Les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) souffrent d’un manque de reconnaissance publique générale, en particulier aux Etats-Unis, le pays d’accueil du sommet. Selon les spécialistes du plaidoyer, pour mobiliser le soutien populaire et influencer les délégués, il faudra avoir recours à un ensemble de techniques en ligne et hors ligne, dont certaines seront plus originales que d’autres.
Les droits humains en général, et les droits sexospécifiques en particulier, sont au cœur de ces appels. Amnesty International, par exemple, a publié une pétition en ligne, signée par 3 865 personnes, en vue de placer les droits humains au centre de la lutte contre la pauvreté. En outre, il est probable que le « rapport de résultats » révisé (que devront signer les dirigeants mondiaux à la 10e année, pour réaffirmer leur engagement envers les huit objectifs) sera davantage axé sur les droits sexospécifiques.
Autre priorité, le manque de fonds : environ 20 à 40 milliards de dollars pourraient être requis chaque année jusqu’à l’an 2015, uniquement pour atteindre les objectifs mondiaux relatifs à la réduction des taux de mortalité infantile et maternelle, selon le Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l'enfant.
Sensibilisation
Un public investi joue un rôle crucial car il demande des comptes aux dirigeants politiques qui ont pris des engagements financiers et autres dans le cadre des OMD, selon Lysa John, directrice de campagne de l’Appel mondial à l’action contre la pauvreté (GCAP), une coalition de plus de 160 partenaires de la société civile. L’impact est encore plus important lorsque les activistes font pression sur les dirigeants dans leurs propres pays.
Toutefois, les rassemblements passionnés n’ont pas toujours les mêmes répercussions qu’une rencontre privée avec de hauts responsables. Ces derniers mois, la plupart des organisations non gouvernementales (ONG) et des groupes de plaidoyer ont eu recours à cette méthode de campagne traditionnelle, a expliqué Elisa Peter, directrice du bureau de liaison non gouvernemental des Nations Unies à New York.
Mais le terme OMD n’est pas facile à « vendre », selon les professionnels du plaidoyer.
« Nous essayons d’aider les gens à comprendre les OMD en tant que problèmes mondiaux liés à la faim, à la pauvreté, à la santé, aux femmes et aux enfants, et d’utiliser des termes auxquels ils peuvent s’identifier », a expliqué Aaron Sherinian, porte-parole de la Fondation des Nations Unies.
Selon un sondage Gallup réalisé en 2010, 68 pour cent des Américains pensent que les Etats-Unis et les Nations Unies devraient s’intéresser davantage à des « questions » telles que la maladie, la pauvreté, l’éducation et la santé, selon M. Sherinian.
« Nous essayons d’aider les gens à comprendre les OMD en tant que problèmes mondiaux liés à la faim, à la pauvreté, à la santé, aux femmes et aux enfants, et d’utiliser des termes auxquels ils peuvent s’identifier » |
Le terme « OMD » n’est pas répandu sur le site de changement social BloggersUnite.com, où plus de 50 000 blogueurs se connectent chaque mois pour publier des événements relatifs à la santé, au changement climatique et à l’éducation dans les pays en développement.
« Dans le monde où je vis, les problèmes traités par les OMD sont abordés, mais pas exactement en ces termes », a expliqué Tony Berkman, fondateur de BloggersUnite. « Nous avons tous nos propres approches pour transmettre notre message sur l’éradication de la pauvreté ».
Volonté politique
Outre le fait que les OMD sont peu connus, l’investissement et l’endurance nécessaires pour continuer d’avancer vers la réalisation de ces objectifs face au désintérêt du public et malgré les déficits du secteur public demandent un engagement particulier.
Lorsque John McArthur, PDG de la Millennium Promise Alliance, s’est exprimé devant le Comité interne américain des affaires étrangères au sujet de la réalisation des OMD (la première audience de ce type), en juillet, son lobbying avait trait à la politique nationale.
« Les OMD devraient être (mais ils ne le sont pas) une priorité stratégique pour les Etats-Unis », a-t-il déclaré lors de l’audience. « La stratégie de sécurité nationale adoptée récemment par le président est particulièrement axée sur le développement des pays les plus pauvres ».
« Il est extrêmement important que les Etats-Unis intègrent les objectifs à leur politique de développement et à leur réflexion », a par la suite déclaré M. McArthur à IRIN.
Des campagnes « géantes »
Au cours des audiences de juin, le GCAP a rédigé une lettre ouverte de 1,8 mètre de haut à Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies, lui recommandant d’axer davantage les OMD sur les droits humains.
Les agents de sécurité des Nations Unies n’ont pas autorisé la lettre à passer le seuil du Secrétariat, mais le bureau de Ban Ki-moon a eu vent de ce courrier errant et invité les organisateurs du GCAP à participer à une rencontre privée, s’engageant à collaborer davantage avec la société civile.
Le GCAP, avec Oxfam, Amnesty et d’autres encore, prévoit de poursuivre ses campagnes « géantes » en septembre. Ses partenaires organisent des milliers d’événements, dont une séance de carillonnement en Indonésie et un rassemblement de sans-abri, qui taperont sur des casseroles et des poêles en Malaisie, dans le cadre des événements Stand Up, Take Action, Make Noise for the MDGs ?Levez-vous, agissez, faites du bruit pour les OMD, du 17 au 19 septembre.
A Bhopal, en Inde, des étudiants signeront une compilation de chansons sur l’éradication de la pauvreté. En Italie, des activistes se rassembleront à l’occasion de divers événements pour reproduire le son des battements de cœur en se frappant la poitrine, en jouant du tambour et en tapant des mains. Le 19 septembre, dans les églises des quatre coins des Philippines, des habitants participeront à une vaste campagne de carillonnement. Et d’autres initiatives sont annoncées chaque jour.
Le GCAP affichera également des chartes géantes signées émanant de ses réseaux en Asie, en Afrique, en Amérique latine, en Europe et au Moyen-Orient, qui se sont unis pour décrire « Le monde que nous voulons [en] 2015 ». Les lecteurs de ces chartes, affichées à différents emplacements, à New York, pourront les compléter en y ajoutant leurs propres attentes et leurs propres exigences en vue du sommet.
« Nous voulons faire du bruit dans le monde entier, et nous voulons que ce soit un vrai tapage », a expliqué Rajiv Joshi, organisateur du GCAP à New York.
Si ce bruit est assez clair et uniformément produit, il a de bonnes chances de résonner dans la salle de l’Assemblée générale, à partir du 20 septembre. Il reste à savoir si les agents de sécurité laisseront ou non passer les activistes avec leurs documents géants.
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