Silvia*, une mère de six enfants âgée de 33 ans qui vit désormais chez sa mère, dans l’ouest du Kenya, raconte que son couple s’est brisé après 14 ans de mariage lorsqu’elle a suivi les conseils du personnel médical et a fait venir son mari pour une visite prénatale après avoir reçu un diagnostic de VIH. « J’ai fait le test et on m’a dit que j’étais séropositive. J’ai demandé si je pouvais poursuivre ma grossesse et l’infirmière m’a assuré que c’était possible », a-t-elle dit. « Mais elle m’a demandé de venir avec mon mari lors de la visite suivante et j’ai accepté ».
Elle a convaincu son mari de l’accompagner, mais lorsque celui-ci a été diagnostiqué négatif au VIH, il l’a accusée de l’avoir trompé. « Il m’a laissée à l’hôpital... Quand je suis rentrée chez moi, il m’a battue, il a dit que l’enfant que je portais n’était pas le sien et il m’a chassée », a-t-elle ajouté. « L’infirmière pensait nous aider, mais en réalité, ça a été une véritable malédiction pour moi ».
Les recherches dans le domaine de la violence liée au genre après le dépistage du VIH demeurent limitées. Toutefois, selon une présentation effectuée par l’organisation non gouvernementale (ONG) Sonke Gender Justice Network à l’occasion de la Conférence internationale sur le SIDA qui s’est tenue en 2010 à Vienne, en Autriche, les expériences vécues par les femmes qui révèlent leur statut VIH à leur partenaire masculin sont souvent « complexes et positives ». Certaines études témoignent de taux de violence allant jusqu’à 14 pour cent, tandis que d’autres indiquent que la moitié des femmes séropositives affirment que leur partenaire a réagi de manière encourageante.
Selon Beatrice Misoga, responsable du programme de PTME pour l’AIDS Population and Health Integrated Assistance (APHIA Plus), les violences liées au genre sont plus courantes dans les relations sérodiscordantes où l’homme est diagnostiqué négatif. « La participation des hommes a permis de réaliser des progrès dans les programmes de PTME, car la prévention de la transmission de la mère à l’enfant est un problème familial. Mais, en effet, il y a eu des difficultés concernant certains aspects, comme d’éventuelles violences envers les femmes, surtout lorsque le partenaire ne veut pas participer [au programme] ».
Tensions
« Les femmes viennent à l’hôpital, mais dès que vous mentionnez leur mari, elles disparaissent. Elles reviennent parfois pour accoucher... ou alors elles vont voir des accoucheuses traditionnelles » |
Certaines femmes se retirent purement et simplement des programmes de PTME, car elles craignent d’annoncer leur statut VIH à leur mari. « Les femmes viennent à l’hôpital, mais dès que vous mentionnez leur mari, elles disparaissent. Elles reviennent parfois pour accoucher... ou alors elles vont voir des accoucheuses traditionnelles », a dit Julie Miseda, une infirmière de l’hôpital du district de Siaya, dans la province de Nyanza. « Certaines nous disent qu’elles ne sont pas mariées, mais le jour de l’accouchement, un homme se présente et affirme être le père ».
« Parfois, lorsqu’on fait participer l’homme et la femme, cela crée des tensions entre eux et ils ont tendance à ne pas dévoiler des informations cruciales comme, par exemple, des antécédents d’infections transmises sexuellement », a-t-elle ajouté.
Aider les hommes
Selon Mme Misoga, d’APHIA Plus, les établissements de santé doivent prendre conscience des besoins des hommes en matière de conseil afin de continuer à tirer parti de leur participation aux programmes de PTME. « Malgré les inconvénients, la participation des hommes apporte d’immenses avantages. Ce qu’il faut faire, c’est adapter ces établissements de soins prénataux aux besoins des hommes. Il est également important d’informer et de sensibiliser les hommes à l’importance de leur participation dans les programmes de prévention de la transmission de la mère à l’enfant », a-t-elle dit.
Selon Christopher Mukabi, un pair éducateur local, les groupes de soutien pour les hommes ont permis d’améliorer la façon dont les couples font face au diagnostic du VIH. « Rassembler des hommes dans des groupes de soutien et avoir ensuite recours à ces groupes pour les convaincre de participer aux programmes de PTME peut permettre de résoudre certaines difficultés. Mais la stigmatisation sociale et l’alcoolisme représentent toujours un frein à cette participation ».
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*Nom d’emprunt
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