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Trop pauvres pour passer des examens

Kids in class UNICEF
Au Zimbabwe, malgré des initiatives visant à sauver un secteur éducatif mal en point, des frais exorbitants empêchent beaucoup d’élèves défavorisés de passer les examens qui leur permettraient d’obtenir un diplôme de fin de scolarité à la fin de l’année 2009.

Une étude menée récemment par le Syndicat des enseignants progressistes du Zimbabwe (PTUZ) a révélé que jusqu’à 75 pour cent des 300 000 enfants qui étaient en mesure de passer leur Ordinary Level (O-Level, comparable au Brevet des collèges) et leur Advanced Level (A-Level, comparable au Baccalauréat) en novembre ne s’étaient pas inscrits à ces examens avant la date limite.

Raymond Majongwe, président du PTUZ, a expliqué que les élèves devaient passer huit matières pour l’examen du O-Level, chaque matière coûtant 10 dollars, et six matières pour le A-Level, chaque matière coûtant 15 dollars, ce qui représente une dépense inabordable pour la plupart des parents ou des tuteurs.

« La situation est catastrophique. Les enfants scolarisés en zone rurale et les élèves des écoles agricoles sont les plus affectés, ceux venant des quartiers pauvres des zones urbaines représentant également une partie importante des victimes », a dit M. Majongwe à IRIN.

D’après un communiqué du PTUZ, le nombre d’étudiants qui n’ont pas pu payer les frais d’inscription aux examens « n’a jamais été aussi élevé que cette année ».

L’hyperinflation, de graves pénuries alimentaires, des épidémies de choléra et une grève des professeurs qui a duré près d’un an en 2008 : autant de facteurs qui ont contribué à la dégradation quasi générale d’un système éducatif déjà fragilisé par les crises économiques et politiques qu’avait connu le pays. Le niveau de l’enseignement a considérablement décliné.

« Nous avons l’impression de revenir à l’ère précoloniale, époque où l’éducation était un privilège réservé aux riches élites – les pauvres sont progressivement exclus du système, alors que l’objectif devrait être d’assurer une éducation universelle », a déclaré M. Majongwe.

« Nous avons l’impression de revenir à l’ère précoloniale, époque où l’éducation était un privilège réservé aux riches élites. »
Pas de délai supplémentaire

David Coltart, ministre de l’Education et des sports, a annoncé que la date limite d’inscription aux examens, fixée au 25 septembre, serait maintenue, car accorder un délai supplémentaire retarderait le planning établi et perturberait le processus d’impression des sujets d’examens.

D’après le Herald, le journal officiel, M. Coltart s’est dit « extrêmement préoccupé, car certains enfants n’auront pas la chance de passer leurs examens finaux alors qu’ils travaillent dur depuis probablement quatre ou cinq ans ».

M. Majongwe a demandé au gouvernement d’autoriser tous les élèves à passer les examens, « et de leur laisser le temps de payer les frais d’inscription, en convenant que leurs résultats ne leur [seraient] communiqués qu’une fois qu’ils [auraient] réglé la somme ».

Le symptôme d’un mal plus profond

Depuis la formation du gouvernement de coalition en février 2009, les fonctionnaires, dont les enseignants, sont payés en devises étrangères, ce qui leur permet de ne pas subir les effets de l’hyperinflation. Le secteur éducatif a ainsi pu retrouver une certaine stabilité, mais il reste néanmoins confronté à des difficultés colossales.

« Le système éducatif du Zimbabwe, qui était autrefois pris pour modèle en Afrique, continue à être confronté à de nombreuses difficultés. Le secteur ayant vu ses financements publics décliner fortement au cours des 10 dernières années, la plupart des écoles n’ont pas les moyens d’acheter ne serait-ce que le matériel pédagogique de base, tel que des manuels ou de la papeterie », a indiqué un récent communiqué du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

Il n’est pas rare que 10 élèves se partagent un seul et même manuel scolaire, et malgré des mesures prises par le gouvernement en février 2009 pour réduire considérablement les frais de scolarité, du fait de l’aggravation de la pauvreté, dans certaines zones, même le coût réduit d’une inscription aux écoles publiques reste inabordable pour des milliers d’enfants, qui sont donc privés de l’accès à l’éducation.

De plus en plus d’enfants interrompent prématurément leur scolarité : « près de 50 pour cent des écoliers du primaire ne vont pas à l'école secondaire », d’après le communiqué de l’UNICEF.

Un directeur d’école de Chitungwiza, une ville située à environ 30 kilomètres d’Harare, la capitale, a dit à IRIN que dans son établissement, sur plus de 1 000 élèves, 80 pour cent n’avaient pas payé les frais de scolarité depuis janvier.

« Sur les centaines d’élèves qui ont payé les frais d’inscription aux examens du O-Level, seulement 16 se sont inscrits pour cinq matières ou plus. Pire encore, je ne vois aucune raison pour que la situation s’améliore l’année prochaine, à moins que nous n’assistions à une reprise exceptionnelle de l’économie ».

M. Majongwe a déclaré que, bien que cela soit peu probable, il espérait encore qu’une partie des 70 millions de dollars du Fonds de transition pour l'éducation (Educational Transition Fund), créé mi-septembre par le gouvernement, l’UNICEF et les bailleurs internationaux, serait utilisée pour donner leur chance aux élèves marginalisés.

fm/tdm/he/il/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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