En 2009, au moins 1 180 personnes ont trouvé la mort dans des explosions dans l’ensemble du Pakistan.
Environ 79 de ces explosions ont été provoquées par des attentats-suicides. La plupart d’entre elles ont eu lieu dans la province de la Frontière du Nord-Ouest (NWFP), ravagée par un conflit et où l’armée continue de combattre des militants.
Deux jours après un attentat à la bombe qui a fait 105 victimes dans le district de Lakki Marwat, dans la NWFP, Hasan Marwat, 25 ans, sait qu’il a de la chance d’être encore en vie.
« Je suis resté étendu dans le champ où a eu lieu l’explosion pendant près d’une heure. Comme je ne cessais de passer d’un état inconscient à un état conscient, les gens ont pensé que j’étais mort et m’ont laissé là », a-t-il dit à IRIN depuis le siège de l’hôpital de district du district voisin de Bannu, où il se remet de fractures aux deux jambes et de blessures à la tête.
L’attentat-suicide qui a eu lieu sur un terrain de volleyball dans le petit village de Shah Hassankhel, près de la ville de Lakki Marwat, était le pire qu’a connu la province depuis celui du marché de Peshawar. En octobre 2009, un kamikaze s’y était fait sauter, provoquant la mort de 117 personnes.
L’absence d’hôpital ou d’infrastructures sanitaires essentielles à Shah Hassankhel ont ajouté à la souffrance des centaines de victimes. Selon des statistiques officielles, il y aurait, au Pakistan, un lit d’hôpital pour 1 517 personnes. Dans la province de la Frontière du Nord-Ouest, la proportion passe à un lit pour 1 654 personnes.
Photo: Abdul Majeed Goraya/IRIN |
Les moins malchanceux survivent aux attentats avec des blessures relativement mineures |
« Il n’y a aucun hôpital important où l’on puisse emmener les blessés. Nous avons très peu de médecins et de spécialistes et aucune ambulance. Il faut donc que les blessés soient transportés dans des véhicules privés par des habitants qui ne sont pas formés pour le faire », a dit Aziz Marwat, un étudiant.
La plupart des blessés ont été emmenés à l’hôpital civil Lakki Marwat, un petit hôpital situé à une demi-heure de voiture du village.
« Nous avons vu des choses terribles. Presque tous ceux qui ont été emmenés étaient gravement blessés. Certains avaient des membres arrachés. C’était horrible », a dit à IRIN Ghulam Ali Khan, un responsable médical de l’hôpital. Avec une équipe de sept médecins, il a fait ce qu’il a pu pour sauver le plus grand nombre possible de blessés parmi les plus de 100 personnes qui ont été emmenées, en attendant que le gouvernement de la province n’envoie sur le terrain des équipes médicales provenant des districts voisins.
« Mon neveu aurait peut-être survécu »
« Les médecins disponibles ont fait de leur mieux, mais mon neveu aurait peut-être survécu si nous avions eu de meilleures installations de santé. Il n’avait que 18 ans. Il était allé voir le match de volleyball », a dit Abdul Khan, 50 ans.
« C’est déjà difficile de trouver un médecin pour soigner un enfant malade... Imaginez ce que c’est quand une catastrophe comme celle-là se produit », a dit Zareen Bibi, un habitant de Lakki Marwat. « Tout ce que nous avons ici, ce sont des cliniques minuscules qui manquent de médicaments et d’équipements essentiels. Comment peuvent-elles faire face à des situations comme celle-là ? »
En octobre 2009, à Islamabad, le ministre pakistanais de la Santé, Ejaz Hussain Jhakrani, a dit aux médias que le gouvernement avait pour « priorité d’offrir des installations de santé adéquates pour tous les habitants du pays ». Le Pakistan ne consacre que deux pour cent de son produit intérieur brut aux dépenses de santé – il s’agit de l’un des taux les plus faibles au monde.
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