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Améliorer la sensibilisation aux bienfaits de l’allaitement

[Afghanistan] Sawlad Begum breast feeding in public. IRIN
Seuls 37 pour cent des nourrissons pakistanais sont nourris exclusivement au sein pendant six mois (photo d’archives)
Au Pakistan, le manque d’information concernant les bienfaits de l’allaitement pose un risque sanitaire considérable pour les nourrissons, disent les experts.

Dans la cuisine de Nargis Bibi, la boîte de lait maternisé est posée en hauteur sur une étagère à côté de deux biberons. En donnant le biberon à son premier-né, un petit garçon de presque quatre mois, Nargis, qui a été à l’école jusqu’à la fin de l’école primaire et a épousé un petit commerçant, explique à IRIN : « Je sais qu’il faut de l’eau bouillie pour mélanger la poudre et je nettoie aussi  les biberons avec de l’eau chaude. »

Elle nourrit son enfant principalement avec du lait maternisé plutôt que de l’allaiter parce qu’elle croit que « cela va le faire grandir et le rendre plus costaud. [Son] lait ne suffisait plus. » Nargis n’a pas entendu parler de la recommandation de l’Organisation des Nations unies pour la Santé (OMS) selon laquelle les nourrissons devraient être nourris exclusivement au sein jusqu’à l’âge de six mois ; elle n’est pas consciente des bénéfices de cette façon de faire. « Toutes mes sœurs ont nourri leurs bébés avec du lait maternisé et elles m’ont vivement conseillé de faire de même, » a t-elle ajouté.

« Les indicateurs que nous avons montrent que le Pakistan a pris du retard par rapport à ses voisins pour ce qui est des bonnes pratiques de l’allaitement, et cela joue un rôle important dans le taux de mortalité élevé des enfants et des nourrissons dans ce pays, » a indiqué Baseer Achakzai, directeur du département de Nutrition à l’Institut national de la Santé, à Islamabad.

Au Pakistan, le taux de mortalité des moins de cinq ans est de 87 pour 1 000 naissances vivantes, selon le Rapport sur le développement humain 2011 du Programme des Nations unies pour le développement, ce qui représente l’un des taux les plus élevés de la région.

Selon le Pakistan Demographic and Health Survey 2006-7 (Enquête démographique et de santé), seuls 37 pour cent des nourrissons sont nourris exclusivement au sein pendant six mois. C’est un pourcentage très bas quand on le compare avec les 100 pour cent d’allaitement exclusif recommandés jusqu’à l’âge de six mois, » note l’enquête. « La tendance à nourrir les nourrissons de moins de deux mois avec de l’eau (13 pour cent) ou un autre lait ??du lait (28 pour cent) est forte. A l’âge de 2-3 mois, cette tendance à nourrir le bébé avec de l’eau ou du lait s’intensifie encore. »

« Même de nos jours, il y a tant de mères qui ne sont tout simplement pas conscientes de la nécessité de l’allaitement exclusif. C’est une pratique que les travailleurs sanitaires dans les communautés et tous les pédiatres doivent absolument promouvoir de façon bien plus agressive et active, » a déclaré Anees Fatima, pédiatre dans un hôpital public.

La stérilisation incorrecte ou l’utilisation d’eau non bouillie pour diluer le lait maternisé sont parmi les causes principales de diarrhée chez les nourrissons, a t-elle dit à IRIN. « Ces infections gastro-intestinales sont une des sources majeures des morts infantiles, en particulier chez les très jeunes enfants qui se déshydratent rapidement. » Elle a aussi souligné que des études récentes menées dans le monde entier avaient démontré que l’allaitement « protégeait contre toute une série d’infections. »

Pas convaincues

Mais beaucoup de mères sont loin d’être convaincues. « Regardez-moi, je suis faible et souvent malade. Comment mon lait pourrait-il faire du bien à mon dernier bébé ? » a demandé Fakhra Bibi, 35 ans et mère de cinq enfants dans une région semi-rurale aux environs de Lahore. Plutôt que de l’allaiter, elle nourrit sa fille de deux mois avec un mélange d’eau, de miel et de lait maternisé. « Quelquefois je mets moins de poudre dans l’eau que ce qui est prescrit sur la boîte, parce que nous sommes pauvres, et nous ne pouvons pas nous permettre d’acheter des boîtes trop souvent, » a t-elle fait remarquer. Le mari de Fakhra travaille comme ouvrier agricole ; il gagne quelque 6 000 roupies (67 dollars) par mois.

« Nous essayons d’encourager toutes les femmes à allaiter, mais ce n’est pas facile de faire changer les idées. Nous essayons également de promouvoir une meilleure nutrition pour les mères, dont beaucoup sont anémiques, » a dit à IRIN Asma Akhtar, une travailleuse sanitaire qui participe à un projet gouvernemental local.

Le Pakistan a fait passer en 2002 une loi spécifique pour promouvoir l’allaitement, mais sur le terrain, cela n’a pas eu une grande influence. « J’ai vaguement entendu parler de cette loi, a dit Mme Akhtar. Mais les mères avec qui je travaille n’en ont jamais entendu parler. »

« D’ailleurs, ce qu’il nous faut, plus que des lois, c’est persuader les mères que l’allaitement exclusif pendant six mois est bénéfique pour la santé de leur bébé. Trop d’entre elles utilisent du lait maternisé, en plus de leur propre lait, parce qu’on leur a dit que c’était ‘mieux’, » a t-elle indiqué.

 « Nous devons rattraper les autres nations et nous assurer que les gens sont conscients des bénéfices de l’allaitement, » a déclaré M. Achakzai, de l’Institut national pour la Santé.

Mais pour l’instant, la tâche semble être un véritable défi, avec des gens comme Nargis Bibi qui vous disent : « On m’a dit, et je l’ai lu aussi, que le lait maternisé est plein de vitamines. Ça, c’est bon pour mon bébé. »

kh/eo/cb-og/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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