Des milliers de petits producteurs de riz ont vu leur gagne-pain anéanti à cause des conséquences du réchauffement climatique sur des zones en basse altitude.
« La salinité des sols, notamment celle des terres agricoles, augmente rapidement. Il s’agit d’un problème important au Bangladesh », a dit à IRIN Golam Mohammad Panaullah, directeur de l’Institut de recherche rizicole du Bangladesh (BRRI), à Dhaka.
Plus d’un million d’hectares de terres ont été gravement affectés par le sel, a-t-il estimé.
« Avec la salinisation rapide des sols, la clé de la survie réside dans les cultures résistantes au sel », a-t-il ajouté.
Au cours des dernières décennies, l’élévation du niveau de la mer dans le golfe du Bengale a provoqué la salinisation de vastes zones agricoles du sud du pays et compromis la production de riz – un aliment de base des Bangladais.
Chaque année, entre novembre et mai, une pellicule blanche recouvre les rizières de la ceinture côtière du sud, longue de 1 120 kilomètres et très exposée.
Par conséquent, des milliers de petits fermiers ont loué leurs terres à perte à de gros producteurs de crevettes – la deuxième source de devises étrangères après le prêt-à-porter – et nombre d’entre eux sont partis pour Dhaka pour y trouver du travail comme journaliers, tireurs de pousse-pousse ou mendiants.
« L’eau salée provient en grande partie des larmes des pauvres fermiers qui ont été contraints d’abandonner leurs rizières », a indiqué M. Panaullah, de la BRRI.
Photo: Contributor/IRIN |
Des fermiers repiquent des plants de riz résistants à la salinité dans le sous-district de Sarankhola, dans le district côtier de Bagerhat, situé dans le sud-ouest du pays |
Depuis plus de 30 ans, le BRRI tente de développer des variétés de cultures vivrières – en particulier de riz – résistantes au sel. Le développement du BRRI Dhan 47 a débuté en 1998.
Élaborée au bureau régional du BRRI à Satkhira, cette variété pousse dans des eaux modérément salées.
La salinité de l’eau s’exprime en déci-Siemens par mètre (dS/m). D’après Abdus Salam, directeur de recherche au BRRI, les jeunes pousses peuvent supporter une salinité équivalente à 12-14 dS/m. Pendant toute la durée de sa vie, qui est de 152 à 155 jours, la plante peut résister à une salinité de 6 dS/m.
La tolérance à la salinité des variétés de riz à haut rendement généralement employées est inférieure à 4 dS/m.
Par ailleurs, les fermiers peuvent cultiver le BRRI Dhan 47 dans des bassins d’élevage de crevettes, ce qui leur permet d’augmenter leurs revenus.
D’abord mis sur le marché par le Conseil national des semences en 2007, le BRRI Dhan 47 est maintenant disponible dans un nombre croissant de marchés dans les communautés du littoral. Il y est vendu au même prix que les variétés de riz conventionnelles, soit environ 0,50 dollar le kilo.
Des rendements prometteurs
Cette année, deux tonnes de semences de BRRI Dhan 47 ont déjà été distribuées gratuitement aux fermiers dans les sous-districts de Debhata, Kaliganj, Asassuni, Shyamnagar, Tala et Sadar, dans le district de Satkhira ; dans ceux de Morrelganj et Sharankhola, dans le district de Bagerhat ; et dans ceux de Paikgachha et Koira, dans le district de Khulna.
Photo: David Swanson/IRIN |
Des travailleurs dans une rizière du district de Patuakhali, dans le sud du Bangladesh. Le riz fait partie intégrante de l’alimentation des Bangladais |
En plus de ses autres avantages, le BRRI Dhan 47 peut aussi être cultivé en eau douce.
« Le BRRI Dhan 47 est notre rempart pour lutter contre la salinité croissante des sols au Bangladesh », a dit Guru Pada Karmakar, du département bangladais pour l’extension de l’agriculture (Agriculture Extension Department, AED).
« Son rendement est très encourageant. Nous espérons qu’il redonnera confiance aux fermiers du littoral qui ont perdu tout espoir de survie au cours des dernières années. Ils auront maintenant du riz ET des crevettes. Pour eux, la malédiction s’est transformée en bénédiction », a-t-il ajouté.
Selon les experts, le Bangladesh est aujourd’hui l’un des pays du monde les plus exposés aux conséquences du réchauffement climatique.
Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), le Bangladesh est le pays du monde qui risque de perdre la plus grande surface de terres cultivées à cause de l’élévation du niveau de la mer. En effet, si celui-ci augmente d’un mètre, 20 pour cent des terres émergées seront inondées.
Au cours des 50 prochaines années, plus de 20 millions de personnes pourraient être déplacées et devenir des « réfugiés climatiques » si le niveau de la mer et la salinité continuent d’augmenter au Bangladesh, selon le Plan d’action et la stratégie face au changement climatique au Bangladesh élaborés par le gouvernement en 2009.
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