1. Accueil
  2. Asia
  3. Nepal

Des milliers de personnes en danger suite à la fonte des lacs glaciaires

The flood impact zone of the Dig Tsho glacial lake, which burst its natural damn in August 1985 after being hit by an ice avalanche, can still be seen today.   Credit: Sharad Joshi, ICIMOD, 2009 Sharad Joshi/ICIMOD
Tandis que le réchauffement climatique entraîne la fonte des glaciers des plus hauts sommets du monde, on note une augmentation du risque de voir les lacs glaciaires du Népal déborder des digues naturelles qui les contiennent – mettant ainsi en danger la vie des dizaines de milliers d’habitants des communautés situées en aval, selon des experts.

Les autorités népalaises ont identifié quelque 20 lacs « prioritaires » susceptibles de connaître une débâcle glaciaire (GLOF) et utilisent diverses méthodes pour réduire le niveau d’eau de certains de ces lacs.

« Comme le changement climatique entraîne une fonte rapide des glaciers, la taille des lacs glaciaires augmente à une vitesse telle que le risque de catastrophe s’accroît dans toute la chaîne de l’Himalaya », a dit Pradeep Mool, du Centre international pour le développement intégré des zones de montagne (ICIMOD), une organisation basée à Katmandou et financée par huit pays réalisant des études sur le changement climatique et les écosystèmes montagnards.

« Les GLOF sont brutales, elles charrient d’énormes rochers ; elles peuvent emporter des roches encaissantes et détruire les berges des rivières. L’impact destructif est très, très élevé », a dit M. Mool à IRIN par téléphone depuis Katmandou.

Les GLOF surviennent lorsque les digues naturelles constituées de glace ou de pierre qui contiennent les lacs glaciaires s’effondrent parce que la taille du lac a augmenté rapidement ou que ses parois ont été démolies suite à des tremblements de terre ou des avalanches. Les inondations qui s’ensuivent peuvent faire augmenter de près de 35 mètres le niveau des rivières situées en aval, et celles-ci détruisent tout sur leur passage sur une distance pouvant aller jusqu’à 100 kilomètres en seulement huit heures, a-t-il ajouté.

Selon un rapport de l’ICIMOD publié en mai, le Népal enregistre plus de 1 000 tremblements de terre par an, compte 2 323 lacs glaciaires et est particulièrement vulnérables aux GLOF. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a indiqué que des GLOF sont survenues tous les deux à cinq ans environ ces dernières années.

« Étant donnée la multitude des paramètres qui peuvent entraîner une débâcle, un pays comme le Népal, qui se trouve en plein cœur d’une zone sismique, est très exposé », a dit M. Mool.

Les autorités népalaises se sont rendues compte des dommages potentiels que les GLOF peuvent causer en août 1985, lorsque le lac glaciaire Dig Tsho a débordé, détruisant une centrale hydroélectrique, 30 maisons, 14 ponts et des terres agricoles s’étendant sur 42 kilomètres dans la vallée de la Bhote Koshi.

Problème international

Les GLOF sont survenues dans les montagnes de haute altitude du monde entier, entraînant des dégâts de plusieurs millions de dollars dans les infrastructures, les villages et les fermes, et causant des décès. En 1941, une débâcle suivie d’une inondation a causé la mort de 4 500 personnes dans la ville de Huaraz, au Pérou. En 1968, une GLOF a déversé 400 000 mètres cubes de débris dans les Alpes suisses, provoquant de sérieux dégâts dans le village de Saas-Balen.

Le rapport de l’ICIMOD a indiqué qu’un inventaire standardisé des lacs glaciaires était en préparation dans la région himalayenne de l’Hindou Koush et allait permettre d’évaluer les risques de GLOF.

Selon l’ICIMOD, la région himalayenne de l’Hindou Koush, qui couvre huit pays, de l’Afghanistan aux frontières sud-ouest de la Chine, compte près de 8 800 lacs glaciaires, parmi lesquels 203 – au Bhoutan, en Chine, en Inde, au Népal et au Pakistan – sont considérés comme potentiellement dangereux par les experts.

D’après le Département népalais d’hydrologie et de météorologie (DHM), les températures ont augmenté d’environ 0,04 degrés Celsius par an au cours des 50 dernières années dans l’Himalaya népalais, provoquant la retraite des glaciers de 60 mètres par an, la création de nouveaux lacs et leur gonflement.

« L’imagerie satellite du bassin de l’Himalaya montre que la taille de certains lacs augmente très rapidement », a dit Vijaya Prasad Singh, directeur adjoint du PNUD au Népal.

Le lac Imja Tsho, qui n’existait pas encore en 1960, constitue un exemple remarquable. Alimenté par le glacier Imja, qui perd 74 mètres chaque année, le lac, situé dans la région de l’Everest, couvre désormais près d’un kilomètre carré, a indiqué l’ICIMOD.

Mesures d’atténuation

Depuis la débâcle du lac du glacier Dig Tsho en 1985, le gouvernement népalais, en collaboration avec la Banque mondiale, le PNUD, l’ICIMOD et des ONG locales, tente de contrer et de réduire les risques, mais aussi de préparer et d’informer les communautés qui vivent dans les vallées situées en aval du lac.

En 2000, le DHM et l’ICIMOD ont construit un canal d’écoulement afin d’évacuer l’eau du lac et d’abaisser le niveau de l’eau du Tsho Rolpa, un des trois lacs de « haute priorité » du Népal, situé en amont des communautés de la vallée – où vivent environ 67 000 villageois.

« Le canal a permis de stabiliser le niveau du Tsho Rolpa. Nous surveillons les autres lacs glaciaires, mais en ce moment nous ne pouvons pas faire grand-chose de plus », a dit Om Ratna Bajrachary, hydrologue divisionnaire au DHM.

Outre la construction de voies d’écoulement, d’autres méthodes sont utilisées, notamment l’ouverture de brèches contrôlées dans la digue, le pompage ou le siphonage de l’eau du lac, ou encore le creusement de tunnels à travers ou sous la barrière, a indiqué l’ICIMOD.

Le DHM a également mis en place un réseau d’alerte précoce équipé de détecteurs et de sirènes installés dans 19 villages situés en aval du Tsho Rolpa, mais M. Bajrachary a dit que le système n’avait pas encore été activé en raison d’un manque de ressources.

Pendant ce temps, dans deux districts vulnérables, le PNUD a formé plus de 100 personnes – notamment des responsables du gouvernement et des personnes travaillant dans des organisations associatives – aux techniques de recherche, de secours et de premiers soins, a dit Deepak KC, responsable de projet auprès du Bureau de la prévention des crises et du relèvement du PNUD.

cm/at/cb/gd/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join