En vertu de cette nouvelle directive, les structures de santé publique doivent désormais prodiguer des soins de santé gratuits aux enfants de moins de cinq ans et aux femmes enceintes et allaitantes.
« Moi qui travaille depuis des années dans notre système de santé, je peux dire qu’il s’agit là du plus gros changement jamais opéré [dans le système] », a déclaré S.A.S. Kargbo, directeur de la santé reproductive et de la santé de l’enfant au ministère de la Santé, dans un communiqué publié par Save the Children, qui collabore étroitement avec le gouvernement dans le cadre de cette initiative.
« Et son impact [en termes de] vies sauvées de femmes et d'enfants sera réellement significatif ».
En Sierra Leone, un enfant sur cinq meurt avant l’âge de cinq ans, et une femme sur huit décède des suites de complications liées à la grossesse, selon le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF).
Prêts ?
Mais les frais de santé ne sont pas l’unique obstacle à la prestation de services de santé publique convenables. Le président Ernest Bai Koroma et les hauts responsables de la santé ont récemment fait la tournée des hôpitaux de l’ensemble du pays pour évaluer leur état de préparation : ils y ont trouvé un manque d’eau courante et d’électricité, des générateurs insuffisants, des installations pâtissant d’un « manque important de personnel » et des lits et des équipements médicaux inadaptés, selon un communiqué de presse gouvernemental.
Des médecins cubains et nigérians exercent en Sierra Leone pour combler en partie le manque de personnel. La Sierra Leone compte environ trois médecins pour 100 000 habitants ; or, l’Organisation mondiale de la santé recommande qu’il y en ait au moins 228.
D’après le gouvernement, les structures sanitaires sont en cours de modernisation - avec le soutien financier de plusieurs bailleurs de fonds et ONG - mais cela prendra plusieurs mois, voire plusieurs années.
La grève de 10 jours des travailleurs de la santé a été annulée le 28 mars, après l’annonce, par le président Koroma, d’une augmentation de salaires pour les professionnels de la santé, mais bon nombre de leurs griefs sont encore loin d’être résolus.
« Les principales préoccupations des travailleurs de la santé sont les indemnités, les conditions de travail, le manque d’avancement professionnel et de possibilités d’études, et le manque d’équipement », a dit à IRIN Frederic Coker, directeur d’une coalition de médecins grévistes, quelques jours après l’annonce de l’augmentation de salaires. « Mais nous comprenons que toutes nos demandes ne peuvent pas être satisfaites en même temps ».
Un processus plus global
Photo: Nancy Palus/IRIN |
Une femme et son enfant dans un village, près de la ville de Makeni |
« Le lancement a fait l’objet d’une grosse préparation : il s’agissait, notamment, de mettre les médicaments à disposition et de communiquer la politique », a-t-elle déclaré à IRIN. « Mais toutes les difficultés qui touchent le secteur de la santé ne seront en aucun cas résolues en une seule mesure ; c’est un processus continu ».
Il est craint, néanmoins, que les hôpitaux publics soient soumis à une pression immédiate, devant l’afflux de patients souhaitant bénéficier de soins de santé gratuits.
« Nous savons, pour en avoir fait l’expérience dans les autres pays qui ont instauré la gratuité des soins, que les premiers mois sont critiques », a dit à IRIN Laurence Sailly, chef de mission par intérim chez Médecins sans frontières - Belgique.
Le gouvernement doit adopter une stratégie de dotation des centres de santé en équipement et en personnel, a-t-elle ajouté.
Le ministère de la Santé prévoit d’ailleurs d’augmenter de 30 à 150 le nombre de sages-femmes formées chaque année, selon M. Kargbo, directeur de la santé reproductive.
De nombreux travailleurs de la santé se rémunèrent sur les recettes tirées des frais des usagers, selon Save the Children, qui soutient l’adoption d’une stratégie publique visant à augmenter les salaires du personnel médical en fonction de leur nouvelle somme de travail.
Des soins de qualité
Mais de nombreux patients se rendent dans les cliniques même lorsque les soins de santé ne sont pas gratuits ; pour eux, c’est la qualité des soins qui importe.
« [Les soins gratuits], c’est une bonne idée… mais il faut avoir les médicaments. Si vous dites aux gens de venir et qu’un diagnostic est établi, si vous n’avez pas les médicaments, c’est un problème », a dit à IRIN Hadja Kadiatu Jalloh, responsable de santé communautaire à Makeni, à 200 kilomètres au nord-est de Freetown, la capitale.
Une femme assise près de son enfant a confié que, pour sa part, le coût n’était pas le problème. « C’est la vie de mon enfant qui m’intéresse, alors je n’ai pas pensé à l’argent quand il est tombé malade ; j’ai immédiatement décidé de venir à l’hôpital ».
Cette femme, qui n’a pas donné son nom, est marchande de poissons ; elle a dit dégager environ 10 000 Leones (2,50 dollars) de bénéfices par jour, au maximum. L’hôpital de Makeni facture actuellement 11 500 Leones (2,95 dollars) l’admission au service de pédiatrie ; et un accouchement ordinaire peut coûter environ 10 dollars.
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