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Une crise, pas (encore) une catastrophe

Malnutrition check-up in Moghem health centre, in Niger's central region of Tahoua Catherine-Lune Grayson/IRIN
Malnutrition check-up in Moghem health centre, in Niger's central region of Tahoua
Bien que le Niger soit confronté à une grave crise alimentaire, des réponses précoces à grande échelle ont jusqu’à présent permis d’empêcher une détérioration rapide de l’état nutritionnel des enfants.

« Nous avons réussi à éviter le pire jusqu’à maintenant », a dit le coordonnateur du système d’alerte précoce du Niger, Harouna Hamani. « Même si la population souffre et que les taux de malnutrition sont très élevés, la situation aurait été encore pire sans interventions précoces ».

Au Niger, près de 17 pour cent des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition et près de la moitié des 15,2 millions d’habitants est exposée à un risque de faim à la suite des mauvaises récoltes de 2009, a indiqué le gouvernement.

Dans les régions où les taux de malnutrition aiguë dépassent le seuil d’urgence de 15 pour cent établi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les Nations Unies et des ONG procèdent, depuis mai, à des distributions de farine enrichie, d’huile et de sucre pour les enfants de moins de deux ans.

En distribuant des rations de supplémentation alimentaire, on souhaite prévenir l’augmentation du nombre d’enfants souffrant de malnutrition, a dit Rachid Boumnijel, chargé de sécurité alimentaire pour l’ONG irlandaise Concern, qui œuvre dans la région de Tahoua, dans le centre du pays.

L’ONG s’est également attelée à renforcer la capacité de 10 000 familles à gérer la crise et nourrir leurs enfants en leur offrant une aide sous forme d’argent liquide et dans certains cas des semences, et à traiter les personnes atteintes de malnutrition.

Depuis le mois d’avril, les 330 bénévoles de Concern sont dispersés dans des villages des départements de Tahoua et d’Illela, dans la région de Tahoua, afin d’identifier les enfants présentant des signes de malnutrition et les référer à la structure sanitaire la plus proche.

« Nous avons commencé à agir dès que nous avons vu que la situation allait être difficile », a indiqué M. Boumnijel. « Notre objectif était de limiter le nombre de cas d’enfants souffrant de malnutrition sévère, et nous avons réussi à garder la situation sous contrôle ».

L’organisation a également apporté son soutien au traitement de la malnutrition aiguë dans plusieurs centres de santé. Selon une étude récente, le taux de prévalence de la malnutrition aiguë dans la région couverte par Concern se situe désormais sous le seuil d’urgence défini par l’OMS.

« Cette année, la situation est bien pire qu’en 2005, mais la réponse humanitaire est bien mieux organisée », a dit Eric-Alain Ategbo, responsable nutrition du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

« Depuis lors [2005], des efforts ont été mis en place pour améliorer la capacité des structures nationales. Le Niger est désormais l’un des pays du continent doté du plus grand nombre de centres pour le traitement de la malnutrition ».

Saratou Mahamadou's 16 months old niece, Rachida, is being treated for severe acute malnutrition in Moghem health centre, in Niger's central region of Tahoua
Photo: Catherine-Lune Grayson/IRIN
Saratou Mahamadou a marché une demi-journée pour atteindre le centre de santé
Les cliniques ont déjà traité près de 150 000 enfants souffrant de malnutrition sévère depuis le début de 2010, et entre 6 000 et 7 000 nouveaux cas sont rapportés chaque semaine, selon les Nations Unies.

Accès et qualité variables

Malgré ce chiffre encourageant, l’accès à des soins de santé de qualité n’est pas garanti partout. Saratou Mahamadou a dû marcher une demi-journée avec, sur le dos, sa petite fille de 16 mois, Rachida, sévèrement malnutrie, pour atteindre le centre de santé du village de Moghem, dans la région de Tahoua.

« Seuls 44 pour cent des habitants du pays vivent à moins de 10 kilomètres d’un centre de santé », a dit Adamou Oussemi, directeur régional de la santé publique à Tahoua.

Il a ajouté que les efforts mis en place dans les zones ne bénéficiant pas du soutien d’ONG étaient insuffisants. « Lorsqu’un partenaire [une organisation qui apporte son aide aux structures publiques] est présent, le nombre de cas augmente car [le partenaire] procède à une identification active [des enfants souffrant de malnutrition]. Ailleurs, des enfants meurent peut-être chez eux – s’ils ne viennent pas à l’hôpital, nous n’avons aucun moyen de savoir ».

Selon Pacifique Kitanina Fuoto, consultant en matière de santé publique pour l’UNICEF, plus d’un tiers des centres de santé de la région ne reçoivent pas de soutien et ont une capacité limitée.

D’après Modibo Traoré, chef du Bureau pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) au Niger, l’existence de poches d’insécurité limite également la capacité des ONG à évaluer et répondre aux besoins de la population. « Nos mouvements sont limités dans le nord des régions de Tahoua et Tillabéri, ainsi qu’à Agadez. On laisse presque tomber certaines de ces zones, ce qui se ressent sur la qualité des soins offerts ».

Les enfants défavorisés n’ont pas tous reçu des rations de supplémentation alimentaire, leur nombre ayant été sous-estimé par le gouvernement et les Nations Unies. Ce nombre d’enfants a depuis été révisé indique M. Ategbo, de l’UNICEF. Il est passé d’un demi-million à plus de 900 000.

Dans le village de Bagga, où vivent 5 000 personnes, seuls 100 enfants ont reçu la ration. Ils sont pourtant bien plus nombreux à en avoir besoin. « Finalement, nous avons dû faire un tirage au sort pour les sélectionner », a dit le chef, Idrissa Dayabou.

Les mois à venir risquent d’être difficiles

Le directeur régional de la santé publique à Tahoua, M. Oussemi, a averti que la situation pourrait empirer au cours des prochains mois car les taux de malnutrition ont tendance à culminer pendant les mois d’août et septembre, juste avant les récoltes.

Selon Manuel Lopez Iglesias, chef de mission de Médecins Sans Frontières-Espagne qui œuvre dans deux départements de la région de Tahoua, le début de la saison des pluies – lorsque les familles commencent à semer – peut entraîner une détérioration de l’état nutritionnel des enfants, car les parents ont tendance à attendre plus longtemps avant de réclamer des soins médicaux.

« Les gens pensent que la malnutrition est normale et ont tendance à attendre que l’enfant soit vraiment malade », a ajouté M. Lopez Iglesias. « Nous devons encourager les habitants à se rendre dans les centres de santé, en particulier lorsqu’ils sont occupés à cultiver leurs champs ».

clg/he/gd/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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