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Les criquets pourraient envahir le nord où règne l'insécurité

Desert locust could spread in northern Mali due to insecurity Bogdan Suditu/flickr
Desert locusts likely to invade northwestern Africa
Des nuées de criquets pèlerins se sont abattues sur le nord du Mali tenu par les rebelles et où l'insécurité a entravé la lutte antiacridienne, laissant craindre que les insectes ne dévastent un pays déjà frappé par la sécheresse, les conflits et le déplacement de plus de 360 000 personnes.

Des essaims d'ailés immatures ont envahi Kidal et Aguel'hoc au nord du Mali passé aux mains de combattants islamistes et d'autres rebelles armés, après un coup d'État militaire dans la capitale, Bamako, qui a renversé le président Amadou Toumani Touré en mars.

« Il est difficile de savoir exactement quelle est la situation car il est risqué d'envoyer des équipes scientifiques sur le terrain. Nous ne pouvons plus évaluer ou lutter contre les criquets », a dit Manda Sadio Keita, responsable de programme de l'organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) au Mali.

La lutte contre le criquet pèlerin, qui est l'une des environ 12 espèces d'orthoptères à antennes courtes, est extrêmement difficile car ce dernier évolue sur un territoire immense pouvant couvrir 30 millions de kilomètres carrés et parfois caractérisé par l'insécurité, le manque de routes et l'isolement, entre autres facteurs, selon la FAO.

Les criquets se déplacent avec le vent, à une vitesse comprise entre 16 et 19 km à l'heure, et peuvent parcourir une distance de 130 km par jour. « Le Mali est le plus important pays du Sahel en termes de protection [contre l'invasion acridienne, mais] c'est le maillon faible », a ajouté M. Keita.

Les insectes se sont propagés vers le sud depuis les zones touchées le long de la frontière entre l'Algérie et la Libye, où les essaims sont réduits grâce aux mesures de contrôle. Cependant, début juin, la FAO a déclaré que le nord du Niger était également infesté.

En 2004, des nuées de criquets atteignant parfois 20 km de long et 5 km de large ont ravagé des pâturages, des cultures et la végétation dans le Sahel, de Dakar - la capitale du Sénégal sur la côte atlantique - à N'Djamena - la capitale du Tchad -, un demi-continent plus loin.

Rien ne prouve que les invasions de criquets aient lieu à intervalles réguliers. « Il nous faut faire plus de recherches. Nous avons du mal à comprendre pourquoi il y a des criquets une année sur deux », a dit le Dr Amadou Diarra, spécialiste de la lutte antiacridienne à l'Institut du Sahel, un centre de recherche régional.

« Après 2004, nous avons organisé des séminaires régionaux, nous nous sommes mobilisés et avons commandé beaucoup d'insecticides, ce que nous n'avions pas fait lors de la dernière invasion. Le pays a retenu la leçon », a déclaré M. Diarra.

Les récentes pluies diluviennes au Mali ont fait pousser la végétation, ce qui peut favoriser la croissance et la propagation de ces insectes voraces. Avant que les rebelles ne prennent le contrôle au nord du Mali, les autorités s'étaient préparées à une possible invasion de criquets.

Mais les rebelles ont saccagé et pillé les entrepôts où les produits chimiques étaient stockés, dans la ville de Gao, au nord. Ils se sont emparés d'une trentaine de camionnettes de livraison utilisées pour la distribution ainsi que d'autres équipements, et ils ont occupé les bâtiments d'un centre de lutte antiacridienne. « Le Mali aurait pu lutter efficacement contre les insectes si la base n'avait pas été détruite », a dit à IRIN M. Keita.

Personne ne sait vraiment où se trouvent les millions de litres de produits chimiques toxiques maintenant, et des craintes existent sur les effets qu'ils pourraient avoir sur l'homme et l'environnement s'ils sont mal utilisés ou jetés sans précaution.

Desert locusts over Eilat, Israel
Photo: Niv Singer/Flickr
Des criquets pèlerins au-dessus d'Eilat, en Israël
« S'ils ont été déchargés dans la nature, cela provoquerait une crise environnementale grave. Les gens qui habitent près des rivières souffriraient de graves problèmes de santé », a averti M. Keita. Seul un centre de lutte antiacridienne subsiste désormais, situé hors de Bamako, dans le sud.

Plan d'action

La première mesure de contrôle pour arrêter la propagation des criquets est de mettre en ouvre des opérations dans le nord et de pulvériser des pesticides sur les insectes avant que leurs ailes ne poussent. Mais dans ce vaste territoire tenu par les rebelles, les obstacles liés à l'insécurité et à la logistique, dans un pays qui lutte pour résoudre la crise politique apparue après le coup d'État, rendent ce scénario improbable.

La méthode étudiée par le ministère de l'agriculture est d'organiser des opérations de lutte antiacridienne au nord du Mali et le long de la frontière avec le Niger, son voisin de l'est, jusqu'au Burkina Faso, au sud. Ce serait réalisable dans les circonstances actuelles, mais cela pourrait coûter 780 millions de francs CFA (environ 1,5 million de dollars) selon la FAO.

En juin, le gouvernement malien a débattu la possibilité de mener une opération en collaboration avec la FAO, le Comité permanent Inter-États de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS) et d'autres acteurs. « Cela devient de plus en plus important de mettre en place une ligne de défense le plus tôt possible », a dit Modibo Traoré, un responsable de programme de la FAO.

Les pays du Sahel font face à de graves pénuries alimentaires qui ont touché plus de 18 millions de personnes mais, dans un Mali en proie aux divisions politiques et aux conflits non résolus, une invasion de criquets serait désastreuse.

Des opérations d'aide ont été interrompues après que des rebelles aient pillé les véhicules et les équipements de plusieurs organisations humanitaires lorsqu'ils ont déferlé sur le nord du Mali après le coup d'État, laissant les habitants frappés par la sécheresse sans secours. Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) estime que plus de 3,5 millions de Maliens souffrent de la faim.

« S'il y a une invasion comme en 2004, ce sera une catastrophe », a dit M. Keita de la FAO. Les cultures et les pâturages seront détruits et les éleveurs de bétail nomades perdraient leurs troupeaux.

mab/ob/he- fc/ag/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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