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Quand les policiers sont les voleurs

Zimbabwean riot police approach a man accused of jumping a queue to buy opaque beer in Harare. IRIN
On observe, parallèlement à la disparition du dollar zimbabwéen et à son remplacement par des devises étrangères, une multiplication des crimes avec violence, en particulier de ceux perpétrés par des policiers.

L’inflation galopante – selon des sources non officielles, les pourcentages annuels se chiffraient en trillions - a conduit en avril 2009 au retrait de la circulation de la devise locale, et à son remplacement officiel par des devises étrangères telles que le rand sud-africain, le pula du Botswana et le dollar américain.

Un officier en service de l’armée nationale du Zimbabwe a dit à IRIN, sous couvert d’anonymat, que les jeunes soldats et les policiers en venaient au crime par désespoir, car ils étaient confrontés aux mêmes difficultés économiques que la plupart des habitants du pays. Cependant, contrairement aux Zimbabwéens sans uniforme dont 94 pour cent sont sans emploi, selon les estimations, les soldats et les policiers bénéficient comme tous les fonctionnaires d’un salaire mensuel de 100 dollars américains.

« Ils ont vu que les policiers plus gradés conduisaient des voitures de luxe, obtenaient du carburant gratuit pour leurs multiples fermes, et d’autres avantages. Les soldats et les policiers n’ont pas d’autres compétences qui leur permettraient de gagner un peu plus d’argent : tout ce qu’ils peuvent faire, c’est utiliser leurs armes, mais quand ils s’habituent à ce style de vie, ils peuvent facilement devenir des seigneurs de guerre », a dit cet officier.

« Sur le plan de la sécurité, cela signifie qu’il existe des armées souterraines, ce qui peut même menacer la sécurité nationale car personne ne sait combien elles sont ni combien d’armes elles détiennent », a-t-il commenté.

Fin 2008, alors que l’hyperinflation atteignait des sommets, les soldats se sont livrés à des pillages à Harare, la capitale, en échange de sommes modiques ou sans aucune contrepartie. Ils étaient payés en monnaie locale, mais les retraits en banque étaient plafonnés à 500 000 dollars zimbabwéens (0,25 dollar américain) par jour. Des soldats ont également attaqué Roadport, une station de bus régionaux d’Harare, lieu de rendez-vous du change de monnaie, pour y voler des devises locales et étrangères.

« Nous croyons qu’une fois que toutes les armes seront rendues, nous serons capables de gérer et de contrôler la multiplication des vols à main armée impliquant d’anciens membres ou des membres actuels de la police et de l’armée »
Des prix élevés

Dumisani Muleya, journaliste politique, à dit à IRIN que depuis début 2009, les journaux locaux étaient saturés de titres tels que : « Quatre inspecteurs accusés de vol », ou encore « Bank Heist : deux flics au banc des accusés », qui illustraient la tendance du personnel des forces de sécurité à recourir au crime.

L’utilisation du dollar a rendu les biens et les services plus accessibles, mais à des coûts élevés, ce qui « a conduit certains éléments malhonnêtes, au sein [des forces de] sécurité, à utiliser le vol à main armée comme moyen de s’assurer des revenus supplémentaires… Cela crée un climat d’insécurité et d’instabilité », a expliqué ce journaliste.

Les nombreuses guerres livrées dans la région, par exemple en République démocratique du Congo ou au Mozambique, pays voisin, ont permis aux criminels de se procurer des armes plus facilement, tout comme les politiques instituées par le gouvernement de Robert Mugabe avant le pacte de partage du pouvoir qui a mené à la formation d’un gouvernement d’unité nationale en février 2009.

Giles Mutsekwa – du principal parti d’opposition, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) - qui, conformément aux conditions prévues par le pacte, est à la tête du ministère de l’Intérieur aux côtés de son homologue du parti au pouvoir ZANU-PF, a expliqué à IRIN que certains éléments malhonnêtes utilisaient des armes provenant du gouvernement pour perpétrer des vols à main armée, mais selon lui, le gouvernement est en passe de « dominer la situation, et la population et les visiteurs ne doivent pas s’inquiéter ».

Distribution d’armes

Durant la période électorale 2008, placée sous le signe de la violence, le personnel de sécurité du gouvernement s’est vu distribuer des armes, l’objectif de l’opération étant d’intimider la population pour l’inciter à voter pour le ZANU-PF.

« Nous avons lancé un processus visant à vérifier que toutes les armes distribuées soient rendues, et nous procédons en ce moment à un inventaire exhaustif de toutes les armes présentes dans le pays », a dit M. Mutsekwa. « Nous croyons qu’une fois que toutes les armes seront rendues, nous serons capables de gérer et de contrôler la multiplication des vols à main armée impliquant d’anciens membres ou des membres actuels de la police et de l’armée ».

M. Mutsekwa a indiqué qu’il existait également des inquiétudes au sujet des jeunes ayant fait partie du National Youth Service, une milice de jeunesse pro-ZANU-PF qui dispensait un enseignement des « valeurs nationales » et un entraînement militaire comprenant probablement l’apprentissage du maniement des armes à feu.

« Nous avons identifié depuis longtemps le danger potentiel que représentent les anciens membres du Youth Service s’ils continuent à vivre sans emploi et dans une pauvreté abjecte, et cela fait aussi partie des préoccupations de notre ministère, qui est en charge des questions de sécurité ».

dd/go/he/il/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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