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Dix dimensions de la crise à suivre

People displaced by the Syrian conflict are housed in schools and public buildings, like training institute, still under construction in Homs. Ben Parker/OCHA
Alors que le monde a les yeux rivés sur les combats secouant quotidiennement le pays, et sur les réfugiés fuyant vers les pays voisins, la situation humanitaire à l’intérieur du pays passe largement inaperçue. IRIN présente dix points importants à suivre :

Une menace plane sur l’année scolaire

Environ un million de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDI) sont hébergées dans des bâtiments publics, dont des écoles. Des milliers d’enfants risquent donc de ne pas avoir accès à l’enseignement à la rentrée. (Les cours devaient débuter la semaine prochaine, mais la rentrée devrait être reportée). Aucune alternative n’a été proposée aux PDI, mais d’autres solutions comprennent l’installation des déplacés dans d’autres bâtiments publics, comme des salles de sport ou des centres de vacances pour adolescents, ou encore la mise en place d’un système à double vacation afin que certaines écoles puissent continuer à accueillir des déplacés. Un comité ministériel a été récemment créé pour assurer le suivi des familles déplacées et les reloger. Les travailleurs humanitaires soulignent que le relogement des déplacés doit s’effectuer sur la base du volontariat.

Une pénurie de médicaments

La Syrie connaît une grave pénurie de médicaments et de produits pharmaceutiques. Autrefois, le pays était quasiment autonome en matière de production de médicaments, mais la destruction des usines pharmaceutiques et des installations de stockage, notamment à Alep, a laissé un vide. Les patients atteints d’hépatite, de diabète ou de cancer et suivant un traitement quotidien sont particulièrement dans le besoin. Pendant ce temps, le nombre de personnes gravement blessées et nécessitant des soins médicaux augmente, parallèlement au nombre de victimes. L’accès aux centres de santé est devenu difficile voire impossible dans certaines régions en raison des violences, de la présence de points de contrôle, et de la pénurie de carburant. Les partisans de l’opposition font rarement confiance aux hôpitaux publics, ayant peur d’être arrêtés par la police ; de plus, de nombreux personnels de santé ne se rendent plus à leur travail.

Des boulangeries prises pour cible

Alors que l’insécurité alimentaire s’accroît, les boulangeries sont visées, déclarent des groupes de défense des droits de l’homme. Un bulletin du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) publié début septembre, indique que des civils auraient été pris pour cible alors qu’ils achetaient de la nourriture et d’autres produits de nécessité ou qu’ils essayaient d’évacuer des blessés. Selon Human Rights Watch, les avions et l’artillerie syriens ont fait de nombreuses victimes lors de l’attaque aérienne d’une dizaine de boulangeries à Alep au cours des dernières semaines. De manière générale, l’insécurité alimentaire en Syrie s’est aggravée au point que trois millions de personnes ont désormais besoin d’aide alimentaire, selon les Nations Unies et le gouvernement syrien.

L’hiver approche

La situation humanitaire risque de se détériorer davantage à l’approche de l’hiver. Les hivers syriens peuvent apporter des températures près de zéro et des vents froids ; les travailleurs humanitaires craignent que les déplacés connaissent des difficultés cet hiver s’ils ne reçoivent pas une préparation adéquate. Cependant, en raison du manque de ressources et des nouvelles vagues de violence, bon nombre d’agences humanitaires n’ont pas les moyens de préparer l’arrivée du froid. « L’hiver pourrait être assez sévère en Syrie », a dit à IRIN Radhouane Nouicer, coordinateur régional humanitaire des Nations Unies. « En raison de la crise du fioul, du manque d’hygiène, d’eau et de systèmes de chauffage, l’hiver pourrait malheureusement tourner à la tragédie pour bon nombre de Syriens ».

People queue to buy bread in Aleppo, Syria
Photo: George Kurian/IRIN
Des habitants d’Alep font la queue devant une boulangerie
Un chômage en forte hausse


Dans certaines régions du pays, le taux de chômage a plus que quadruplé, selon les statistiques fournies par le gouvernement en décembre dernier. Il est passé de 9 pour cent en 2010 à 15 pour cent en 2011. Le nord-est du pays a été particulièrement touché : dans le gouvernorat d’Ar-Raqqah, le taux de chômage est passé de 7 pour cent à 22 pour cent, soit une augmentation de 222 pour cent ; à Hassakah, il est passé de 15 pour cent à 39 pour cent ; à Deir-ez-Zor, de 13 à 24 pour cent ; et à Homs, de 7 à 17 pour cent. Les travailleurs humanitaires indiquent que les chiffres du chômage devraient augmenter en raison des sanctions économiques et des violences qui secouent le pays quotidiennement.

Un manque de financement dans les secteurs clés

Si le financement de la réponse humanitaire est globalement faible, certains secteurs ont été quasiment oubliés. Ainsi, les coûts de coordination ont été financés à plus de 100 pour cent, mais les coûts des produits alimentaires n’ont été financés qu’à 50 pour cent environ ; seuls 12 pour cent des fonds demandés pour les coûts liés à l’eau et à l’hygiène ont été versés. « Il y a une grande inquiétude [au sein des Nations Unies] concernant les problèmes que le manque d’eau propre ou potable pourraient provoquer », a dit à IRIN Paul Stromberg, représentant adjoint du Haut Commissariat des Nations Unies en Syrie, au mois de juillet. « [L’été], dans beaucoup de régions, il fait entre 37 et 40 degrés. Si les gens ne peuvent pas se laver et qu’il n’y a pas d’installations sanitaires, de nombreux problèmes risquent d’apparaître dans ce climat ». Des cas de gale et de poux ont été signalés à Alep, et des cas de diarrhées ont été signalés à Homs et dans les faubourgs ruraux de Damas.

Une augmentation de la criminalité

Alors que les violences et le chaos gagnent l’ensemble du pays, on note une augmentation des enlèvements à des fins d’extorsion. Les enlèvements pour des motifs religieux et politiques ont été déjà bien documentés, mais selon les habitants de plusieurs villes syriennes, les enlèvements sont de plus en plus souvent effectués pour obtenir une rançon ou pour assouvir une vengeance personnelle ; les actes criminels commis pour obtenir de l’argent se multiplient dans les régions où l’ordre n’est pas respecté. Souvent, les enlèvements sont motivés par des raisons financières, politiques ou privées. « En ce moment, personne n’est à l’abri d’un enlèvement », a dit à IRIN Rami, un habitant de Damas.

Les réfugiés non-arabes

Depuis plusieurs années, la Syrie accueille plus d’un million de réfugiés irakiens et un demi-million de réfugiés palestiniens. Mais, fait moins connu, le pays accueille également des milliers de réfugiés non-arabes. À Damas, des réfugiés originaires d’Afghanistan, du Soudan et de la Somalie hébergés dans des écoles ont été priés de partir et de s’installer dans d’autres lieux d’ici à la fin du mois d’août, selon le HCR. Ces réfugiés disposent de ressources limitées pour trouver un autre logement et sont particulièrement vulnérables, bien que le HCR ait versé des fonds pour louer des logements.

Moins de lieux de refuge

La détérioration des conditions de vie et la recrudescence de la violence en Syrie compliquent les recherches de logement des civils déplacés. De plus en plus de villages sont désertés ou détruits ; il y a de moins en moins de place dans les bâtiments publics et les communautés hôtes ont une capacité réduite pour accueillir les déplacés. Les activistes syriens accusent également le gouvernement d’effectuer des destructions punitives ou de brûler des logements. À mesure que les fronts se multiplient, les déplacements deviennent plus chaotiques : les familles sont souvent obligées de fuir les violences pour la deuxième ou troisième fois, et sont en compétition les uns avec les autres pour trouver des abris.

Les enlèvements de réfugiés irakiens

L’instabilité qui règne en Syrie a permis aux Irakiens de régler de vieux comptes avec d’autres citoyens irakiens installés en Syrie. Une série d’enlèvements a été signalée au cours de ces derniers mois, selon un responsable du HCR, particulièrement dans le district rural de Sayeda Zeinab  près de Damas, une zone où se concentrent les réfugiés irakiens.

ag/ha/cb-mg/

Sources :
Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies en Syrie
Organisation mondiale de la santé (OMS)
Discours du Vice-Secrétaire général des Nations Unies Jan Eliasson devant le Conseil de sécurité le 30 août
Interview du Coordinateur régional humanitaire des Nations Unies en Syrie Radhouane Nouicer par IRIN
Human Rights Watch
Bureau central des statistiques
Service de suivi financier des Nations Unies
International Crisis Group


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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