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Pas de solution miracle pour l’économie

Vegetable stall at treichville market, Abidjan Anthony Morland/IRIN
La réouverture des banques et des ports ivoiriens il y a cinq mois a apporté une bouffée d’oxygène pour l’économie, mais beaucoup d’habitants d’Abidjan, la capitale commerciale, voient leurs emplois disparaître et les prix alimentaires exploser.

L’augmentation des prix de la nourriture et des transports s’ajoute aux retombées d’une violence post électorale et d’une stagnation économique sans précédent ; elle signifie aussi qu’il faudra encore du temps avant qu’une certaine stabilité politique ne se traduise par de meilleures conditions de vie.

Pauline Brou et sa famille ne peuvent se permettre de manger de la viande plus de deux fois par mois. « Le prix du lait et du sucre n’a pas cessé d’augmenter toute l’année, » a dit à IRIN cette mère de quatre enfants. Selon elle, le prix du sac de 50 kilos de riz a augmenté deux fois depuis janvier, passant de l’équivalent de 29 à 35 dollars. Dans le même temps, le salaire mensuel de son mari, fonctionnaire, est à 200 dollars depuis quatre ans.

« C’est vraiment insupportable. Je n’arrive pas à dormir la nuit à force de me faire du souci. »

Entre juin 2010 et juin 2011, les prix du riz, du sucre et du bœuf ont augmenté de 11, 44 et 20 % respectivement, selon l’Institut national des statistiques.

En août, le gouvernement a donné l’ordre de réduire les prix, mais beaucoup de commerçants n’en ont pas tenu compte. Deco, un fournisseur de sucre dans le quartier d’Abobo à Abidjan a dit que l’influence de l’Etat pour faire appliquer les changements de prix resterait limitée, si un remaniement n’était pas effectué dans tout le secteur. « Quand le gouvernement nous a demandé de réduire [les prix], il n’a pas baissé les impôts. Alors évidemment, les commerçants ne vont pas obéir. Nous ne sommes pas dans le commerce pour perdre de l’argent. »

En plus de ces efforts pour soulager l’impact des hausses de prix, le gouvernement d’Alassane Ouattara s’évertue à attirer les investisseurs nécessaires à la restauration de l’économie, car les entreprises continuent à fermer et les investisseurs privés attendent de voir ce qui va se passer. Le ministre du Commerce et de l’Industrie, Moussa Dosso, a dit le 5 septembre aux journalistes que la Côte d’ivoire allait diminuer la paperasserie et les autres formalités pour les nouvelles entreprises.

Une lourde dette et pas de crédit

Depuis février, les sociétés qui fournissent des services au gouvernement ferment au rythme d’au moins deux par jour, a dit Faustin Gré, président d’une fédération de petites et moyennes entreprises qui offrent des services au gouvernement.

« C’est une lutte journalière pour les sociétés que de rester ouvertes, » a dit M. Gré à IRIN. « Sur le papier, beaucoup d’entreprises sont riches, mais sans la garantie d’une ligne de crédit d’Etat, les banques commerciales ne veulent pas prêter d’argent. » Le gouvernement a promis de verser 40 milliards de francs CFA (83 millions de dollars) aux sociétés membres, a t-il dit. « Mais pour l’instant, ce ne sont que des paroles ; nous ne pouvons rien faire tant que nous n’avons pas l’argent en main. »

Il a indiqué que de nombreux patrons demandaient à leurs employés de rester chez eux jusqu’à ce que l’entreprise puisse assurer le paiement des salaires. « Mais les gens viennent quand même travailler, parce qu’ils ont peur de perdre leur place pour de bon. »

Le gouvernement doit quelque 900 milliards de francs CFA (1,8 milliard de dollars) aux entreprises et à ses créditeurs, a dit un responsable du ministère des Finances aux journalistes le 31 août.

« Notre patron a cessé de venir au travail [après la fermeture des banques]. On nous a dit de revenir une fois que la situation se serait normalisée, mais nous n’avons pas eu de nouvelles de lui depuis. Nous n’avons reçu aucune compensation et nous cherchons désespérément du travail depuis, » a dit Koné Kader, 38 ans, docker au port d’Abidjan.

Selon lui, c’est le manque de revenus qui pousse bien des jeunes à rejoindre les troupes qui ont mené M. Ouattara au pouvoir, « parce qu’au moins ils peuvent intimider les gens et se faire de l’argent de cette façon ».

Les abus présumés des soldats partisans de M. Ouattara (qui sont maintenant l’armée nationale) et la lenteur à restaurer l’ordre public et de véritables services de police et de gendarmerie ont également un impact négatif sur l’économie.

Les migrants économiques

Les choses vont mal à Abidjan certes, mais les gens arrivent quand même en masse d’autres régions de la Côte d’Ivoire encore plus durement touchées pour essayer de trouver du travail. Aboubacar Ouédraogo, 27 ans, qui était tailleur à Sinfra à 230 km à l’ouest d’Abidjan, en fait partie.

« J’ai trouvé du travail pendant 10 jours comme maçon avant que [le patron] n’admette qu’il ne pourrait pas payer mon salaire à cause de problèmes avec ses créditeurs. Nous voulions tous venir à Abidjan parce que nous avions entendu dire que des grandes entreprises allaient s’y ouvrir, mais ce n’est pas du tout le cas.

« J’ai des cousins ici qui me nourrissent et me logent, » a t-il ajouté. « J’ai l’impression d’être un fardeau, mais je n’ai même pas de quoi me payer le ticket d’autocar pour rentrer [à Sinfra]. »

Le Fonds monétaire international prévoit que l’économie du pays va subir une réduction de 7,5 % pour cent en 2011. Le budget de 6,3 milliards de dollars qui a été approuvé par le gouvernement proviendra principalement de donateurs internationaux.

mm/np/cb-og/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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