Sa mission de la journée était de visiter deux stations de surveillance des séismes. La première est située à Madhupur, à environ 160 kilomètres au nord de Dacca.
Pendant les six heures de trajet jusqu’à Madhupur, tandis que nous voyons défiler les plantations d’ananas et que nous traversons les forêts de Madhupur, M. Akhter exprime ses inquiétudes quant au manque de préparation aux séismes du Bangladesh.
Il est surtout préoccupé par le fait que même si le gouvernement a autorisé le DUEO à installer des équipements sismiques sur des terres qui lui appartiennent, les données ne sont pas partagées avec le département de météorologie du gouvernement, qui ne dispose pas d’une bonne couverture des données sismiques dans l’ensemble du pays.
« Bien qu’il soit impossible pour n’importe quel gouvernement de gérer cela tout seul, notre gouvernement n’accorde pas suffisamment d’importance à la question ».
À son avis, c’est peut-être le résultat de l’idée fausse selon laquelle le Bangladesh ne peut être frappé par un tremblement de terre violent.
« Il n’y a pas souvent de tremblements de terre au Bangladesh, mais des séismes de magnitude élevée peuvent très bien se produire dans les zones de basse fréquence », a-t-il dit à IRIN.
M. Akhter a ajouté que les conséquences d’un séisme seraient catastrophiques pour la capitale densément peuplée du Bangladesh, Dacca. En 2010, Dacca a été classée au neuvième rang des plus grandes villes du monde par la Banque mondiale. Elle est entourée de plusieurs failles actives et la majeure partie est construite sur des sédiments alluviaux. Les immeubles sont dès lors beaucoup plus fragiles en cas de tremblement de terre.
Il a ajouté que les entrepreneurs respectaient rarement le code national du bâtiment et que, par conséquent, les fondations de la plupart des immeubles n’étaient pas appropriées. Par ailleurs, le code n’a pas été mis à jour depuis sa publication en 1993.
« Dans d’autres pays, les cartes des risques sismiques sont mises à jour tous les deux ou trois ans. C’est un processus permanent ».
Selon une étude réalisée en 2009 par le gouvernement bangladais dans le cadre du Programme de gestion globale des catastrophes (CDMP), un séisme de magnitude 7,5 sur la faille de Madhupur tuerait instantanément plus de 130 000 personnes.
Mission du DUEO
Le DUEO mène des recherches à long terme sur le mouvement des plaques tectoniques et l’activité sismique au Bangladesh et dans les régions environnantes en analysant les données recueillies par deux des six stations GPS mobiles du pays. Les stations GPS fournissent des images en trois dimensions des mouvements des plaques tectoniques, qui sont responsables de l’accumulation d’énergie dans la croûte terrestre. Les 16 stations sismiques du pays enregistrent quant à elles le comportement des ondes sismiques.
« Dans d’autres pays, les cartes des risques sismiques sont mises à jour tous les deux ou trois ans. C’est un processus permanent » |
Le DUEO est un consortium d’universités qui travaille en collaboration avec l’observatoire de la terre Lamont-Doherty (Lamont-Doherty Earth Observatory, LDEO) de l’université Columbia, aux États-Unis. « Le DUEO gère un réseau composé de six stations sismiques permanentes et dix-huit stations géodésiques GPS permanentes dans le pays », indique le site internet du réseau. Le gouvernement possède quatre stations sismiques qu’il opère séparément et aucune station GPS.
Vol
À notre arrivée à Madhupur, où se trouvent une station GPS fixe et un séismographe portable, M. Akhter tente de copier les données en connectant son appareil portatif (PDA) à l’enregistreur de données sismiques, mais il devient rapidement évident qu’il n’y a plus d’électricité.
Photo: Jessica Mudditt/IRIN |
Équipement sismique GPS |
M. Akhter retire les cartes mémoire pour déterminer quand a eu lieu le vol – le second en l’espace de deux ans. Il espère que le réseau inter-institutions IRIS (Incorporated Research Institutions for Seismology) remplacera les panneaux, mais cela risque de prendre un certain temps.
Les stations sismiques portables (sismographes) sont installées à certains endroits à la suite d’un tremblement de terre. En 2008, après un séisme de magnitude 3,0 le long de la faille de Madhupur, près de Tangail, l’un de ces appareils a été transféré depuis Sylhet, dans le nord-est du Bangladesh.
À la tombée de la nuit, M. Akhter et son équipe (un chauffeur et un assistant de recherche) arrivent au site de Manikganj (au centre du Bangladesh), équipé d’un sismographe mais pas d’un GPS. Ils viennent y recueillir des données et remplacer le système d’alimentation en connectant un nouvel appareil électronique au panneau solaire et à la batterie qui stocke le courant continu. La surveillance de l’activité sismique à Manikganj est particulièrement importante, car le gouvernement prévoit de construire une centrale nucléaire à Ruppur, à proximité de là, et compte sur les résultats du DUEO pour évaluer la faisabilité du projet.
Si l’équipe rentre à Dacca plus tard ce soir-là, le travail de M. Akhter n’est pas terminé pour autant. D’autres missions sur le terrain seront nécessaires pour recueillir des données sur quatre autres sites. Il faudra ensuite environ une semaine de travail pour traiter les données, qui seront ensuite envoyées à l’université Columbia et à IRIS, qui offre un soutien technique et matériel.
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