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L'assurance vie pour les personnes séropositives a un prix

Flower vedors outside a funeral parlour, Bulawayo IRIN
La disponibilité de traitements antirétroviraux (ARV) et la loi contre la discrimination ont aidé à classer le VIH/SIDA dans la catégorie des maladies chroniques. Mais un statut sérologique peut continuer de constituer un obstacle à l’obtention d’un prêt ou à la souscription d’une assurance.

En Afrique australe, la plupart des compagnies d’assurance vie continuent de demander à leurs potentiels clients de se soumettre à un test de dépistage du VIH et refusent de couvrir les personnes dont les résultats se révèlent positifs. Les établissements financiers, quant à eux, sont peu disposés à prêter de l’argent aux personnes qui ne sont pas couvertes par une assurance vie et qui désirent acheter une maison ou monter une entreprise.

« Le déni d’assurance vie affecte d’autres droits », a dit Amon Ngavetene, coordinateur de l’Unité sida du Legal Assistance Centre (Centre d’aide juridique, LAC en anglais), une organisation à but non lucratif dédiée à l’assistance juridique en Namibie.

Le LAC a exhorté le gouvernement namibien à voter une loi interdisant aux compagnies d’assurance de pratiquer une discrimination envers les personnes vivant avec le VIH. Cette requête est pour l’instant restée sans effet.

M. Ngavetene a indiqué que les personnes séropositives étaient victimes de discrimination même après leur mort. Les individus ayant souscrit une assurance vie et ayant omis de signaler à leur compagnie d’assurance leur séropositivité courent le risque de voir leurs polices invalidées s’il est indiqué sur leur certificat de décès qu’ils ont succombé à une maladie liée au sida.

« Une personne peut avoir cotisé pendant une quinzaine d’années, puis à sa mort, sa famille peut ne rien percevoir », a déploré M. Ngavetene. « C’est une démarche anticonstitutionnelle, mais qui est très difficile à remettre en cause compte tenu des clauses du contrat ».

Les compagnies d’assurance du Botswana, elles aussi, demandent à leurs clients potentiels de faire un test de dépistage du VIH, mais Linny Keorapetse, agente d’assistance juridique auprès du Botswana Network on Ethics, Law and HIV/AIDS (Réseau botswanais sur l’éthique, le droit et le VIH/SIDA, BONELA en anglais) a précisé qu’au moins une compagnie d’assurance, Metropolitan Life, acceptait de couvrir les personnes séropositives, mais à un prix beaucoup plus élevé.

Les personnes dont les tests de dépistage se sont révélés négatifs doivent refaire le test tous les cinq ans. Lorsqu’un test est positif, le contrat d’assurance vie se transforme automatiquement en simples économies.

« Une personne peut avoir cotisé pendant une quinzaine d’années, puis à sa mort, sa famille peut ne rien percevoir  »
La Constitution botswanaise ne prévoit pas de droits socio-économiques, ce qui aurait pu servir de fondement pour un procès en justice, a expliqué Mme Keorapetse. « La seule chose que nous puissions faire est dénoncer [cette injustice] haut et fort ; nous pouvons rappeler qu’il s’agit d’une forme de discrimination, dans la mesure où c’est le seul test médical exigé [par les compagnies d’assurance], alors qu’il existe des maladies plus à risque ».

Avec un adulte sur quatre vivant avec le virus, le Botswana affiche le deuxième taux de prévalence du VIH le plus élevé au monde, mais il dispose également d’un des programmes de lutte contre le VIH les plus étendus de la région. En effet, près de 90 pour cent des personnes ayant besoin d’un traitement y ont accès gratuitement. « De nos jours, les personnes vivant avec le VIH qui suivent un traitement peuvent vivre 20 années supplémentaires », a souligné Mme Keorapetse.

Une démarche différente

Au lieu de prendre des mesures discriminatoires à l’égard des personnes séropositives, Ross Beerman, directeur et co-fondateur de AllLife, une compagnie sud-africaine, a décidé de tirer profit de ce créneau en se spécialisant dans les polices d’assurance vie destinées aux personnes vivant avec le VIH.

« Habituellement, les prix des polices sont établis en fonction des comportements passés… chez nous, les prix sont établis en fonction des comportements futurs : si vous êtes séropositive, la manière dont vous vous êtes comporté par le passé ne nous importe pas vraiment, ce qui nous importe, en revanche, est que vous restiez en bonne santé », a-t-il dit.

Les clients doivent s’engager à faire régulièrement des tests sanguins et à débuter un traitement ARV dès que leur taux de CD4 [qui permet d'évaluer la résistance du système immunitaire] passe sous la barre des 200. Une fois qu’un client débute une thérapie ARV, AllLife surveille minutieusement son observance au traitement en établissant des liens avec les fournisseurs de soins de santé et en envoyant régulièrement des SMS au client pour lui rappeler la date d’un rendez-vous, ou pour le rappeler à l’ordre lorsqu’un rendez-vous a été manqué.

Les primes sont entre deux et cinq fois plus élevées que les polices d’assurance vie classiques (un versement mensuel moyen d’environ 40 dollars permet d’obtenir une couverture de 40 000 dollars), mais elles peuvent permettre d’obtenir un prêt immobilier ou de monter une entreprise.

En outre, être en mesure de souscrire une assurance semble avoir un effet positif sur la santé. « Simplement parce qu’ils deviennent nos clients, ils se font suivre régulièrement », a rappelé M. Beerman. « Leur état de santé s’améliore d’environ 15 pour cent en six mois. En réalisant qu’ils peuvent avoir une influence sur leur espérance de vie, ils commencent à adopter des comportements plus sains ».

Au Botswana, les personnes séropositives sont, au contraire, incitées à souscrire des assurances funéraires ou à se joindre à des sociétés funéraires. « A l’heure actuelle, aucune compagnie d’assurance n’offre des contrats d’assurance vie spécifiquement destinés aux personnes séropositives », a dit Mme Keorapetse.

AllLife s’appuie sur des systèmes administratifs et informatiques assez sophistiqués afin de pouvoir opérer efficacement – des systèmes que peuvent difficilement copier les pays moins développés de la région, où, par exemple, les résultats de tests sanguins ne sont pas saisis par informatique. Pourtant, a dit M. Beerman, les personnes séropositives ont le droit de participer « normalement » à l’économie nationale.

ks/he/cd/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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