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Investir pour contrecarrer « l’échec » de la planification familiale

A baby is wrapped in cloth around her mother at the overcrowded war at the Jose Fabella Memorial Hospital in Manila Jason Gutierrez/IRIN
Le Département de la santé a indiqué que cet argent permettra d’acheter « des produits et fournitures de planification familiale » - l’euphémisme officiel utilisé pour désigner les préservatifs, dispositifs intra-utérins (DIU), contraceptifs oraux et autres – et de les distribuer à grande échelle, pour la première fois, dans les centres communautaires sous-financés installés dans le pays.

Cette décision est controversée : les responsables de santé publique et les acteurs de la planification familiale eux-mêmes reconnaissent ne pas savoir si elle sera mise en œuvre par des responsables locaux qui craignent de provoquer le mécontentement de l’Église ou de perdre les votes des catholiques.

L’Église désapprouve l’utilisation des contraceptifs et dissuade les Philippins d’en utiliser, et le soutien apporté par le gouvernement aux programmes de planification familiale est donc généralement limité. Les tentatives précédentes visant à renforcer les services de planification familiale ont échoué car le contrôle strict exercé par le Congrès a conduit à l’abandon de tout programme prévoyant l’achat et la distribution de contraceptifs.

L’argent investi dans cette dernière initiative relative à la planification familiale proviendra du budget général de 2012 qui s’élève à 990 millions de dollars. Les responsables du Département de la santé indiquent que la décision vise à réduire le taux de mortalité maternelle, qui est passé de 162 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2006 à 221 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2011 – soit une augmentation de 35 pour cent – selon l’enquête sur la santé familiale réalisée par le gouvernement en 2011.

Les responsables de la santé indiquent qu’à ce rythme, les Philippines ne devraient pas atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) des Nations Unies consistant en une réduction de trois quarts du taux de mortalité maternelle de 1990, d’ici 2015.

« Les Philippines ont développé leur programme de planification familiale dans les années 1970, alors que nous avions un nombre d’habitants similaire à la Thaïlande, soit environ 40 millions. Mais aujourd’hui, notre population s’élève à environ 95 millions d’habitants, tandis que la Thaïlande ne compte que 65 millions d’habitants » ; a dit Esmeraldo Ilem, directeur du Jose Fabella Memorial Hospital, la maternité publique de la capitale Manille.

« Cet écart … est attribué au grand succès rencontré par le programme [de planification familiale] thaïlandais », a-t-il dit. « En d’autres mots, notre programme a été un échec ». Les couloirs sombres de l’hôpital et le service de maternité continuellement surchargé pourraient symboliser la gestion inadéquate du secteur de la santé.

Une proposition de loi sur la santé reproductive, qui prévoit l’attribution de fonds pour l’achat de contraceptifs et l’introduction à l’éducation sexuelle des élèves du cycle d’enseignement primaire, a fait l’objet de vifs débats au Congrès au cours de ces deux dernières années, et son adoption ne devrait pas intervenir tout de suite.

Les gouvernements étrangers et les organisations non gouvernementales (ONG) ont jusqu’à présent comblé les manques, mais la crise financière internationale et les changements de priorités géopolitiques les ont forcés à réduire leur aide, indique les responsables du gouvernement philippin. En 2005, les bailleurs de fonds ont versé 4,4 millions de dollars destinés à l’achat de contraceptifs, le gouvernement américain ayant versé une grande partie de cette somme, selon la Coalition pour l'approvisionement en matière de produits contraceptifs (Reproductive Health Supplies Coalition), un partenariat public-privé qui contrôle les envois de fournitures de santé reproductive.

Les fonds alloués à l’achat de contraceptifs étaient deux fois moins importants en 2011. La Fédération internationale pour les naissances planifiées (International Planned Parenthood Federation), Marie Stopes International – une ONG internationale qui intervient dans le domaine de la santé reproductive – ainsi que le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), ont versé 2,2 millions de dollars pour l’achat de contraceptifs, dont 836 000 dollars versés par l’UNFPA.

En conséquence, quelque six millions de Philippines ont fait état d’un « besoin non satisfait » en matière de services de planification familiale modernes, selon le Département de la santé.

« Ces femmes, qui sont trop âgées ou trop jeunes pour donner naissance à un enfant, ou celles qui ont déjà trop [d’enfants], viennent toujours ici et continuent à avoir des enfants, car elles ne bénéficient pas d’un accès adapté aux services de santé », a dit M. Ilem alors qu’il faisait sa tournée dans les services surchargés de l’hôpital Fabella.

La ville de Manille abrite les bureaux nationaux de l’Église catholique du pays, dont plus de 80 pour cent des habitants se disent catholiques.

« À Manille, il n’y a pas de centres de soins de santé proposant des contraceptifs gratuitement ». La ville a interdit les contraceptifs dans les centres de santé publics il y a une dizaine d’années.

Le président Benigno Aquino, élu en 2010 sur la promesse de mettre fin à la pauvreté, a commencé par apporter son soutien à la loi sur la santé reproductive, mais sous la pression intense des autorités de l’Église, dont l’opinion sur les questions importantes forme l’opinion publique, il a revu sa position.

« Nous n’atteindrons pas les OMD [Objectifs du Millénaire pour le développement] relatifs à la santé maternelle », a dit M. Ilem. « Mais ces dépenses nous permettrons au moins de sauver notre programme de planification familiale en … met[tant] les contraceptifs à la disposition de la population ».

Les statistiques et les acronymes ont peu de signification pour les femmes comme Irish Gili, 31 ans. Cette mère de huit enfants vient de donner naissance à son dernier enfant à l’hôpital Fabella. Elle n’a jamais reçu de conseils de planification familiale et n’a jamais eu accès à des contraceptifs gratuits. Elle a failli mourir en donnant naissance à son septième enfant et elle est à nouveau tombée enceinte, à peine un mois après avoir accouché.

« On m’a déjà conseillé de subir une ligature [des trompes] », a-t-elle dit. « Je pense que je vais devoir le faire maintenant. J’ai tellement de bouches à nourrir et mon corps ne supportera pas un autre accouchement ».

aag/pt-mg/


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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