Kadiatou Barry, 21 ans, est enceinte pour la première fois. Elle est venue chercher des soins au centre de santé gouvernemental de Gabu, une ville isolée située à 200 kilomètres au nord-est de la capitale, Bissau. Le médecin a dit qu’elle faisait de l’hypertension et de l’anémie, ce qui peut entraîner des risques tant pour l’enfant que pour la mère.
Mais Mme Barry pourrait surmonter ces risques, car elle est l’une des plus de 800 femmes enceintes orientées au cours des trois dernières années vers la « Maison des mères », un établissement résidentiel mis sur pied au centre de santé de Gabu pour venir en aide aux femmes qui présentent des risques de complications pendant la grossesse.
La Maison des mères s’inscrit dans un projet plus vaste appelé Maternity without Risks (maternité sans risques), géré par l’organisation non gouvernementale (ONG) Catholic Relief Service (CRS) en collaboration avec le ministère de la Santé de la Guinée-Bissau et le réseau d’ONG catholiques Caritas. Le projet vise à réduire les taux de mortalité infantile et maternelle du pays en offrant des soins aux femmes à risque le plus tôt possible avant que les complications potentiellement dangereuses ne surviennent, a indiqué le coordinateur de projet, Serifo Embalo.
Des examens réguliers et des interventions relativement simples comme l’apport de moustiquaires imprégnées pour les lits et d’aliments riches en fer peuvent sauver la vie de ces mères, a dit l’UNICEF.
Mais, en Guinée-Bissau, la plupart des décès de mères surviennent parce que les complications ont été diagnostiquées trop tard, a indiqué Guy de Araújo, représentant du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) à Bissau.
Aiguillées trop tard vers les centres de santé
En Guinée-Bissau, deux tiers des femmes accouchent à la maison et ne se rendent pas régulièrement dans les centres de santé. Elles ne le font que lorsque leurs problèmes sont devenus trop sérieux, d’après l’UNFPA.
Photo: Felicity Thompson/IRIN |
Idiatou Sadjo Diallo, 26 ans, a déjà perdu ses deux premiers bébés. Enceinte de son troisième, elle est maintenant suivie à la Maison des mères |
Maternity without Risks gère également une clinique mobile qui circule dans 16 villages afin d’offrir aux femmes enceintes des consultations gratuites et de former des volontaires de la communauté pour identifier les mères à risque afin de les aiguiller le plus tôt possible vers les centres de santé.
Selon l’UNICEF, l’un des problèmes les plus courants sont les complications provoquées par la malnutrition chronique. L’anémie qui en résulte peut entraîner une hémorragie.
« Imaginez une jeune fille qui a toujours été mal nourrie. Cela signifie qu’elle est petite, qu’elle a une grossesse difficile, qu’elle est anémiée. Elle peut facilement mourir d’une hémorragie », a indiqué Silvia Luciani, représentante de l’UNICEF en Guinée-Bissau.
Au centre, les femmes se voient offrir trois repas équilibrés par jour, une supervision médicale régulière et des kits de naissance. « C’est comme un hôtel pour femmes enceintes », a dit M. Embalo. « Dans les villages, les conditions sanitaires pour les accouchements ne sont pas idéales. À la Maison des mères, tout est propre et stérile et chaque femme a son propre lit équipé d’une moustiquaire imprégnée ».
Mme Barry a dit apprécier son séjour au centre : « On obtient beaucoup de soutien ici ».
Avec son centre jumeau de Bafata, à 50 kilomètres de là, la Maison des mères a pour objectif de traiter 2 000 femmes par an. Quand les centres sont pleins, les patientes sont envoyées à l’hôpital de Gabu qui, en juin 2009, a ouvert un bloc opératoire avec l’aide de l’UNFPA et du gouvernement portugais.
Amélioration des taux de survie
À Gabu et à Bafata, des donnée provisoires indiquent déjà des meilleurs taux de survie chez les femmes qui ont fréquenté la Maison des mères que chez celles qui n’y sont pas allées, a dit à IRIN Mawo Fall, responsable des projets de santé du CRS pour la Guinée-Bissau.
« Les autres femmes arrivent très tard », a indiqué Gabriel Minkibam, responsable de la seule maternité de la région de Gabu. « Elles ne sont pas suivies pendant les neuf mois de leur grossesse et arrivent ici avec trop de complications. Ce sont elles qui perdent leur bébé ».
Toutefois, à l’hôpital public, les médicaments pour déclencher le travail et les équipements pour des opérations d’urgence comme les césariennes sont toujours difficiles à obtenir, a-t-il noté. En pointant une femme sur un lit de camp, il a ajouté : « cette femme aura peut-être besoin d’une intervention, mais je n’ai plus de kits de césarienne ».
Dans la salle suivante, quatre femmes sont allongées sur des lits de camp et regardent dans le vide, apathiques. Elles sont toutes arrivées au centre avec des complications graves et trois d’entre elles viennent de perdre leur bébé.
À la Maison des mères, Idiatou Sadjo Diallo, 26 ans et enceinte de son troisième enfant, a beaucoup d’espoir. « J’ai perdu mes deux premiers bébés. La première fois, je me suis fait avorter et la seconde, j’ai accouché à l’hôpital mais le bébé était mort-né. Je suis inquiète pour le troisième, mais j’espère que cette fois-ci, tout va bien aller ».
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