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L’administration Obama veut élargir le panier alimentaire

A young girl dragging a sack of food at the Oromi IDP camp, Kitgum District, northern Uganda, 18 May 2007. In April, WFP was forced to reduce the individual food aid package for the displaced to just 40 percent of the minimum daily energy requirement beca Manoocher Deghati/IRIN
La plupart des principaux donateurs d’aide alimentaire, comme l’Union Européenne, ont officiellement choisi d'apporter leur aide aux populations dans le besoin à travers différents outils de réponse, comme de l’argent liquide ou des coupons alimentaires, mais les Etats-Unis restent une exception et continuent à fournir une aide essentiellement sous forme de denrées produites sur leur territoire.

L’administration Obama a les mains liées par des politiques intérieures comme la loi-cadre de politique agricole (Farm Bill), qui régit l’aide alimentaire américaine et est mise à jour tous les cinq ans, mais elle fait des efforts pour s’aligner sur les autres donateurs.

« Nous élargissons notre ‘kit d’outils’ à travers de l’argent liquide pour l’approvisionnement sur les marchés locaux et régionaux, ce qui peut soutenir les marchés locaux et, dans certains cas, atteindre plus vite les bénéficiaires », a dit à IRIN l’ambassadeur William Garvelink, coordinateur adjoint pour le développement auprès de Global Hunger and Food Security Initiative (GHFSI) du gouvernement américain. Le kit d’outils comprend « des programmes de coupons, ce qui signifie que des ménages vulnérables peuvent acheter de la nourriture directement sur les marchés locaux ».

La loi-cadre sur la politique agricole de 2008 ne sera remise à jour qu’en 2012, et « l’administration Obama n’a pas encore communiqué les changements qu’elle pourrait rechercher dans la nouvelle législation », a dit M. Garvelink.

La quasi-totalité de l’aide alimentaire apportée par les Etats-Unis est « liée » par des exigences de politique intérieure en matière d’approvisionnement, de traitement et d’expédition – il en coûte plus de deux dollars aux contribuables américains pour fournir la valeur d’un dollar de nourriture en assistance alimentaire en nature.

Le problème est qu’ « il n’y a pas un groupe de pression en faveur de [l’aide en] argent liquide qui soit aussi fort… que celui qui défend l’aide alimentaire liée [par des exigences de politique intérieure] et en nature », a dit Daniel Maxwell, maître de conférences à la Friedman School of Nutrition Science and Policy de l’Université de Tufts, aux Etats-Unis.

« Il est clair que ‘la politique’, telle qu’elle est conçue dans la loi-cadre de politique agricole, n’est pas compatible avec les vues de l’administration Obama sur le rôle des Etats-Unis dans la sécurité alimentaire mondiale », a dit M. Maxwell. « Mais il y a toujours un fort lobby pour l’aide alimentaire en nature aux Etats-Unis, ce qui rend une révision complète de la politique des Etats Unis, comme la récente politique de la CE [Commission européenne], moins probable dans un futur proche ».

L’administration de George Bush, qui a précédé celle d’Obama, a tenté une réforme partielle de l’aide alimentaire quand, pour la première fois, la loi cadre sur la politique agricole de 2008 a libéré une partie des fonds alloués sous forme d’espèces pour des achats alimentaires dans des pays bénéficiaires ou dans les pays voisins, au lieu de fournir des produits en nature expédiés depuis les Etats-Unis.

Mais le montant – 60 millions de dollars sur quatre ans – n’était qu’une partie des 300 millions de dollars que Bush avait sollicités pour des achats en espèces durant une année fiscale, et il était destiné à être dépensé dans le cadre d’un programme pilote.

M. Garvelink a maintenu que « la flexibilité » permettant d’envoyer des denrées alimentaires produites sur place rendait « moins probable un impact préjudiciable sur les marchés locaux» dans les pays pauvres.

La nouvelle stratégie

« Il est clair que ‘la politique’, telle qu’elle est conçue dans la loi-cadre de politique agricole, n’est pas compatible avec les vues de l’administration Obama sur le rôle des Etats-Unis dans la sécurité alimentaire mondiale »
Peu après sa prise de fonction début 2009, l’administration Obama a annoncé que les Etats-Unis, le plus grand fournisseur mondial d’aide alimentaire, allaient se focaliser sur le développement agricole des pays auxquels ils apportaient leur soutien, plutôt que de les laisser rester [uniquement] des bénéficiaires.

Le ministère de l’Agriculture des Etats-Unis a dit que l’amélioration de la sécurité alimentaire mondiale était un problème de sécurité nationale, un changement d’état d’esprit intervenu après la crise alimentaire mondiale de 2007/08, quand au moins un gouvernement – Haïti dans les Caraïbes voisines – a été renversé ; et que le nombre de personnes souffrant de la faim est passé à un milliard – un sixième de la population mondiale.

L’administration Obama a mis en place le GHFSI, et annoncé une stratégie « à l’échelle du gouvernement » sur la sécurité alimentaire mondiale, qui serait coordonnée par le GHFSI et le National Security Council Interagency Policy Committee on Agriculture and Food security.

La priorité a été donnée au soutien à l’agriculture pour libérer les populations de l’aide alimentaire après avoir réalisé que soutenir des communautés pauvres dans les pays en développement semblait souvent ne pas avoir d’effets à long terme pour les rendre capables de produire leur propre nourriture.

Un document de consultation du GHFSI a souligné que durant les cinq dernières années, le gouvernement américain avait dépensé en moyenne 300 millions de dollars par an pour nourrir les personnes très pauvres – celles qui vivent avec moins d’un demi-dollar par jour – en Ethiopie.

« L’exclusion des gens très pauvres… du secteur agricole entrave une croissance équitable dans les pays en développement. S’attaquer directement à ces contraintes [leur] permettra… de réaliser le potentiel de leur travail et d’accélérer l’expansion de la croissance rurale », maintient-il.

L’approche proposée par le GHFSI pour éradiquer la faim dans le monde se base sur des principes adoptés par le G8 – le groupe des huit pays les plus riches du monde – qui s’était réuni en 2009 à L’Aquila, en Italie, pour parler de la sécurité alimentaire.

La stratégie du G8 se focalise sur une croissance tirée par l’agriculture, une réduction de la sous-nutrition, une augmentation de l’impact de l’aide humanitaire, l’investissement dans des plans nationaux, une coordination stratégique plus forte – mondialement, régionalement et localement – optimisant les gains des institutions multilatérales, et des engagements durables et responsables.

Le GHFSI a identifié un groupe de 20 pays, divisés en deux catégories, qui seront ciblés durant l’année fiscale 2011. Les pays en Phase 1 recevront un soutien technique et de une aide au renforcement des capacités pour développer des plans d’investissement. Parmi ces pays figurent l’Ethiopie, le Kenya, le Liberia, le Malawi, le Mozambique, l’Ouganda et la Zambie en Afrique; le Bangladesh, le Cambodge, le Népal et le Tadjikistan in Asie; le Guatemala, Haïti, le Honduras et le Nicaragua dans l’hémisphère ouest.

Les pays faisant partie de la seconde phase ont déjà mis en place des plans élaborés en matière de sécurité alimentaire, avec de bonnes capacités des secteurs public et privé,, comme le Ghana, le Mali, le Rwanda, le Sénégal et la Tanzanie.

Faiblesse dans la stratégie

Cependant, une étude du Government Accountability Office (GAO), un organisme indépendant de surveillance du Congrès, a dit que la stratégie était « vulnérable à des faiblesses dans les données sur le financement et les risques associés » à une approche menée par un pays hôte.

Les pays en développement ont une capacité limitée pour absorber une augmentation significative des financements des donateurs pour l’agriculture et la sécurité alimentaire, et pour soutenir par eux-mêmes les projets sur le long terme ; un manque d’expertise en agriculture et sécurité alimentaire dans les agences américaines concernées qui permettrait de renforcer les capacités dans les pays en développement ; des différences de politiques entre le pays hôte, les donateurs et les Etats-Unis sur le développement agricole et la sécurité alimentaire.

De plus, bien que les Etats-Unis aient 10 agences impliquées dans différentes initiatives en faveur de la sécurité alimentaire, jusqu’ici il n’existait aucune base de données unique répertoriant l’ensemble des programmes et activités. Cela prive les décideurs d’informations pertinentes sur les coûts et les niveaux de financement, et « d’un niveau de référence solide sur lequel [élaborer] des plans ».

Dans sa réponse, l’administration américaine a dit qu’elle soutenait le concept d’une base de données commune, mais qu’elle avait besoin de mettre en balance le coût de la mise en place d’un tel système et la valeur que cela apporterait ; elle espérait « gérer le risque » contenu dans une approche menée par un pays hôte, mais elle a noté que cela offrait également aux pays en développement des opportunités de réformer leurs politiques.

Les détails de cette stratégie sont toujours à l’étude. Lors d’une récente mise à jour du GHFSI devant le Congrès, Dan Glickman, ancien ministre de l’Agriculture et Catherine Bertini, ancienne directrice exécutive du Programme alimentaire mondial – désormais co-présidents du groupe de travail sur l’agriculture du Chicago council on global affairs, un influent groupe de réflexion – ont dit que le GHFSI devrait être mené par l’USAID, l’Agence des Etats-Unis pour le développement international.

Mr Maxwell de l’Université de Tufts a commenté : « J’imagine que si le GHFSI était dirigé par l’USAID, cela maintiendrait l’accent sur la réduction de la faim comme une fin en elle-même, et cela serait donc une bonne idée ».

jk/he/sk/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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