie à 61 % en moyenne, mais à 224 % pour les chefs de famille qui n’avaient jamais été scolarisés.

Les sociétés et les individus ont tout à gagner de la mise en place de l’éducation pour tous. Le rapport rappelle que les investissements dans l’éducation et le développement des compétences ont été à la base de l’essor économique spectaculaire des « tigres » asiatiques. L’Afrique commence à se développer et certains pays du continent aspirent à entrer dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire. L’heure est donc venue de commencer à préparer les futurs travailleurs nécessaires à cette transition.

eb/cb-gd/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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