Le CORDEX, une initiative du Programme mondial de recherche sur le climat, va permettre de réduire l'échelle des prévisions sur le changement climatique du modèle climatique mondial préparé en vue du prochain rapport d'évaluation du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) afin de prévoir, par exemple, quelles conséquences l'augmentation des températures mondiales pourrait avoir à Lagos, au Nigeria, d'ici la fin du siècle.
Ces informations détaillées seront prises en compte dans le cinquième rapport d'évaluation du GIEC, qui devrait paraître en 2013 ou 2014.
« Le CORDEX place l'Afrique en priorité, car ce continent a toujours fait l'objet de peu de recherches », a dit M. Hewitson, qui est aussi le principal coauteur du chapitre sur les contextes régionaux du rapport du deuxième groupe de travail du GIEC, qui s'intéresse aux questions d'impact, d'adaptation et de vulnérabilité.
Pour prévoir l'impact du changement climatique, il faut étudier les changements dans les moyennes des conditions météorologiques quotidiennes observées à long terme et de nombreux autres facteurs, ce qui peut être une tâche ardue.
Les scientifiques ont recours à des modèles climatiques qui simulent les conséquences éventuelles de certaines variables, comme le rayonnement, l'humidité, les mouvements d'air et les températures sur une période donnée pour permettre de prévoir ce qui pourrait se passer.
Pour faire des prévisions aussi complètes que possible sur les effets du changement climatique et clarifier les liens entre les événements actuels et leurs conséquences futures, les scientifiques et les universitaires ont élargi la liste des variables pour intégrer l'augmentation du niveau de la mer et même la hausse des prix alimentaires et les statistiques concernant la malnutrition.
Selon les explications du site internet climateprediction.bnet, un site soutenu par l'université d'Oxford, le laboratoire Rutherford Appleton et l'Open University, tous situés au Royaume-Uni, il faut, pour réaliser un modèle climatique, calculer les phénomènes climatiques en terme de vent, de température et d'humidité sur un certain nombre de points sur la surface de la Terre et dans l'atmosphère ou les océans.
« Ces points forment une sorte de grille qui recouvre la surface de la Terre et la divise en un grand nombre de petites boîtes. Plus il y a de boîtes, plus la résolution du modèle est élevée et plus l'échelle des conditions climatiques représentées peut être réduite. Sous cet angle, le meilleur modèle climatique serait celui qui a la résolution la plus élevée ».
Photo: NOAA |
Les modèles climatiques sont des systèmes d'équations différentielles basés sur les lois fondamentales de la physique, du mouvement des fluides et de la chimie |
L'objectif pour l'Afrique est de prévoir les changements climatiques pour chaque zone de 50 kilomètres, mais certains modélisateurs pourraient même réduire ces distances à 25 kilomètres, a dit M. Hewitson.
Quatorze groupes de modélisation climatique ont déjà commencé le travail, en prenant en compte des données climatiques datant de 1950 et en réalisant des prévisions allant jusqu'à l'an 2100. En raison du manque de moyens en Afrique, seulement deux groupes – l'un appartenant à l'UCT, dirigé par M. Hewitson, et l'autre étant le Conseil pour la recherche scientifique et industrielle (CSIR) à Pretoria, en Afrique du Sud – se trouvent sur le continent.
Les 12 autres groupes sont dirigés par le Centre international de physique théorique Abdus Salam, à Trieste, en Italie, l'Institut de météorologie et d'hydrologie suédois, l'Institut météorologique danois et l'université de l'Iowa, qui font partie des principales institutions de modélisation climatique.
Développer des capacités en Afrique
Dans le cadre de l'initiative CORDEX, les données climatiques générées par les groupes de modélisation seront analysées en Afrique par des équipes régionales dirigées par des scientifiques africains. Ils seront épaulés par les modélisateurs climatiques les plus réputés au monde, comme Bill Gutowski, de l'université de l'Iowa, qui a participé, au cours des 10 dernières années, à des travaux visant à constituer une communauté de chercheurs sur le climat en Afrique.
Les équipes régionales vont ensuite utiliser les données collectées par les 14 groupes de modélisation climatique pour effectuer des prévisions concernant, par exemple, la fréquence des inondations dans un bassin hydrographique donné.
« [La modélisation en Afrique] vise principalement les zones urbaines ou agricoles, les bassins hydrographiques et d'autres aspects régionalement importants », a dit M. Hewitson.
Les mentors assisteront les équipes régionales dans la réalisation de prévisions et la rédaction d'analyses qui correspondent aux exigences des pays souhaitant des informations sur les effets du changement climatique sur leur sécurité alimentaire, leur santé, leur croissance économique et une foule d'autres secteurs les concernant.
Les équipes régionales seront complétées avant la fin 2010 et l'analyse des données commencera en 2011.
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