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Les soins de santé sous les feux croisés

[Pakistan] A doctor tends to a young woman at the PIMA field hospital in Muzaffarabad, after her house collapsed on her nearly three weeks after the 8 October quake. [Date picture taken: 10/30/2005] David Swanson/IRIN
Visa facilitation can prove key in getting assistance to those who need it most
Coincés dans une voiture sous des tirs nourris, Mohammed Mohammedi et son collègue de travail s’étaient promis d’informer la famille de l’autre si l’un d’eux s’en sortait vivant. Aujourd’hui, 12 ans après avoir été capturé et battu par des miliciens en Somalie alors qu’il menait une campagne de vaccination contre la poliomyélite, il prend conscience qu’il s’agissait d’« une promesse futile ».

« À la question ‘quelle est l’ampleur du problème [des attaques ciblant les infrastructures et les travailleurs de la santé] ?’, les responsables de l’OMS [Organisation mondiale de la Santé] vous répondront, s’ils sont honnêtes, qu’ils l’ignorent, car personne ne collecte ces données de manière systématique », a dit Rudi Coninx, qui fait partie de l’équipe de gestion des risques urgents et réponse humanitaire de l’OMS.

M. Mohammedi a dit qu’il avait été relâché parce que des tribus qui connaissaient le personnel de la campagne de vaccination avaient donné de l’argent aux miliciens. Si son collègue ou lui était mort, il n’y aurait eu aucun mécanisme international pour signaler qu’ils avaient été blessés en faisant leur métier de travailleur de la santé. Il n’y en avait pas à l’époque et il n’y en a toujours pas aujourd’hui.

« L’une des premières victimes de la guerre est le système de santé lui-même », a écrit Marco Baldan, chirurgien de guerre en chef du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), dans un rapport publié en août 2011 par l’agence. Le rapport indique également que la violence dirigée contre le personnel et les structures de santé est « l’un des défis humanitaires majeurs auxquels le monde fait face aujourd’hui ».

Moins d’un an après la publication de ce rapport et la mise en œuvre d’une campagne destinée à documenter et à enrayer les actes de violence ayant pour cible les infrastructures et le personnel de santé, le CICR a suspendu ses activités au Pakistan à la suite de l’enlèvement et du meurtre d’un responsable de programme qui rentrait chez lui dans un véhicule du CICR.

M. Mohammedi, responsable technique et des opérations d’éradication de la poliomyélite de l’OMS, qui travaille maintenant au Pakistan, a dit à IRIN que les travailleurs humanitaires couraient toujours de graves dangers malgré toutes les précautions qui sont prises. « L’idéal, c’est de conclure un accord avec les seigneurs de guerre, le clan [ou] le chef militaire, mais cela ne permet pas non plus de garantir à 100 pour cent la sécurité d’une personne. »

Dans deux des quatre pays où la poliomyélite est toujours endémique, soit le Pakistan et l’Afghanistan, les combats restreignent souvent l’accès des travailleurs de la santé.

Des conventions internationales telles que les Conventions de Genève ont été élaborées pour protéger les structures médicales, le personnel de santé et les véhicules identifiés qui conservent une « fonction neutre et traitent tous les patients d’une manière équitable, indépendamment de leur affiliation politique, religieuse ou ethnique ». Malheureusement, elles n’ont pas beaucoup de poids auprès des milices, a dit M. Mohammedi.

« Il ne sera jamais possible d’obtenir un accès libre si les accords sont conclus par des gens qui sont assis autour d’une table à l’extérieur des zones de conflit. Les milices ont une façon différente de penser. Pour une milice en guerre, le seul accord valide est le meurtre et les prisonniers de guerre représentent l’ennemi. »

Si les Conventions de Genève jouent un rôle important dans les négociations que l’ONG médicale humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF) doit mener pour que son personnel ait accès à certaines zones, il n’est pas toujours facile de convaincre « les acteurs non étatiques » qui ne les ont jamais approuvées de leur bien-fondé, a dit Michiel Hoffman, un conseiller en matière d’opérations pour MSF qui est basé à Bruxelles.

La Somalie est le seul pays où MSF est contraint de faire appel à des gardes privés pour protéger ses infrastructures de santé, ce qui n’est pas idéal, mais nécessaire, a dit M. Hoffman à IRIN. « Il est difficile d’offrir des soins de santé dans un contexte d’indifférence généralisée à l’égard de la vie humaine », a-t-il ajouté. « La présence d’armes à proximité d’un établissement de santé en fait aussi une cible de choix dans un contexte de conflit. »

Les infrastructures de santé sont devenues encore plus vulnérables depuis que les soldats ont pris l’habitude d’entrer dans les hôpitaux pour « régler des comptes », a indiqué Robin Coupland, conseiller médical auprès du CICR, dans le bulletin de l’OMS publié en janvier 2012.

À partir d’une revue de la littérature provenant de sources internes et publiques, le CICR a documenté 655 événements violents ayant affecté la fourniture de soins de santé dans 16 pays en conflit entre le 1er juillet 2008 et le mois de décembre 2010. Parmi ces événements, 41 pour cent ont été uniquement rapportés dans les rapports internes de l’organisation.

C’est d’abord en documentant l’ampleur du problème qu’on pourra commencer à prendre les moyens pour le résoudre, a dit M. Coninx.

Le « coût global » de la violence contre les soins de santé, et notamment de la fuite du personnel de santé, des ruptures de stock et de l’interruption des campagnes de vaccination, est également difficile à mesurer, a fait remarquer le CICR.

Le 21 janvier 2012, le Conseil exécutif de l’OMS a adopté une résolution en vertu de laquelle l’agence s’engage à collecter et à diffuser les données sur les attaques contre les établissements de santé, les agents de santé, les transports sanitaires et les patients au cours des deux prochaines années.

Cette proposition sera soumise au vote des États membres des Nations Unies le 25 mai 2012, à l’occasion de l’Assemblée mondiale de la Santé qui se tient actuellement à Genève.

pt/he-gd/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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