Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), la pneumonie tue chaque jour plus de 4 000 enfants – plus que la rougeole, le paludisme et le sida combinés. Toutefois, ni les décideurs ni les bailleurs de fonds considéraient, jusqu’à présent, son éradication comme une priorité, a indiqué la coalition qui a lancé le mouvement et qui rassemble plus de 50 organisations du domaine de la santé.
« Pendant des années, nous n’avons presque pas avancé sur la question de la pneumonie. Aujourd’hui cependant, nous avons l’impression d’atteindre un nouveau seuil », a dit à IRIN Orin Levine, directeur exécutif du programme de recherche sur la pneumonie à la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health. « Il est important que les bailleurs de fonds, les partenaires internationaux et les gouvernements nationaux agissent pour permettre aux enfants du monde entier de bénéficier sans délai de la protection, de la prévention et des traitements disponibles ».
Dans le cadre du Plan d’action mondial pour prévenir et combattre la pneumonie, l’UNICEF et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) lancent un appel aux donateurs et aux gouvernements nationaux afin d’obtenir 39 milliards de dollars pour améliorer la prévention et le traitement de la maladie dans 68 pays à forte prévalence d’ici 2015.
Selon le Plan, la prévention de la pneumonie passe par la vaccination d’un plus grand nombre d’enfants contre les causes les plus communes de la pneumonie, notamment le bacille du pneumocoque (maladie pneumococcique) et Haemophilus influenzae de type b (Hib), et l’amélioration du traitement de la pneumonie à l’échelle de la communauté par le biais de formations et de l’accès aux antibiotiques.
Le Plan appelle également à l’amélioration des pratiques de santé, d’hygiène et de nutrition par la promotion de l’allaitement exclusif, le lavage des mains, la réduction de la pollution de l’air à l’intérieur des habitations et l’administration de suppléments de zinc aux enfants lors d’épidémies de diarrhée.
« Près de la moitié des décès [dus à la pneumonie] pourraient être évités grâce aux vaccins existants et la grande majorité des cas pourraient être traités avec des antibiotiques peu coûteux », a dit Bill Frist, membre du Conseil d’administration de l’ONG Save the Children et ancien sénateur américain, dans un communiqué pour le lancement de la Journée mondiale de la pneumonie. « Pourtant, des enfants continuent de mourir de cette maladie évitable pour laquelle il existe un traitement et, jusqu’à récemment, rares étaient ceux qui s’élevaient pour protester contre la situation ».
Selon des groupes de recherche spécialisés dans la pneumonie, l’organisation de campagnes de vaccination en Afrique et en Asie s’est fait lentement en raison du manque de financement et de sensibilisation.
Pneumonie, des faits |
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La pneumonie tue un enfant toutes les 15 secondes, et compte pour 20 pour cent des décès d’enfants de moins de cinq ans, chaque année dans le monde | |
L’impact fatal de la pneumonie est particulièrement fort – 98 pour cent des décès par pneumonie – en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne | |
En Afrique, la pneumonie est la deuxième cause de décès des moins de cinq ans, après la diarrhée |
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Source:
Site de la Journée mondiale de la pneumonie |
Les vaccins contre deux des bactéries souvent responsables de la pneumonie - le Hib et le pneumocoque – sont couramment employés dans les pays industrialisés, mais ne sont pas encore disponibles dans la majeure partie des pays en développement, selon l’Alliance GAVI, un partenariat public-privé regroupant les principaux acteurs de la vaccination et du soutien aux systèmes de santé dans le monde entier.
« La couverture vaccinale s’améliore, mais « pas aussi rapidement que nous le souhaiterions », a dit à IRIN Olivia Lawe-Davies, porte-parole de l’OMS.
La GAVI prévoit d’accélérer l’introduction des vaccins pneumococciques dans 42 pays afin d’immuniser 130 millions d’enfants d’ici 2015.
« L’objectif 4 des Objectifs du millénaire pour le développement ne pourra pas être atteint sans cet investissement... La vaccination est l’un des moyens les plus rentables de sauver des vies. Et une meilleure santé est un facteur fondamental du développement à long terme », a indiqué le docteur Julian Lob-Levyt, président de l’Alliance GAVI, dans un communiqué diffusé le 2 novembre.
L’objectif 4 des Objectifs du millénaire pour le développement vise la réduction des deux tiers de la mortalité des moins de cinq ans d’ici 2015.
Accessibilité des traitements
L’Alliance GAVI a développé un mécanisme de financement [mécanisme des garanties de marché, ou AMC] destiné à encourager les compagnies pharmaceutiques à fabriquer un vaccin pneumococcique qui ne coûte que 10 pour cent du prix normal. Les gouvernements des pays en développement peuvent ainsi obtenir ces vaccins pour un prix moyen de 0,15 dollar la dose.
Les antibiotiques dont ont besoin les enfants qui contractent la pneumonie coûtent moins d’un dollar, mais, actuellement, moins de 20 pour cent des enfants atteints les reçoivent, selon l’OMS et l’UNICEF.
« Les cas de pneumonie représentent 60 pour cent des admissions dans tous les hôpitaux ougandais, et le pire, c’est de voir une mère arriver aux urgences... parce qu’elle n’était pas consciente de la gravité de l’état de son enfant, et de voir cet enfant succomber parce qu’il était trop tard pour faire quoi que ce soit », a dit Sabrina Bakeera-Kitaka, présidente de l’Association de pédiatrie de l’Ouganda, dans une déclaration datant du 2 novembre.
Les bailleurs de fonds qui s’engageront en faveur du Plan d’action mondial lors de la prochaine Assemblée mondiale de la santé, qui aura lieu en 2010, conviennent de la nécessité d’accroître l’approvisionnement en antibiotiques des cliniques situées dans des pays durement touchés par la maladie et de former des travailleurs de la santé locaux pour qu’ils sachent gérer les cas de pneumonie.
« Avec le soutien des bailleurs de fonds, nous pouvons sauver beaucoup plus de vies et faire d’immenses progrès à l’échelle mondiale en termes de réduction de la mortalité infantile. Nous sommes face à une occasion historique unique, et nous ne devons pas l’ignorer », a dit M. Lob-Levyt, de la GAVI.
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