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Des enfants et des jeunes fuient l’enrôlement du M23

Child soldiers guard a road near Bunia, Ituri region (file photo) UNICEF/HQ03-0555/LeMoyne
D’après les ONG, des milliers d’enfants et de jeunes hommes fuient les zones contrôlées par les rebelles dans la province du Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo, pour échapper au recrutement imposé par les insurgés.

« Un jour, cinq rebelles du M23 ont surgi dans notre ville [Rugari, au nord de Goma, la capitale du Nord-Kivu]. Ils sont allés demander au chef de leur indiquer les maisons où ils pouvaient trouver des jeunes hommes. Le chef a résisté, ils l’ont attaché et sont allés fouiller les maisons jusqu’à ce qu’ils arrêtent 36 enfants et les [ont emmenés] ailleurs pour les entraîner au combat », a déclaré à IRIN Barthelemy Schilogolo, responsable de l’ONG locale, Paix et Justice pour la Réconciliation.

Le M23 – un groupe d’anciens soldats des Forces armées de la RDC (FARDC) qui s’est mutiné en avril – affronte les troupes gouvernementales dans le Nord et dans le Sud-Kivu ; le conflit a provoqué le déplacement de près de d’un demi-million de personnes. Un certain nombre d’autres milices locales – connues sous le nom de Maï-Maï – ont pris part au conflit et ont également été accusées de violer les droits humains.

Selon M. Schilogolo, les combattants du M23 subissent des pressions pour augmenter le nombre de recrutés. « Tous les deux jours, des commandants du M23 arrivent de Bunagana [une ville tenue par le M23 à la frontière entre la RDC et l’Ouganda] à Rugari et effectuent des patrouilles régulières pour contrôler la façon dont les combattants maintiennent leurs positions. J’ai vu dans certaines zones un commandant de front enlevé de force lorsqu’il n’est pas capable de montrer combien de nouvelles recrues il a engagé », a-t-il dit.

L’ONG Vision du Monde a récemment souligné le problème, signalant que près de 200 enfants avaient été forcés de prendre part au conflit. L’organisation affirme que la majorité des réfugiés – qui seraient 57 000 selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires – en fuite vers les pays voisins ; le Rwanda et l’Ouganda, sont des enfants, et des témoignages affirment qu’ils fuient le recrutement forcé dans les groupes armés.

Le Haut Commissariat aux droits de l’homme a également rapporté que plus de 100 civils – pour la plupart, de jeunes hommes âgés de 24 ans ou moins - ont été enrôlés de force par le M23 ces quatre derniers mois.

Auguy Sebisimbo a été recruté de force parmi quinze autres jeunes – y compris des enfants âgés de 12 ans – par le M23 en juillet dans sa région, Rutshuru, la ville principale de la zone contrôlée par le M23.

« Ils nous ont emmenés à Bunanga, nous ont donné des armes et des uniformes militaires sans aucun entraînement, à part quelques exercices pour nous apprendre à tirer », a-t-il déclaré à IRIN.

Une semaine après sa capture, il a fui lors de combats ayant fait rage toute une journée entre le M23 et les FARDC ; maintenant, il est rentré chez lui, il dit que le conflit continue à lui rendre la vie difficile. « Nous existons, mais nous n’avons pas l’impression de vivre, car si les rebelles te recrutent de force et t’envoient en première ligne, tu risques de mourir. Sinon, ce n’est pas facile de supporter les coups de feu intenses qui sont traumatisants. C’est comme si tu étais mort », a-t-il déclaré.

Selon un communiqué de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO), au moins 26 enfants auraient été recrutés de force par le M23 depuis avril 2012, même si certaines informations évoquent un nombre bien plus élevé ; au total, la mission rapporte que plus de 150 enfants ont été recrutés par des groupes armés dans l’est de la RDC depuis début 2012. Des personnes interviewées ont raconté comment elles avaient été contraintes de porter des marchandises pillées, du matériel et des munitions sur de longues distances. À leur arrivée à destination, elles avaient reçu des uniformes et des armes, et avaient dû suivre un entraînement militaire dans des camps.

La mission a ajouté que d’autres témoignages faisaient état de l’exécution de civils ayant refusé d’être enrôlés.

« Même si le recrutement forcé dans différents groupes armés a longtemps caractérisé le conflit en RDC, cela a considérablement augmenté depuis le récent regain de tensions dans l’est et, en particulier, depuis les actions du M23 sur le territoire de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu », a déclaré dans un communiqué le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en RDC, et chef de la MONUSCO, Roger Meece. « L’exploitation d’enfants et de jeunes dans le conflit armé créera des générations entraînées dans la violence, déchirant le tissu de la société congolaise ».

pc/kr/rz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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