1. Accueil
  2. Asia
  3. Philippines

Les femmes pauvres paient pour la contraception

Due to an unmet need for contraception, statistics show that women in the Philippines end up having one more child than they actually want Ana Santos/IRIN
Etant donné l’insuffisance des fonds publics alloués aux services de planification familiale, les femmes pauvres sont contraintes d’acheter leurs moyens de contraception dans les pharmacies plutôt que de les obtenir gratuitement dans les cliniques.

« Les disparités sociales et le manque d’accès aux services affectent les femmes les plus pauvres », a dit Alberto Romualdez, vice-président du Forum for Family Planning, une organisation non gouvernementale (ONG) locale. Près de la moitié de la population vit avec deux dollars ou moins par jour : il n’est donc pas possible pour eux de dépenser un dollar pour un paquet de préservatifs.

D’après une récente étude de l’Institut Guttmacher, une ONG spécialisée dans la recherche sur la santé reproductive et l’analyse des politiques de santé publique, et du Likhaan Center for Women's Health, le nombre de femmes achetant des contraceptifs est passé de 17 pour cent en 2003 à 40 pour cent en 2008.

Les femmes veulent moins d’enfants

Selon l’enquête démographique et sanitaire (NDHS) réalisée en 2008, les femmes souhaitaient avoir 2,4 enfants en moyenne, mais elles en avaient en réalité 3,3 en moyenne ; seules 41 pour cent des femmes pauvres utilisaient un moyen de contraception et avaient, en moyenne, un ou deux enfants de plus qu’elles ne le souhaitaient.

Le manque de moyens de contraception freinait les minces progrès réalisés dans le domaine de la lutte contre la mortalité maternelle ; l’enquête sur la planification familiale mise en œuvre par le gouvernement en 2006 n’a montré aucune baisse significative du taux de mortalité maternelle (TMM) entre 1998 et 2006.

En 2006, on a dénombré 162 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, contre 172 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes en 1998. Les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) fixés par les Nations Unies visent à réduire le nombre de décès maternels à 52,2 pour 100 000 naissances vivantes aux Philippines d’ici 2015.

« En ce qui concerne le TMM, les OMD ne seront pas atteints aux Philippines tant que la question du besoin non satisfait de contraception ne sera pas abordée », a dit Sharon Camp, présidente de l’Institut Guttmacher.

Selon une étude réalisée par l’Institut, élargir l’accès des femmes les plus exposées au risque de grossesses non-désirées aux moyens de contraception modernes permettrait de prévenir 2 100 décès maternels chaque année.

La contraception considérée comme immorale

A Manila resident with four of her 10 children
Photo: Ana Santos/IRIN
Une habitante de Manille et quatre de ses 10 enfants
Depuis les années 1970, les Philippines dépendaient de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) pour obtenir gratuitement des contraceptifs, mais suite à la mise en œuvre de l’initiative d’autonomie du gouvernement philippin, entre 2002 et 2008, USAID a progressivement cessé de fournir des moyens de contraception, notamment les préservatifs, les pilules contraceptives et les dispositifs intra-utérins.

Cependant, le gouvernement n’a pas poursuivi le travail de l’USAID. « Le gouvernement a été incapable de faire face aux réductions », a dit à IRIN Junice Melgar, directrice exécutive du Likhaan Center.

La santé reproductive est un sujet très controversé aux Philippines. Dans ce pays majoritairement catholique, les évêques disent souvent qu’il est immoral d’utiliser les moyens de contraception modernes, comme les préservatifs et la pilule.

L’administration sortante de la présidente Gloria Macapagal-Arroyo a cédé aux pressions de la hiérarchie catholique et apporté son soutien aux seules méthodes de planification familiale naturelle – comme la méthode du calendrier, qui préconise de pratiquer l’abstinence pendant certains jours du cycle menstruel féminin. Selon les experts, ces méthodes présentent un taux d’échec élevé.

« La santé reproductive est une question de santé publique », a dit Esperanza Cabral, la ministre des Affaires sociales. « Il était temps que le débat soit porté sur le plan du développement économique et social, plutôt que sur le plan de la moralité ».

Nouvelle administration, nouvel espoir

Pendant la campagne électorale, Benigno Aquino III, le président élu qui prendra ses fonctions le 30 juin 2010, s’est engagé sur la notion de parentalité responsable et a promis de financer les moyens de contraception.

Les défenseurs de la santé espèrent qu’il tiendra ses promesses en adoptant la loi sur la Santé reproductive, qui est bloquée depuis près de 20 ans. Si elle est adoptée, la loi permettra de s’assurer que les fonds pour l’accès universel aux services de contraception et à l’information sont compris dans le budget national.

Le député Edcel Lagman, principal auteur de la loi, est sûr qu’elle sera adoptée. « Pas moins de 75 défenseurs de la Santé reproductive ont été élus ; les chiffres sont en notre faveur ».

as/at/ds/he/gd/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join