Depuis le premier cas survenu en juillet dans la province de Morobe, dans le nord, plus de 1 000 cas ont été signalés dans ce pays de l’océan Pacifique, la maladie étant largement favorisée par les mauvaises pratiques sanitaires et un grave manque d’accès à l’eau potable.
D’après le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), environ 58 pour cent de la population, qui compte plus de six millions d’habitants, n’ont pas accès à l’eau potable.
« [La maladie] se propage et le gouvernement ne fait rien », a dit à IRIN Sibauk Bieb, coordinateur des opérations pour l’équipe spéciale du gouvernement pour le choléra à Madang, une des quatre provinces affectées aujourd’hui.
« S’ils n’agissent pas rapidement, d’autres personnes vont mourir », a-t-il dit.
Sur les 1 356 cas signalés à ce jour, 608 sont survenus dans la province de Madang, 462 dans celle de Morobe, 281 dans le Sepik oriental et cinq dans la province des Hautes-Terres orientales, d’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et au moins 35 décès ont été confirmés.
« Il y a beaucoup de zones reculées, donc il est possible qu’il y ait des cas et des décès liés [à la maladie] dont nous n’avons pas connaissance », a ajouté Eigel Sorenson, représentant de l’OMS en PNG à Port Moresby, la capitale.
Retards de financements
En septembre, le gouvernement a déclaré l’état d’urgence sanitaire et a promis plus de quatre millions de dollars pour combattre la maladie – ces fonds n’ayant pas été débloqués, les autorités sanitaires locales et les ONG peinent à faire face à la situation.
Par la suite, un chèque préparé à la hâte, d’un montant de plus d’un million de dollars, s’est révélé être sans provision.
« Malgré les autorisations, les fonds ne quittent pas Waigani [le siège du gouvernement de la PNG] et le choléra se propage à des taux très alarmants à travers le pays, et la dernière province touchée est le Sepik oriental », a dit, d’après la presse, Sasa Ziba, ministre de la Santé de la PNG.
Photo: David Swanson/IRIN |
Le long du fleuve Sepik, les femmes lavent leurs vêtements et les enfants se baignent dans l’eau qui leur sert d’eau de boisson. La défécation en plein air est en outre très courante sur les berges du fleuve |
Dans la tente de quarantaine, Willie Kagoe, 47 ans, du village de Banara, à 160 kilomètre de Madang, peine à se redresser dans son lit, et son aspect décharné témoigne de l’impact de la maladie. Sévèrement déshydraté, il a perdu près de 10 kilos en à peine plus d’une semaine.
La maladie avance
« Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est une réponse offensive qui aide à planifier et se préparer et à atténuer la mortalité », a averti Vanessa Cramond, coordinatrice médicale de MSF.
Depuis le premier cas dans la province de Morobe et l’épidémie qui s’est ensuivie à Lae, la capitale de la province, la maladie s’est déplacée vers l’ouest par la route, le long du littoral, et les épidémies touchent aujourd’hui à la fois les provinces de Madang et du Sepik oriental, ainsi que les Hautes-Terres orientales.
La maladie se déplace en outre par voie fluviale, le long du fleuve Sepik – le deuxième cours d’eau de la PNG et une source majeure d’eau de boisson et de lavage.
« Nous avons observé la présence du choléra dans l’eau à plus d’un endroit, et les résultats des analyses bactériologiques étaient très élevés », a noté Daniel Bleed, épidémiologiste de l’OMS à Port Moresby.
Photo: David Swanson/IRIN |
Le docteur Sibauk Bieb, devant le centre de traitement du choléra de Madang. D’après lui, le gouvernement n’assume pas ses responsabilités |
« Le choléra n’a pas encore atteint la capitale, mais ce n’est qu’un coup de chance », a dit un travailleur humanitaire. « Peut-être que lorsque cela arrivera, le gouvernement réagira et y prêtera attention. »
La plupart des décès signalés sont survenus dans et autour du village de Wasu, dans la province de Morobe, et Kambaranba, dans le Sepik oriental, où l’accès aux soins de santé est limité, tandis que les taux de mortalité dans les villes de Lae et Madang ont pu être maîtrisés, grâce à la proximité des services de santé et la préparation précoce.
Mais si la maladie devait gagner l’intérieur des terres, son impact pourrait être beaucoup plus dramatique.
« Si le choléra atteint les hautes terres, ce sera un désastre », a dit M. Bieb. « C’est là que vit la plus grande partie de la population, et c’est là que nos infrastructures de santé et d’approvisionnement en eau sont les plus faibles », a-t-il dit, notant que le choléra serait un problème d’envergure nationale dans les 12 prochains mois.
Cependant, malgré l’urgence, le gouvernement n’a toujours pas réagi, et l’indignation de la population s’est intensifiée la semaine dernière lorsque le gouvernement a acheté un jet d’une valeur de plusieurs millions de dollars, au moment même où les ONG travaillant dans la région, dont Oxfam, peinent à faire face au manque de ressources, et où les fonctionnaires de santé du gouvernement travaillant dans les CTC des zones affectées n’ont toujours pas reçu leur salaire.
« C’est une honte. Une honte nationale », a insisté M. Bieb. « Et oui, vous pouvez citer ces paroles. »
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