Récemment, il a échappé de justesse à l’attaque d’un groupe de manifestants juifs dans la ville qui avaient saccagé des magasins appartenant à des Africains et avaient passé à tabac des Africains. Un policier lui a montré les manifestants juifs qui arrivaient dans sa direction et lui a dit : « Cours, ils vont te tuer ! Cours ! ». M. Alu a parlé à IRIN de son expérience et de ses craintes:
« J’ai peur même maintenant. Je suis constamment harcelé par les habitants juifs israéliens du quartier.
« Ils viennent ici et disent : ‘Que faites-vous ici ? C’est notre pays, retournez chez vous ; retournez au [Sud-Soudan]’. J’ai quitté le [sud du] Soudan quand j’étais petit à cause de la guerre et ici, maintenant, je connais encore la guerre.
« Quand j’avais sept ans, j’ai vu ma mère et mon père se faire assassiner par des miliciens. J’ai fui le village seul. À ce jour, je ne sais toujours pas ce qui est arrivé à mes frères. Aujourd’hui, 28 ans après, je continue à chercher, à demander aux autres réfugiés s’ils les ont rencontrés ou entendu parler d’eux.
« J’ai fini par me retrouver en Egypte. Là-bas, les demandeurs d’asile ne pouvaient pas travailler légalement. Au Caire, j’ai participé à un sit-in devant le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés [HCR] pour manifester contre les conditions des demandeurs d’asile africains en Egypte. Les 3 000 manifestants qui ont campé dehors pendant trois mois fin 2005 demandaient au HCR de les aider à partir vers d’autres pays.
« Le 30 décembre 2005, quelque 4 000 policiers égyptiens ont pris d’assaut le campement des manifestants. Ils ont utilisé des canons à eau contre la foule, qui comptait des femmes et des enfants, et ont frappé les manifestants à coups de bâtons. Plus de 20 Africains ont été tués, dont une petite fille de quatre ans. Le ministère de l’Intérieur égyptien a dit qu’un mouvement de panique était responsable de ces morts, même si les informations relayées par les médias mettent en doute cette déclaration.
« Ayant peur pour ma vie, j’ai fui en Israël. J’avais entendu dire que le voyage à travers le Sinaï était dangereux alors j’ai laissé mon épouse, ma fille de deux ans et demi et mon fils, bébé, derrière moi. Je les ferais venir quand je serais installé quelque part et que la situation se stabiliserait.
« Après la traversée vers Israël début 2006, je suis resté en prison pendant un an. Je vis au sud de Tel Aviv depuis que j’ai été relâché.
« Maintenant nous devons partir [d’Israël]… mais il n’y a nulle part où aller.
« Je veux rentrer chez moi et aider à construire le Sud-Soudan, qui est indépendant depuis moins d’un an, mais je ne me sens pas en sécurité d’y retourner. C’est un petit pays et il y a des combats.
« Où est mon avenir ? Où est mon avenir ? C’est ça mon avenir ?
« Je veux pouvoir faire quelque chose pour [le Sud-Soudan] mais quand j’y retournerai, je [n’aurai] pas d’argent, pas d’éducation, rien [pour contribuer à la construction du pays]. Juste moi-même, moi et le peu d’habits que je mettrai dans un sac en plastique.
« Les demandeurs d’asile ne veulent pas être riches. Non, nous sommes des gens [humbles]. Nous voulons seulement quelque chose à manger, nous voulons bien dormir, nous sentir en sécurité – c’est tout. »
Voir aussi : ISRAËL: Escalade des tensions entre les locaux et les migrants
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