La démarche, baptisée « Traitement 2.0 », vise à accroître considérablement les services de dépistage et de traitement en faisant appel aux meilleures pratiques actuelles et aux innovations futures en matière de médicaments antirétroviraux (ARV) et de diagnostics. L’initiative cherche à garantir un accès au traitement à tous ceux qui en ont besoin, car selon des preuves de plus en plus nombreuses, les personnes vivant avec le VIH qui suivent une thérapie ARV sont moins susceptibles de transmettre le virus que celles qui ne sont pas traitées.
Selon l’ONUSIDA, le Traitement 2.0 pourrait éviter 10 millions de décès d’ici à 2025 et permettrait de réduire jusqu’à un tiers des nouvelles infections chaque année.
Un rapport sur la nouvelle stratégie a été publié en marge de la Conférence internationale sur le sida, qui a débuté le 18 juillet à Vienne. Les participants à la conférence se penchent notamment sur les raisons pour lesquelles la plupart des pays ne parviendront pas à offrir un accès universel à la prévention, au traitement et aux soins d’ici décembre 2010.
Des signaux alarmants selon lesquels l’aide financière de la communauté internationale au profit de la lutte contre le sida sont également débattus, mais pour Michel Sidibé, directeur exécutif de l’ONUSIDA, le Traitement 2.0 apporterait une solution éventuelle aux deux problèmes.
« Pour que les pays atteignent leurs objectifs et leurs engagements en matière d’accès universel, nous devons réorganiser la riposte au sida. En nous montrant innovants, nous réussirons à réduire les coûts afin que les investissements puissent atteindre un plus grand nombre de personnes », a-t-il déclaré.
Des médicaments meilleurs
Le Traitement 2.0 fait appel à la conception de médicaments contre le VIH « meilleurs », qui seraient moins toxiques, combineraient plusieurs ARV en une seule pilule et tolèreraient mieux les interruptions de traitement. En outre, la nouvelle initiative appelle à l’élaboration d’outils de diagnostic plus rapides et moins onéreux.
A l’heure actuelle, les ARV ont beaucoup moins d’effets secondaires que ceux prescrits il y a une dizaine d’années et certains sont même disponibles sous la forme de combinaisons à dose fixe. En revanche, une mauvaise observance entraîne des résistances médicamenteuses et contraint le patient à suivre un traitement de deuxième ligne.
En outre, les ARV de deuxième ligne entraînent un certain nombre de coûts supplémentaires non liés aux médicaments, comme le suivi laboratoire et les frais d’hospitalisation, qui suffisent souvent à rendre le traitement inabordable. Toutefois, le Traitement 2.0 exhorte toutes les parties impliquées dans la lutte contre le VIH/SIDA à faire en sorte que le « coût cesse d’être un obstacle ».
Bernhard Schwartlander, directeur Evidence, la stratégie et résultats à l’ONUSIDA, a dit à IRIN/PlusNews que des investissements à court terme, afin de concevoir et distribuer de meilleurs ARV, pourraient fortement réduire les coûts non liés aux médicaments à long et à moyen terme.
Un investissement intelligent
Les cinq piliers du Traitement 2.0 | |
Créer une pilule et des diagnostics meilleurs | |
Le traitement comme outil de prévention | |
Le coût doit cesser d’être un obstacle | |
Renforcer le recours au conseil et au test volontaire du VIH et ses liens avec les soins | |
Renforcer la mobilisation communautaire | |
Source : ONUSIDA |
Un traitement précoce nécessiterait dans un premier temps des financements supplémentaires. Toutefois, l’ONUSIDA estime que le traitement précoce serait rentable sur le plan économique, dans la mesure où il permettrait de réduire le nombre de patients hospitalisés et traités pour des maladies opportunistes, et il éviterait de nombreuses nouvelles infections.
« Nous faisons face à une situation où les ressources sont très limitées », a souligné M. Schwartlander, reconnaissant qu’il sera difficile de convaincre les bailleurs de fonds et les gouvernements de financer davantage la lutte contre le VIH/SIDA compte tenu du climat économique actuel. « Mais le traitement est de plus en plus vu comme un investissement intelligent », a-t-il poursuivi.
Le Traitement 2.0 se compose également de diverses stratégies qui visent à simplifier et à améliorer le traitement contre le VIH et qui ont déjà porté leurs fruits. Parmi ces stratégies figure le recours à des organisations communautaires locales qui offrent des services à des populations difficiles d’accès, mais qui sont fortement exposées au VIH, comme les consommateurs de drogues injectables et les professionnels du sexe.
The AIDS Support Organization (TASO) en Ouganda et Treatment Action Campaign (TAC) en Afrique du Sud sont un bon exemple d’organisations ayant adopté avec succès des approches communautaires visant à mobiliser des personnes infectées ou affectées par le VIH afin qu’elles deviennent des défenseurs, des éducateurs et des prestataires de services.
L’ONUSIDA a mené maintes consultations afin de rédiger l’ébauche du Traitement 2.0 et M. Schwartlander est confiant : selon lui, la démarche positive et optimiste incitera les différents acteurs engagés dans la lutte contre le VIH/SIDA qui ont tendance à opérer « de façon cloisonnée et sporadique » à travailler de concert afin de surmonter les nombreux obstacles qui entraveront la mise en œuvre de la stratégie.
« Jusqu’à présent, les réactions ont été très positives », a-t-il estimé. « [L’initiative] est peut-être un moyen de renouveler l’inspiration des principaux donateurs et des pays eux-mêmes », a-t-il conclu.
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