Telles sont les conclusions d’une nouvelle étude intitulée Moving Beyond Gender as Usual, effectuée par le Centre for Global Development (CDG) basé à Washington.
Fondée sur des entrevues menées auprès de donateurs, de représentants de gouvernements et d’organismes bénéficiaires au Mozambique, en Ouganda et en Zambie, l’étude visait à déterminer les activités liées au genre proposées par le Plan d’aide d’urgence du président américain à la lutte contre le sida (PEPFAR), le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, et le Programme plurinational de lutte contre le VIH/SIDA (MAP) de la Banque mondiale.
Des chercheurs du programme de suivi VIH/SIDA du CDG et du International Centre for Research on Women ont étudié la manière dont ces trois bailleurs de fonds incorporaient la question du genre dans leurs politiques et dans quelle mesure ils mettaient en pratique et surveillaient ces politiques.
En Afrique subsaharienne, 61 pour cent des personnes séropositives sont des femmes, contre 33 pour cent dans les années 1980. Les auteurs de l’étude soutiennent que l’inégalité des genres entrave grandement les efforts visant à stopper l’épidémie et alimente la propagation du virus dans la région, en rendant les femmes vulnérables à la violence sexuelle, en réduisant leurs capacités à négocier des rapports sexuels protégés et en limitant leur accès aux services de santé, d’éducation et d’emploi.
Bien que le PEPFAR, le Fonds mondial et le MAP aient tous pris d’importants engagements afin de résoudre les problèmes liés à la question du genre dans le cadre de leurs programmes, ces engagements n’ont « pas encore entraîné des actions systématiques et concrètes sur le terrain. »
Le PEPFAR fournit le financement de la majorité des programmes VIH/SIDA menés dans les trois pays et il a soutenu quelques recherches et programmes novateurs. Toutefois, ses programmes portant sur la question du genre ne tiennent pas compte des conditions locales ou des besoins spécifiques du pays. En outre, l’accent du PEPFAR mis sur les résultats à court terme ne s’accompagne pas des investissements à long terme nécessaires à un changement social.
« Nous ne nous penchons pas uniquement sur le VIH/SIDA ; nous étudions également les effets sociaux de l’épidémie. En conséquence, nous avons demandé [à notre bailleur de fonds] de pouvoir utiliser l’argent pour financer des programmes d’éducation et de [micro]crédit. Je ne pense pas que cela soit l’un de leurs intérêts », a déclaré un responsable d’un programme de prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant financé par le PEPFAR en Ouganda.
Lisez plus | |
Les vrais hommes ne pleurent pas – ou peut-être le font-ils ? | |
De meilleurs soins d’urgence pour les victimes de viols – MSF |
Bien que le Fonds mondial ait mis en place une nouvelle stratégie sur l’égalité des genres en 2008, ses Mécanismes de coordination dans les pays – organes nationaux qui supervisent les subventions accordées par le Fonds mondial – manquent toujours de connaissances et d’expérience sur le sujet. En outre, les indicateurs liés à la question du genre ne sont pas pris en compte dans le processus de suivi et d’évaluation des subventions.
L’étude estime que la Banque mondiale fait figure de meilleur élève dans la promotion de l’égalité des genres. En effet, les cycles quinquennaux de l’organisme permettent de soutenir des interventions à long terme en faveur d’un changement social, en finançant notamment les ministères chargés de la question du genre et les initiatives communautaires. En revanche, le manque de responsabilisation dans le secteur des programmes liés à la question du genre était l’un des points faibles de la Banque mondiale.
Les auteurs de l’étude exhortent les trois bailleurs de fonds de collaborer sur la question du genre afin de tirer profit de leurs forces individuelles et d’éviter la duplication des efforts. Ainsi, une telle collaboration devrait aider les pays à établir des objectifs liés à la question du genre dans leurs programmes de lutte contre le VIH/SIDA, et à partager le résultat des recherches et leur savoir en matière de programmes novateurs et efficaces sur la question.
« Alors que le PEPFAR, le Fonds mondial et le MAP ressentent les effets de la crise économique mondiale, ils seront invités à faire plus avec moins de moyens », ont souligné les auteurs de l’étude. « Une importante façon d’accroître le succès des programmes des donateurs serait de résoudre l’inégalité des genres qui entrave la prévention, le traitement et les soins. »
ks/he/cd
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions