Il existe très peu de données sur les plus de 13 millions de bébés qui naissent chaque année avant 37 semaines de grossesse, parmi lesquels un million ne survivent pas, et les 3,2 millions que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère comme des enfants mort-nés, selon un récent rapport fondé sur une recherche collaborative dirigée par l’Alliance mondiale pour la prévention de la prématurité et des mortinaissances (Global Alliance to Prevent Prematurity and Stillbirths, GAPPS), basée aux États-Unis.
Le manque d’équipements et de techniciens capables d’interpréter les échographies du bébé dans l’utérus de la mère a rendu la collecte d’informations difficile en Asie et en Afrique subsaharienne, là où survient la majeure partie des décès, selon GAPPS. Les morts à la naissance n’étaient ni enregistrées, ni abordées dans les politiques de santé. Elles étaient dès lors pratiquement « invisibles », selon le rapport.
« Le phénomène de la mort à la naissance est largement ignoré dans le monde », a dit à IRIN Craig Rubens, directeur de GAPPS et pédiatre. « La plupart des bébés mort-nés ne sont pas autopsiés et les parents repartent avec plus de questions que de réponses ».
Selon Aminata Ndiaye, une jeune Sénégalaise de 24 ans, Dieu qui a voulu que son bébé naisse mort-né en novembre 2009. « Nous n’avons aucun contrôle là-dessus. Dieu donne et reprend, et nous devons accepter la volonté de notre Seigneur ».
Interventions
21 interventions | |
Pour assurer la survie des nouveau-nés prématurés | |
Administration de stéroïdes prophylactiques à la mère pendant le travail prématuré | |
Administration d’antibiotiques à la mère pendant le travail prématuré en cas de rupture des membranes | |
Administration de vitamine K au bébé à la naissance | |
Traitement de la septicité et de la pneumonie néonatale | |
Retardement de la rupture du cordon ombilical | |
Utilisation de l’air ambiant pour la réanimation | |
Utilisation de la méthode Kangourou | |
Allaitement maternel précoce | |
Régulation thermique du nouveau-né prématuré | |
Administration de surfactant au bébé | |
Ventilation pour prévenir la détresse respiratoire | |
Pour prévenir les mortinaissances | |
Apport important en protéines | |
Dépistage de la syphilis | |
Traitement de présomption du paludisme | |
Utilisation d’une moustiquaire | |
Préparation à la naissance | |
Soins obstétriques d’urgence | |
Accouchement par césarienne | |
Déclenchement du travail chez les femmes qui ont dépassé leur terme | |
Pour prévenir les naissances prématurées | |
Abandon du tabagisme | |
Utilisation de progestérone | |
Source: GAPPS, 2010 |
En se basant sur une analyse de 2 000 études d’interventions réalisées avant le 31 décembre 2008, GAPPS a examiné le taux de succès de plus de 82 interventions et compilé une liste de 21 d’entre elles qui ont permis la survie de nouveau-nés prématurés.
Ces mesures incluent notamment l’allaitement maternel, le transport de l’enfant contre la poitrine de la mère (méthode « Kangourou »), l’administration de vitamine K au moment de l’accouchement et le recours à l’air ambiant plutôt qu’à l’oxygène pour réanimer les bébés qui ne respirent pas à la naissance.
Parmi les méthodes qui ont fait leurs preuves pour prévenir les mortinaissances, on compte également les traitements de présomption du paludisme pendant la grossesse, le dépistage de la syphilis, un apport important en protéines pendant la grossesse et les soins obstétricaux d’urgence.
Malheureusement, ces mesures, qui pourraient permettre de sauver des vies, ne sont pas adoptées partout. Selon GAPPS, cela s’explique notamment par le manque de connaissances des causes de la prématurité et de la mort à la naissance, les barrières culturelles, le fonctionnement médiocre des systèmes de santé, le manque de volonté politique et de ressources et la corruption.
Manque de recherches
En novembre 2009, des chercheurs ont commencé à collecter des échantillons de tissus aux États-Unis dans le cadre de l’étude. Ils prévoient élargir le programme à l’Inde et à l’Afrique. L’objectif est de prélever des échantillons de sang, d’urine, de liquides vaginal et amniotique (le liquide qui entoure le fœtus pendant la grossesse), de sang provenant du cordon ombilical et de tissus placentaires chez 6 000 femmes enceintes.
« Pour réussir à comprendre le phénomène de la naissance prématurée, il faut d’abord cesser de le considérer comme un ‘événement’ et l’étudier en tant que syndrome complexe. Et c’est là que réside le défi », a dit M. Rubens à IRIN.
Contrairement aux chercheurs qui étudient le cancer et qui, pendant des années, ont pu bénéficier d’un grand nombre d’échantillons de tissus provenant de patients atteints de la maladie, les chercheurs qui s’intéressent à la santé maternelle et infantile ont peu de matériel à étudier.
Aucune procédure opérationnelle permanente n’a été élaborée pour encadrer le prélèvement d’échantillons de tissus chez les femmes enceintes, ce qui signifie qu’il n’y a pas de banque de tissus accessible aux chercheurs du monde entier et que, par conséquent, aucune étude scientifique de grande envergure n’a pu être menée.
Des échantillons de bonne qualité pourraient permettre d’accélérer la recherche sur les moyens de prévenir les décès de nouveau-nés et les mortinaissances plutôt que se contenter d’y réagir. « Nous ne pouvons pas faire grand-chose... [sans échantillons].
C’est pourquoi la majeure partie des recherches sur les naissances prématurées se sont concentrés sur les moyens d’assurer la survie des nouveau-nés prématurés », a dit M. Rubens à IRIN.
« Le coût de la recherche prospective est beaucoup plus important – il faut constituer une large cohorte de femmes enceintes et les suivre pendant toute leur grossesse », a-t-il ajouté.
Selon l’une des co-auteurs de l’étude, Joy Lawn, de Save the Children, une organisation non gouvernementale (ONG) dont le siège est au Royaume-Uni : « la prématurité et la mort à la naissance représentent une perte pour de nombreuses familles. [Leur prévention] devrait faire partie de la liste des priorités du public ».
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