« Là où il y avait la paix, il ne pleuvait pas. Là où il y avait de bonnes pluies, l’insécurité est apparue », a dit Kuol Manyang, gouverneur de l’État de Jonglei.
Son homologue de l’État du Nil supérieur, Gutlauk Deng Garang, a averti que la faim risquait d’obliger les bergers pastoralistes à déplacer leurs troupeaux, multipliant par le fait même les occasions d’accrochages avec des groupes ethniques rivaux.
« Nous nous attendons à ce que les bergers commencent à se déplacer bientôt et que cela provoque des conflits entre les Lou et les Jikany Nuer », a dit M. Garang à IRIN récemment. Le conflit entre les communautés Shilluk et Dinka est venu s'ajouter à l’insécurité alimentaire, a-t-il poursuivi.
Depuis janvier, les violences au Sud-Soudan ont fait plus de 2 000 victimes et quelque 350 000 déplacés, selon le Bureau pour la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies.
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), qui a commencé à parachuter des vivres dans la région le 4 novembre dernier, près de 1,2 million d’habitants du Sud-Soudan sont déjà confrontés à une grave insécurité alimentaire.
« Le parachutage de vivres est une intervention de dernier recours pour que les gens de ces régions inaccessibles aient à manger en ces temps difficiles », a dit Michelle Iseminger, chef des opérations du PAM au Sud-Soudan, à des reporters à Pochalla, un site isolé situé près de la frontière éthiopienne.
Un problème plus vaste
Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’insécurité alimentaire dans la région s’inscrit dans un problème plus vaste qui pèse sur l’Afrique de l’Est et la Corne de l’Afrique. Là-bas, à cause de la sécheresse prolongée et de l’intensification du conflit, quelque 20 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire.
L’avertissement survient alors que le Sud-Soudan tente de se remettre d’une guerre civile longue de 22 ans et qui s’est terminée il y a moins de cinq ans. Des élections doivent avoir lieu en avril et seront suivies d’un référendum sur l’indépendance du Sud-Soudan en 2011.
« Si nous ne parvenons pas à gérer la situation... en rétablissant les approvisionnements nécessaires... nous pouvons nous attendre à des niveaux très, très élevés de [faim] qui peuvent friser l’alerte rouge, et devenir une famine », a indiqué Hilde Johnson, directrice exécutive adjointe du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), lors d’une visite à Bor, la capitale de l’État de Jonglei, le 8 novembre dernier.
« Avec l’amenuisement quotidien des ressources naturelles, les pressions sur les ressources restantes seront de plus en plus importantes », a ajouté Mme Johnson. « Cela viendra exacerber les conflits, il n'y a absolument aucun doute ».
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