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Les gangs de criminels, un risque important pour les organisations humanitaires

A no-weapon sign outside an MSF hospital in Helmand, Afghanistan Pascale Zintzen/MSF
L’Afghanistan est le théâtre de violences armées généralisées depuis la chute du régime taliban, il y a neuf ans, mais les organisations non gouvernementales (ONG) ne sont pas délibérément ciblées par les insurgés talibans, selon le Bureau de la sécurité des ONG en Afghanistan (ANSO).

« Nous ne pensons pas que les talibans aient l’intention stratégique de cibler les ONG », a expliqué à IRIN Nic Lee, directeur de l’ANSO, ajoutant que dans certaines régions sous leur contrôle, les insurgés talibans interdisaient même parfois les attaques contre les ONG.

Le 18 septembre (jour des élections législatives, auxquelles les talibans étaient opposés), 483 incidents de sécurité ont été provoqués par les talibans, mais seuls deux obus de mortier ont atterri près des bureaux d’ONG, et aucune victime n’a été déplorée, selon l’ANSO.

« On observe une recrudescence phénoménale des violences armées (de 50 à 60 pour cent par rapport à l’année dernière), mais les incidents touchant les ONG sont moins nombreux », a expliqué M. Lee.

Toutefois, les « dommages collatéraux » et les risques que présentent les gangs de criminels font obstacle aux activités humanitaires, a-t-il indiqué.

Au moins 84 incidents de sécurité touchant des ONG ont été recensés par l’ANSO entre le 1er janvier et le 15 septembre.

En août, 10 travailleurs de l’ONG International Assistance Mission (IAM) et trois employés locaux d’Oxfam International ont été tués au cours de deux incidents distincts, survenus dans la province du Badakhchan, dans le nord-est du pays.

« Oxfam n’a pas encore repris ses opérations au Badakhchan, mais une équipe de sécurité est actuellement en train d’évaluer la situation », a déclaré à IRIN Louise Hancock, porte-parole d’Oxfam à Kaboul, le 30 septembre.

Là où les criminels agissent en toute liberté

De nombreuses organisations humanitaires n’ont pas recours aux armes et ne font pas appel à des gardes armés pour assurer la sécurité de leurs bureaux et de leur personnel. Elles négocient avec les différents acteurs locaux pour obtenir l’accès aux communautés et garantir leur sécurité.

Toutefois, dans certaines zones de non-droit, extrêmement dangereuses, que ni le gouvernement, ni les talibans ne contrôlent pleinement, et où des gangs de criminels agissent en toute liberté, les organisations humanitaires s’exposent à des risques importants d’enlèvements, de vols et autres attaques à mobile financier, d’après les experts.

Auparavant, les travailleurs humanitaires expérimentés comptaient sur leurs réputations et leurs contacts locaux pour pouvoir exercer dans ces zones.

Aujourd’hui, il n’y a plus de garantie, a expliqué Kate Clark, analyste principale de l’Afghanistan Analysts Network (AAN) (une cellule de réflexion sise à Kaboul), qui a mené des recherches sur l’incident d’IAM. La « restriction », a-t-elle indiqué, devient une approche courante chez les journalistes et les travailleurs humanitaires étrangers.

Nombre d’organisations humanitaires refusent néanmoins d’avoir recours aux armes et/ou de faire appel à des gardes armés, même dans les zones de non-droit.

« Dans les régions où le gouvernement a moins d’autorité, il est d’autant plus important de se doter d’une politique claire et visible de non-usage des armes, car n’importe quel type d’armes fait de vous une cible militaire pour les groupes d’opposition et les forces internationales », a expliqué à IRIN Michiel Hofman, représentant national de Médecins sans frontières.

Les centres de santé sont des zones civiles, a-t-il dit, et doivent être respectés par tous les belligérants.

Si les belligérants, notamment les insurgés talibans, ne s’en prennent sans doute pas délibérément aux organisations humanitaires, il n’en est pas de même des gangs de criminels, pour qui les travailleurs humanitaires non armés sont des cibles faciles, en particulier lorsqu’aucune force ne les arrête.

Un « meurtre »

Parmi les 10 employés susmentionnés d’IAM (deux Afghans et huit ressortissants étrangers, dont six experts de la santé) qui ont été abattus dans une région reculée du Badakhchan le 5 août, deux des victimes, Dan Terry et Tom Little (tous deux de nationalité américaine) travaillaient en Afghanistan depuis les années 1970 et étaient très respectés pour leur intégrité professionnelle.

Les talibans et le Hezb-e-Islami, autre groupe d’insurgés, ont revendiqué ces meurtres, accusant les victimes de prosélytisme. Toutefois, de nombreuses personnes estiment qu’il s’agit de revendications « opportunistes ».

Selon IAM et l’ANSO, les assaillants étaient des « combattants non locaux ».

D’après l’AAN, un prétendu commandant taliban de la région aurait d’ailleurs présenté ses excuses à la suite de cet incident, le qualifiant de « meurtre ».

« C’était un meurtre politique … plutôt un crime de haine, un crime raciste. Ils ont été tués parce qu’ils étaient étrangers », a estimé Kate Clark, de l’AAN.

« …S’il s’était agi d’une opération normale des talibans, ils auraient voulu les enlever », a-t-elle expliqué.

ad/cb/nh/np

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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